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Début 2005, Thomas Podvin a eu l’incroyable opportunité de rencontrer la bête d’Ebola Syndrome, l’officier Wong d’Infernal Affairs, Anthony Wong Chau San. A la veille de partir sur un tournage en Chine continentale, M. Wong a eu la gentillesse de répondre à quelques questions dans le luxueux et impressionnant lounge du Ritz Carlton Hôtel de Central.
J’y vais, c’est tout
Les occidentaux connaissent Anthony Wong Chau-sang non seulement comme un acteur dément de Category III de premier choix -pour ce que vaut ce terme – mais aussi comme un comédien très versatile. Notre rendez-vous au Hong-Kong Ritz Carlton Hôtel est parti sur de mauvaises bases puisque j’attendais au mauvais endroit. Heureusement le personnel discret et attentionné du Ritz m’a permis de retrouver Anthony.
Interviewer celui qui est une star à l’étranger mais un simple rouage de l’industrie au sein de sa propre cinématographie fut extrêmement difficile et éprouvant. Non pas qu’Anthony fut désagréable, mais en l’absence de notre intermédiaire il s’est senti mal à l’aise et a mis du temps pour s’adapter à mon accent français et abaisser ses défenses, comme vous pourrez le remarquer dans les propos qui suivent. C’est finalement avec facilité qu’il me raconta son histoire. Il m’a fallu beaucoup d’énergie pour finir par lui tirer plus de deux mots par réponse et je lui suis très reconnaissant de la patience et de la confiance qu’il a fini par m’accorder. Malgré tout ce qu’on peut imaginer Anthony Wong est comme beaucoup d’acteurs dans l’industrie filmique locale, il se contente de suivre le courant sans véritable plan de carrière. Rencontre avec un acteur, avec un professionnel, avec le fauve!
HKCinemagic : Vous avez tourné beaucoup de films à Hong Kong. Vous avez aussi fait un peu de musique.
Anthony Wong : Ouais, il y a longtemps [tirant sur sa cigarette].
Vous avez aussi fait des reprises, comme « Blowing in the wind« . L’expérience vous a plu ?
Pas vraiment!
A la différence de beaucoup d’acteurs hongkongais, vous avez suivi des cours de comédie. Etre acteur, ça a toujours été un rêve?
Non, plutôt un accident.
Vous vous souvenez de votre premier film?
My Name Ain’t Suzie…
Oui, vous avez dit que c’était votre film préféré!
Parce que j’étais jeune et que je ne savais pas jouer. C’était très frais. Je l’ai revu récemment et je me suis rendu compte que ce n’était pas moi mais quelqu’un d’autre. Du coup c’était plutôt intéressant.
En France et en Angleterre vous êtes connus pour vos rôles dans des Category III, mais aussi pour faire la navette entre gros et petits budgets, films commerciaux et films d’auteur. Comment faites-vous?
Le destin. Je ne fais que suivre le destin (il prend un air ennuyé). Je n’ai pas de plan. J’y vais, c’est tout. Les acteurs hongkongais sont très négatifs. Je ne suis pas une star, juste un acteur. Je m’assois et j’attends. J’attends l’opportunité. Et quand cette opportunité se présente, il n’y a que deux choix: j’y vais ou je n’y vais pas. C’est tout.
C’est un besoin pour vous de travailler autant que possible pour accumuler les expériences?
Quand deux choix se présentent… (il réfléchit) C’est l’argent qui fait la différence! Et le projet, puis les gens qui y sont associés. Quand une opportunité se présente, il faut penser à ce qu’elle peut vous apporter. Si elle peut vous rendre plus célèbre ou si c’est juste un boulot.
Vous avez réalisé deux films, New Tenant et Top Banana Club. Vous en gardez de bons souvenirs?
Oui. C’était des expériences. Quelque chose se présente et vous voulez juste tenter le coup. Mettre en scène. Je fonctionne comme ça, sans plan de carrière.
Si l’occasion se présente à nouveau, est-ce que vous recommenceriez?
Oui, oui, oui. J’ai une histoire en fait. J’aimerais la tourner en France parce que ça parle d’un homme et de trois femmes, ça parle de leurs relations et de sexe. C’est pour ça que je veux le faire en France et pas à Hong Kong! (sourire narquois)
Je me souviens d’éléments assez étranges dans New Tenant. La maladie mentale de Lau Ching Wan et ces histoires de tortues. D’où venaient ces idées?
Elles venaient globalement du producteur [Tony Leung Hung Wah]. Il m’a donné une histoire pourrie et je l’ai réécrite. A l’époque nous n’avions pas les moyens d’embaucher un réalisateur. Je lui ai dit que je pourrais tenter le coup. Il m’a laissé faire, et c’est pour ça que j’appelle ce film un « exercice ».
Vous étiez donc scénariste et réalisateur.
Hum hum (il prend une gorgée de son cappuccino). Bien sûr ils ne m’ont pas payé! (sarcastique)
Ah, ils ne vous ont rien donné!
Ouais (souriant et buvant plus de cappuccino). Ni pour l’écriture ni pour la mise en scène. Mais ça m’a vraiment plu.
Comment préparez-vous un rôle?
Parfois je fais juste le boulot. Ca dépend du personnage et du scénario. Dès qu’on lit un scénario on peut voir s’il est bon ou s’il est mauvais. Si c’est bricolé à la va vite je fais juste mon boulot. Tout le monde s’en fout de toute façon!
