Wong Jing, le dieu du recyclage, du cinéma populaire et parfois du mauvais goût, nous a accordé un long entretien.

| Auteur : Thomas Podvin |
| Date : 10/12/2007 |
| Traducteur :Thomas Podvin |
Les prises de rendez-vous pour des entretiens avec les acteurs, au sens large, de l’industrie cinématographique hongkongaise réservent en général des surprises. C’est la roulette russe. On peut être vite servi et accueilli, en moins de 24 heures, ou au contraire, laissé pour compte des semaines avec une remise des rendez-vous ad vitam æternam. Cela reste compréhensible quand on sait à quel point les réalisateurs, acteurs et producteurs locaux sont encore fort occupés, malgré une baisse quantitative et qualitative de la production filmique annuelle.
Quand nous avons contacté Mega-Vision Pictures (MVP), la société de production de Wong Jing, pour une interview, nous ne nous attendions pas à un miracle. La surprise a été grande. Non seulement, la demande a été traitée avec le plus grand sérieux, mais Wong Jing nous a casé au plus vite dans son emploi du temps ultra chargé, après son retour à HK d’un voyage d’affaire.
A notre arrivée à Kwun Tong, dans les locaux discrets et sécurisés de MVP, Angela, la sœur de Wong (au gabarit familial) et productrice de plusieurs de ses films, fut très accueillante et prévenante. Wong Jing lui-même fut sérieux comme un pape. Le réalisateur de High Risk, Boys Are Easy, Future Cops et Raped By An Angel est professionnel, ouvert, franc et prêt à répondre à toutes nos questions.
Avec sa logique imparable, Wong explosa gentiment toutes les idées préconçues que l’on avait de lui, et que probablement bons nombres de fans avaient aussi. Wong est un professionnel qui envisage son métier de façon sérieuse. II ne cherche ni le glamour, ni la fortune, ni les jolies filles, bien que ses films commerciaux puissent laisser penser le contraire. C’est très étrange comme sentiment. Pour Wong, il est un travailleur normal dans une industrie normale. Mais vu du côté des spectateurs cette industrie engendre, du divertissement, des stars, révèle des potins et enrichit certains chanceux. Wong semble complètement au-dessus de tout cela.
Il sait pertinemment qu’un film doit faire de l’argent pour contenter les financiers, et il ne s’en excuse pas. Wong se dit expert dans le film commercial mais débutant lorsqu’il s’agit d’art et essai. Son but ultime étant de faire plaisir au spectateur local (il ne fait pas de films pour l’export), avec une budget moyen ou petit. Sur un tournage, il souhaite avant tout passer un bon moment avec son équipe et ses acteurs. S’il tient à toujours rentrer dans les frais d’un moyen budget, il ne cherche jamais le gros hit qui l’enrichira d’un coup.
Ses films, aussi débiles qu’ils puissent être, sont faits d’une façon la plus économique possible et de manière raisonné (il est LE SEUL à utiliser les études de marché et les chiffres) pour attirer le plus grand nombre de spectateurs. En entertainer (amuseur), Wong est le cinéaste de films populaires par excellence avec ses comédies, ses mélos à l’eau de rose ou ses films violents et parfois tout en même temps dans un joyeux foutoir cinématographique. Il y a du bon dans sa filmo, mais aussi du mauvais et du très mauvais. Le point commun entre tous ses films est que l’on passe toujours au moins un moment agréable et divertissant (que ce soit 1 minute ou 90 minutes). Le grand n’importe quoi made in Wong Jing a déjà conquis de nombreux fans à travers le monde.
Cinéphile et cinéphage, Wong a commencé dans le cinéma il y a plus de trente ans. Grand ami de Chu Yuan, il a appris à ses côtés à contrôler les acteurs et actrices et à négocier avec les producteurs. Au fil des ans, il a développé des genres devenus incontournables, comme la comédie non-sensique « moleitau » avec Stephen Chow (Fight back to School) ou le film de jeux d’argent avec Chow Yun Fat (God of Gamblers). Il a aussi exploité pas mal le filon Category III et les jeunes filles à forte poitrine et le moins vêtu possible.
Wong a aussi souvent intégré dans ses films beaucoup d’aspect de la culture populaire de HK et même mondiale, des jeux vidéo aux mangas, en passant par les publicités locales ou les films nationaux et internationaux. Les scènes de films cultes « volées » se retrouvent en pagaille chez Wong, deTerminator 2 à Basic Instinct… au grand dam de certains. Mais Wong, le dieu du recyclage, et parfois du mauvais goût, s’en fout. Il ne s’excuse pas et reste l’homme le plus insouciant de HK. Un homme à la grande gueule. Ce qui lui a quand même valu des côtes cassées (certains déboires avec les triades sont de notoriété publique, alors que d’autres lui prêtent des relations plus étroites avec celles-ci).
Certains de ces points ont été évoqués lors de notre entretien qui a duré prés d’une heure. A peine les questions finies et les deux photos prises, l’homme a sauté dans la pièce d’à côté pour enchaîner sur une réunion de production. Il ne perd pas de temps le bougre. Le temps reste toujours de l’argent à HK.
De la télé à la Shaw Brothers
Est-ce que votre père Wong Tin-lam, un ancien réalisateur de cinéma réputé, vous a aidé à devenir réalisateur ?
Non, en fait j’ai commencé ma carrière sans faire équipe avec mon père. J’ai ainsi débuté en écrivant pour un spectacle de variétés et comme scénariste pour des comédies à la télévision. Après cela je suis devenu scénariste pour des séries télé en tous genres. Ensuite, après beaucoup de shows télés populaires, j’ai débuté dans le cinéma et ai réalisé des films depuis 1980. J’ai commencé comme scénariste, ensuite je suis passé directement à la réalisation. Je n’avais pas le temps d’être assistant réalisateur (AR). Normalement à Hong Kong, vous devenez réalisateur après avoir été AR. Mais parfois un acteur ou un chorégraphe célèbre peut devenir réalisateur [directement].
Wong Tin Lam, le papa de Wong Jing entouré de Tony Leung Chiu Wai et Lam Suet dans The Longest Nite
Mon premier film fut The Challenge of the Gamesters produit par la Shaw Brothers. Après cela, j’ai réalisé presque 90 films et produit plus de 150 titres, et j’en ai écrit beaucoup d’autres.
En réalité, je n’ai pas été l’élève de mon père [Wong Tim Lam est par contre le mentor de Johnnie To et de Ringo Lam, ndr]. Je n’ai jamais rien appris de lui. J’ai appris par moi-même et auprès d’autres réalisateurs. J’ai aussi beaucoup appris des films d’autres réalisateurs tels que Chu Yuan. Mais je n’ai pas été son élève. J’ai regardé les films de Chu Yuan et parfois je posais des questions, comme : « Pourquoi faites-vous comme cela ? » ; « Quel est votre but ? » ; « Comment faites-vous cela ? » Ce genre des choses.
Avez-vous travaillé sur certains films de Chu Yuan ?
Je faisais mes propres films et il faisait les siens au même moment. Je le respectais, donc il m’aimait bien. Nous restions toujours ensemble pour discuter. En fait il m’a appris beaucoup de choses, mais surtout la politique dans l’industrie du cinéma. Pas la partie technique mais les pratiques du métier : comment rester dans ce milieu, comment duper ses acteurs et des investisseurs.
Wong Jing à droite dans The Challenge of the Gamesters, le premier film de jeux du réalisateur
Vous avez différents métiers : réalisateur, écrivain, producteur, etc. Quel aspect de l’industrie du cinéma préférez-vous ?
Cela ne fait aucune différence. Tout dépend de ce dont la société de production a besoin.
Wong Jing, l’homme d’affaires
Les gens pensent que vous savez ce qui pourrait marcher au box office et que vous êtes très perspicace dans cette industrie. D’où cela vient-il ?
n fait c’est juste du marketing. Les gens qui travaillent dans le cinéma de HK ne croient pas au marketing. J’y crois depuis que j’ai commencé ma carrière. Parce que j’ai été cadre à la télévision. J’ai commencé à étudier les rapports sur les taux d’audimat à l’âge de 21 ou 22 ans. Donc je crois beaucoup à cet aspect là. Mais il est difficile de faire du marketing pour des films. Premièrement, les investisseurs ne veulent donner les chiffres qu’aux gens comme Run Run Shaw et Raymond Chow. Ils ne veulent pas que les secrets soient révélés à toutes les personnes de l’industrie du cinéma. Ils conservent jalousement les vrais chiffres. Donc beaucoup de personnes du monde du cinéma ne connaissent pas l’importance du marketing pour un film. Je peux seulement le faire pour moi-même. Et j’interagis toujours avec les distributeurs et exploitants de salles de cinéma.
Donc je fais les recherches moi-même. Je pense que le marketing est le plus important. Vous devez comprendre comment rentre l’argent et comment le public choisit le film. Ensuite vous avez la bonne information pour planifier votre projet suivant.
Vous reprenez parfois des éléments de films américains à succès et en faites des parodies comme Terminator et Basic Instinct.
Oui, parfois ça m’arrive.
Ng Man-tat se prend pour Terminator dans Fight Back to School
Vous êtes un vrai mordu de cinéma ?
En fait, je regarde 7 à 10 films par semaine sur tous formats, sur DVD essentiellement, au cinéma parfois et sur des chaînes de cinéma du câble.
Art Vs Business
Les critiques ne s’intéressent qu’à des réalisateurs chinois prestigieux comme Wong Kar-wai ou Zhang Yimou. Ils distinguent les films d’art des films commerciaux et divertissants, que pensez-vous de cette classification ?
Je n’en ai aucune idée. C’est comme un type qui aime sprinter sur 100 m et un type qui aime le marathon. Ce sont des catégories différentes.
Le style Wong Jing version dénudée
Vous ne seriez pas intéressé par les films d’art et essai ?
Non, parce que je ne suis pas un professionnel dans cette catégorie. Je fais des films commerciaux. Si je fais un film d’art, je suis un amateur, pourquoi devrais-je faire un film d’amateur ?
Et si Zhang Yimou et Wong Kar Wai veulent faire un film commercial ? Peuvent-ils échouer ?
En général ils échouent. Prenez les trois derniers films d’action de Zhang Yimou [Héro, Le Secret des poignards volants, La Cité Interdite, ndr]. En fait il est juste resté là assis et Ching Siu-tung a tout fait. Zhang a laissé faire : il n’a rien fait sur le plateau.
Comment êtes-vous considéré dans l’industrie du cinéma hongkongais ? Comme un réalisateur mercenaire et commercial ?
Oui, et je m’en fiche. Je me soucie seulement des gens que je respecte. Tout les gens sans compétence peuvent dire n’importe quoi. N’importe qui peut écrire n’importe quoi dans un journal, dire n’importe quoi à la radio. Ils n’ont aucune responsabilité à prendre et ils n’ont besoin de personne pour leur donner l’autorisation ou la compétence pour dire cela. Alors pourquoi je devrais prendre ce qu’ils disent au sérieux ? Je n’en ai rien à faire.
Le plus important, c’est le résultat. Si j’établis un objectif et je l’atteins alors c’est un succès. Si je n’atteins pas mon but, alors j’ai échoué.
Le style Wong Jing version loufoque
Existe-t-il un style Wong Jingien?
Oui, bien sûr. Je suis sensible au marché et sais ce que je dois faire au mieux pour satisfaire la demande… et les investisseurs. La plupart des gens de l’industrie du film ne les prennent pas en compte.
Les réalisateurs, les acteurs, les critiques ne veulent en faire qu’à leur tête. S’intéressent-ils à ce que les investisseurs veulent ? C’est très égoïste en fait. Le réalisateur veut le cachet du réalisateur et obtenir un Oscar ou un Ours d’Or à Berlin ou autre. L’acteur veut être le meilleur acteur et obtenir un très gros cachet, le public veut de la passion dans le film, et les critiques veulent quelque chose sur lequel écrire. Mais ils ne tiennent jamais compte de l’investisseur.
Qu’en est-il de l’argent ? S’il investit 10 dollars pour n’en récupérer que 2, qui se soucie de lui? Si vous n’en avez rien à faire des investisseurs, les investisseurs n’en ont rien à faire de vous non plus.
Les gens sont tous égoïstes
C’est selon vous la raison pour laquelle le cinéma de HK a tant décliné ?
Non. Je l’ai souvent répété alors que la plupart des gens dans l’industrie ne veulent pas l’admettre : en fait c’est dû à la politique interne de l’industrie. Dans les années 1980 et 1990, le marché le plus important pour les films hongkongais était Taiwan. A l’époque, seul le marché de Taiwan pouvait procurer l’argent dont l’industrie de HK avait besoin. Un exemple avec un seul film : God of Gamblers 2. Ils [Taiwan] ont payé environ 3 millions de dollars US pour les droits, ce qui représentait presque 70 % du budget du film.
God of Gamblers 2
Taiwan n’est plus un marché juteux pour nous, c’est pourquoi les affaires ne vont pas bien en ce moment. Les gens sont si égoïstes qu’ils ne se sont jamais préoccupés des investisseurs de Taiwan. Beaucoup de choses se sont passées à l’époque [il n’insiste pas sur ces « choses », ndr], et au final, Taiwan a été perdu et le marché s’est effondré. Il n’y a donc plus de marché pour supporter les films de HK. Chaque investisseur doit donner suffisamment d’argent pour produire un film, alors qu’auparavant nous sollicitions Taiwan. C’était comme cela qu’il fallait faire.
Mais à présent il y a la Chine Continentale…
Ils ont tué le marché. En fait les gens de l’industrie du film de HK ont tué le marché de leur main.
Y-a-t-il une chance de le faire revivre ?
Non, je ne le pense pas. Il n’est pas possible de remonter le temps. Dans l’histoire de l’industrie du film, tous les pays tels que la France, l’Italie ou le Japon ont eu leur âge d’or, comme dans les années 1970 pour la France, et pour l’Italie avec de nombreux westerns spaghetti, qui ont été chacun des succès à cette époque. Quand ils ont atteint cet âge d’or et que ces industries commençaient à décliner, c’est difficile de se relever. C’était la même chose pour le Japon. Aussi je ne crois pas que HK pourra revenir aux années de son âge d’or.
Même s’il y a de plus en plus de co-productions entre HK et la Chine Continentale ?
Je ne pense pas. Pourquoi les films français ne deviennent-ils pas meilleurs, comme pendant l’époque d’Alain Delon ?
Oui, mais en ce moment, de plus en plus de films français ont du succès en France, peut-être pas à travers le monde, mais l’industrie n’est pas morte.
Oui, il y a aussi des films chinois qui ont du succès en Chine, mais pas à travers le monde. Parce que tous les pays veulent produire leurs propres films. Y compris en Thaïlande, au Japon et en Corée du Sud. Donc personne ne peut plus dominer le marché international comme un roi.
La combine à Wong Jing
Dans un tel contexte de marché, quelle est votre politique ?
HK est un marché trop petit. Donc il ne peut supporter toute la production. Si vous voulez qu’un film ait du succès seulement à HK et dans les marchés environnants, votre budget ne doit pas excéder 4 millions de dollars HK. J’ai réalisé beaucoup de films de ce type dans le passé, et chacun rapportait de l’argent. Le profit est d’environ 25% [de l’investissement]. Mais je fais en majorité des co-productions avec la Chine Continentale […] et des séries télé, ces dernières rapportant de l’argent.
Wong Ting Lam, le père de Wong Jing dans Beauty and the 7 Beasts
Les derniers films que vous avez réalisés, Beauty and the 7 Beasts et Bullet and Brain, étaient-ce des succès ?
Pas vraiment. Parce que dans Beauty and the 7 Beasts j’essayais de promouvoir une nouvelle actrice, Meng Yao. Elle sait jouer la comédie et elle est si sexy. C’est pourquoi je voulais la mettre en avant. Donc il est possible que son premier ou son second film ne rapporte pas d’argent, mais je veux voir avec le troisième film. Les gens la reconnaîtront et son nom sera devenu connu, par conséquent le box office devrait suivre.
Meng Yao dans Beauty and the 7 Beasts
Vous aimez promouvoir des actrices comme Chingmy Yau, Athena Chu… Pour quelles raisons ? Un manque de sang neuf dans l’industrie ?
Oui, bien entendu, l’apport de sang neuf reste important. Personne ne veut voir de visages laids ou de vieilles têtes en permanence.
Mais certaines personnes comme Andy Lau, sont présentes partout…
Pour les hommes, les choses sont différentes. Les hommes d’âge moyen sont si sexy et donnent aux femmes une impression de maturité, comme Andy Lau ou Tony Leung. Ils sont davantage séduisants maintenant qu’ils sont plus vieux. Ils sont plus attirants pour les femmes.
La comédie sauce cantonaise
Parlez-nous du « Mo lei tau », votre marque de fabrique de comédie absurde que vous avez établie avec Stephen Chow.
J’ai expliqué ceci plusieurs fois. « Moleitau » est un juron en cantonais. Les Cantonais ont coupé le terme le plus vulgaire après « moleitau ». En gros, cela signifie qu’ils ne comprennent pas. C’est parce qu’à ce moment-là, Stephen Chow et moi mettions beaucoup d’éléments provenant de mangas japonais dans les films.
Nous regardions des animés japonais après le travail et nous aimions beaucoup cela tous les deux. J’ai demandé à Chow de jouer comme les personnages des animés, de refaire les mouvements. A cette époque, la plupart des adultes ne regardaient pas les animés, exceptés Chow et moi. Donc les spectateurs ne savaient pas de quoi il s’agissait mais trouvaient cela si drôle. En fait, nous avons seulement ajouter des mouvements que l’on retrouve dans les mangas. Par exemple, les personnages font comme cela [Wong singe quelqu’un tombant au sol remuant ses bras et ses jambes]. Ce mouvement signifie qu’ils sont très surpris ou très en colère. Ou ils appuient leur visage sur le sol et tremblent comme ça.
Voilà, c’est ça le « moleitau ». Il n’y a rien à comprendre, mais le public trouvait cela très drôle. Donc ils utilisent le terme « moleitau » qui provient d’une expression qui comportent en fait quatre mots : « mo lei tau gau » ; « gau » signifiant pénis. Donc c’est comme s’ils disaient : « Quelle tête de noeud !», « Putain c’est quoi ça ? ».

Donc le genre vient de vous et Chow.
Oui, nous rions tous les deux en regardant les films d’animation. Nous trouvions cela hilarant, et jouer dans un film comme un personnage d’animé japonais était aussi très drôle.
Etiez-vous aussi influencés par d’autres acteurs comiques, comme Jim Carrey ?
En fait, je n’aime pas Jim Carrey.
Qu’en est-il de Michael Hui ?
Michael Hui Hui est bon. Il s’est inspiré de nombreux comédiens [cantonais] d’avant comme Leung Sing Bor.

Mais les films de Hui ne peuvent être classés comme « moleitau » ?
En réalité, ils empruntent des éléments du Saturday Night Live [Saturday Night Live est un programme de variété et de comédie am é ricain diffusé sur NBC depuis 1975, ndr], toutes les idées viennent de ce show, et Woody Allen, et quelques films dramatiques américains.
Si vous étudiez les shows du Saturday Night Live et Benny Hill et ces choses-là, vous pouvez y trouver les idées de Hui. [Hui dit lui-même s’être inspiré de Chaplin, Leung Sing Bor, Billy Wilder et Robert Wise, ndr].
Pensez-vous que pour le « moleitau » le meilleur acteur est Stephen Chow ?
En fait, je ne pense pas que le « moleitau » soit un terme pour définir un système. C’e st juste une impression que l’on dit après avoir vu nos films. Donc nous ne faisions pas spécialement de films « moleitau », nous avons juste fait des films avec ces élèments. Si les gens aimaient à les classer dans le genre « moleitau », ce n’était pas notre idée, pas notre intention initiale.
Une vie tranquille
Vous avez travaillé avec beaucoup d’acteurs, Chow Yun Fat, Andy Lau, Tony Leung Ka Fai… Avec lequel vous êtes-vous le mieux entendu et avez le mieux travaillé sur une comédie ?
: En fait, j’ai travaillé avec tout le monde. Stephen Chow me comprend le mieux. Nous nous connaissons trop bien. Alors au final, nous ne pouvons plus travailler ensemble.
[Wong et Chow ont collaboré sur environ 14 films dont: God of Gamblers 2, Tricky Brains, Fight back to School et Royal Tramp, ndr]
Stephen Chow, Elvis Tsui et Nat Chan dans Royal Tramp
Que pensez-vous des derniers films de Chow ?
J’ai préféré Shaolin Soccer. Pour Kung Fu Hustle (Crazy Kung Fu), la première heure et les 10 dernières minutes étaient mauvaises.
Avant, Chow avait l’habitude de sortir un film par mois, maintenant c’est un tous les 3 ans.
[C’est à cause de] la pression. C’est pourquoi j’ai arrêté d’essayer de grimper de plus en plus haut à chaque nouveau film. C’est ce que Chow fait, il veut aller de plus en plus haut, mais j’ai déjà abandonné. C’est de la torture, vous ne pouvez tirer aucun plaisir, aucune joie du film. Vous pouvez peut-être faire de l’argent mais je peux faire 10 films en 3 ans. Et il ne peut en faire qu’un.
Pensez-vous qu’il a un autre objectif, celui d’aller à Hollywood ou d’être reconnu dans le monde entier ?
Je pense que cela n’a pas de sens. Je préfère faire des choses de manière joyeuse, je ne veux pas avoir trop de pression sur les épaules. Je suis si heureux tous les jours. Je ne veux pas faire n’importe quoi avec mon cerveau. Je ne veux pas stresser. En fait, Chow est plus jeune que moi mais il a tellement plus de cheveux gris. Je crois que j’ai 7 ou 8 ans de plus que lui et il semble aussi âgé que moi ! [Wong a 52 ans et Chow a 45 ans, ndr]
L’acteur Simon Yam a dit qu’il aime vraiment travailler avec vous puisque l’ambiance est toujours détendue sur vos plateaux.
Je ne mets jamais la pression sur les acteurs ou sur l’équipe. Je veux juste que tout le monde apprécie la période de travail, qu’on soit heureux tous les jours. Peu importe le résultat du film au box office si nous passons tous un bon moment.
Simon Yam dans Future Cops
Vous êtes dans l’industrie depuis trois décennies maintenant. Comment évaluez-vous votre carrière ?
33 ans. Il y a eu beaucoup de choses que je n’ai pas aimées, mais j’ai essayé de ne pas toucher à ces choses. J’essaie juste de faire ce que j’aime. C’est ce que je fais. Je pense parfois aux aspects négatifs, mais n’y prête jamais trop attention.
Le Dieu du Jeu
Un genre pour lequel vous êtes célèbre est le film de jeux. God of Gamblers (Le Dieu du Jeu) étant le film votre film le plus célèbre. Pourquoi aimez-vous tant ce genre ? Vous êtes vous-même un joueur ?
En fait je connais toutes les formes de jeux mais je ne suis pas un accro. Je sais jouer, mais je ne l’ai jamais fait par habitude ou pour le loisir. Lorsque je pense que le moment est approprié, que ce sera amusant, alors je vais au casino. Mais si je suis trop occupé, et que je ne pense pas que ce soit le bon moment pour jouer, je laisse tomber.
Le jeu, c’est comme les courses de chevaux, c’est trop excitant. Vous devez y consacrer beaucoup d’énergie. Je ne crois qu’aux choses professionnelles et je suis un semi-pro dans certains domaines du jeu. Si vous êtes un professionnel, vous devez prendre du temps pour faire des préparations et le faire bien: vous mettre en bonne condition, ainsi vous pourrez gagner. Autrement vous distribuez seulement votre argent aux autres. C’est une chose stupide à faire. Si je ne pense pas être en bonne forme, je ne vais pas jouer.
un film de jeux de Cheng Kang
Dans God of Gamblers, comment vous est venue l’idée du personnage de Chow Yun Fat, Ko Chun?
Il vient d’un vieux film cantonais des années 1960, une sorte d’opéra traditionnel. C’est un film de [la légende de l’opéra cantonais] Yam Kim-fai, une très vieille actrice d’opéra. C’était une femme mais elle jouait toujours des rôles masculins. Elle jouait un type qui voulait devenir important au palais. Il fut roué de coups par une servante, qui prit ses biens et s’enfuya. Il perdit la mémoire et devint débile, l’idiot d’un petit village. Même les gosses pouvaient le maltraiter et lui botter le cul. Mais une femme tomba amoureuse de lui et l’épousa. Ensemble, ils eurent une fille.
Un jour, il est à nouveau frappé à la tête et il recouvre la mémoire, alors il retourne chez lui. Mais il a une clé dans la main et il ne peut se rappeler ce qu’elle ouvre. La femme tente de retrouver son mari qui ne se souvient pas d’elle et elle est si triste qu’elle repart. Mais la vieille servante le connait et tente de le ramener au village et lorsqu’il trouve sa maison, il ouvre la porte avec la clé, retrouve sa femme et se rappelle de tout. C’est l’idée originale qui a inspiré God of Gamblers.
Est-ce que ce fut inspiré par d’autres films, comme les films de jeu de Li Han-hsiang?
Non, en réalité je pense que Li Han Hsiang Li n’est pas un bon réalisateur de films de jeux. Cheng Kang, le père de Ching Siu-tung, est meilleur. Il est bon.
En fait, [le réalisateur canadien] Norman Jewison est mon « professeur ». En fait je suis l’un de ses plus grands fans, je le considère comme mon maître. J’aime la plupart de ses films, tels que In the Heat of the Night (1967), The Cincinnati Kid (1965), Jesus Christ Superstar (1973), Moonstruck (1987), Rollerball (1975). Ce sont tous des types de films différents, mais je suis ses pas. Je pense qu’un bon réalisateur peut faire toutes sortes de films.

The Beauty and the 7 Beast....
Wong Jing : le meilleur du pire
Wong Jing est un acteur-producteur-scénariste-réalisateur très prolifique. Les films étant très nombreux dans sa filmographie, nous vous proposons donc une sélection rapide et assez subjective sur les quelques oeuvres plus ou moins majeures où il apparait. Pour cela, nous les avons partagés selon l’activité :
Wong Jing réalisateur :
– Colour Of The Truth 2003
– A True Mob Story 1998
– High Risk 1995
– Hail The Judge 1994
– Boys Are Easy 1993
– City Hunter 1993
– Future Cops 1993
– Last Hero In China 1993
– Raped By An Angel 1993
– Royal Tramp 1 & 2 1992
– Tricky Brains 1991
– Casino Raiders 1989
– God Of Gamblers 1989
Wong Jing producteur :
– Wo Hu 2006
– Cheap Killers 1998
– Ebola Syndrome 1996
– Forbidden City Cop 1996
– Young And Dangerous 1, 2 & 3 1996
– Sixty Million Dollar Man 1995
– A Chinese Torture Chamber Story 1994
– To Live And Die In Tsimshatsui1994
– Naked Killer 1992
– Lee Rock 1 & 2 1991
– The Seventh Curse 1986
– Sex And Zen 2 1996 (Producteur exécutif)
Wong Jing scénariste :
– The Irresistible Piggies 2002
– Naked Weapon 2002
– The Tricky Master 1999
– Twinkle, Twinkle Lucky Star 1996
– The Romancing Star 1987
– New Tales of the Flying Fox 1984
– Legend Of A Fighter 1982
– Challenge Of The Gamesters 1981
– Dreadnaught 1981 (Histoire Originale)
BONUS HKCINEMAGIC : le trombinoscope de Wong Jing acteur :





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