Si le personnage est plus fouillé que la moyenne vous faîtes des recherches…
Oui, oui…
En 20 ans de carrière, quand avez-vous senti que les gens vous voyaient plus comme un vrai acteur?
Beaucoup de gens me connaissent mais je ne suis pas une vedette. Je n’appelle pas ça du vedettariat. Jackie Chan est une vedette; Andy Lau et Stephen Chow aussi — mais pas moi.
Anthony Wong et Tony Leung Chiu-wai dans Infernal Affairs
Le public français vous connaît pour votre rôle de méchant dans A Toute Eperuve (Hard Boiled) de John Woo, pour The Mission et la trilogie Infernal Affairs. Concernant cette dernière, comment avez-vous préparé votre rôle?
Hé bien parfois l’inspiration vient de mon entourage. Le père d’un de mes amis est policier, et je connais quelques inspecteurs. Ils n’ont pas l’air de policiers, n’ont pas cet air sérieux. Ils ne font qu’aller aux bureaux et font de la paperasse toute la journée. Ce sont plus des employés de bureau que des officiers de police. J’ai joué le rôle de cette manière. Calme, masculin, mûr. Très simplement en fait. Quelqu’un qui fait son boulot.
Vous avez aussi de très bonnes scènes avec Eric Tsang Chi Wai.Votre confrontation avec lui est très forte, comment avez-vous fait?
Je les voyais comme deux combattants sur un ring. Ils attendent. Ils attendent et ils observent. Dans cette optique nous avons tout de suite trouvé nos marques. C’est aussi simple que ça. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de nourriture sur la table. Cette scène a demandé 3 ou 4 heures. Et il (Tsang) n’en finissait plus d’attendre de balancer la nourriture dans tous les sens. J’ai attendu, attendu, attendu, et enfin il l’a balancée (rires). Ca a donc été un soulagement d’en mettre partout.
Valeurs artistiques
Infernal Affairs s’inspire d’A toute épreuve (Hard Boiled), dans lequel vous aviez déjà un rôle. Vous avez déclaré dans d’autres interviews que vous n’aimiez pas ce film.
C’est vrai. Je ne crois pas que le réalisateur connaisse quelque chose à la direction d’acteurs.
Comment était John Woo sur le plateau ?
Lui: « C’est pas bon, c’est pas bon ».
Moi: « Qu’est-ce que je dois faire? ».
Lui: « Je sais pas mais là c’est pas bon. « .
Moi: « Comment ça, pas bon? « .
Lui: « Je sais pas, mais le choix est mauvais, juste mauvais ». En fait il ne connaît rien aux acteurs. Et il ne sait pas exprimer ses idées.
Anthony Wong et Tony Leung Chiu-wai dans A Toute Epreuve ( Hard Boiled)
De quels films êtes vous le plus fier en terme de valeur artistique?
Ordinary Heroes, Princess D, The Mission, Ebola Syndrome, Taxi Hunter.
The Mission est sorti en France. Dans ce film vous parlez peu, vous êtes très introverti.
En fait je parle peu dans la vie. Alors ça m’a été très facile. Je connais un gars exactement comme ce personnage. J’ai fait mon truc en pensant à lui. J’ai foncé, sans parler aux autres, sans réfléchir. Ce personnage ressemble assez à celui d’Infernal Affairs. L’un est flic, l’autre est un criminel. Il y a aussi la coupe de cheveux. Quand j’ai eu le scénario, j’avais du mal à le visualiser. Puis j’ai vu un film, américain ou peut-être français, avec un policier et un chauffeur de taxi. Ce dernier avait une coupe de cheveux qui m’a inspiré pour mon personnage.

Est-ce que c’était Taxi de Luc Besson?
Oui ma coupe ressemble à celle de ce type (Samy Naceri). Dès que j’ai eu la coupe l’image du personnage m’est apparue. Et les lunettes appartiennent à ma mère. Elles sont très vieilles, une antiquité. Avec les lunettes et la coupe, j’avais le visuel du personnage.
Vous êtes aussi coiffeur dans ce film.
C’est très embarrassant car quand j’étais jeune j’ai essayé de devenir coiffeur. Comme j’étais vraiment nul j’ai laissé tomber. Et quand j’ai dû reprendre le peigne et les ciseaux je ne savais absolument pas comment m’y prendre.
Dans Beast Cops vous avez fait du très bon travail. Dans les plans les plus longs vous parveniez à garder l’attention du spectateur. Ces moments là étaient-ils écrits ou y avait-il de l’improvisation?
Le réalisateur [Gordon Chan] m’a donné quelques indications. Mais sur celui-là j’ai improvisé. Ca dépend des cas. Parfois j’improvise beaucoup car c’est très dur d’avoir un scénario complet. Il faut donc faire des choix, enlever ou ajouter des choses…
Peut-être que vous suivez le personnage..
Ca peut être sur tout, le dialogue, l’action. Ou parfois quand ils filment un autre acteur.
Le syndrome du Category III
En 1993 vous avez remporté le Hong Kong Film Award pour Untold Story, puis vous avez enchaîné sur d’autres Catégorie 3 comme Ebola Syndrome, Taxi Hunter… Pouvez-vous déjà nous parler de Herman Yau?
C’est mon meilleur ami. J’adore ce mec, il est plein d’énergie. On s’est rencontré il y a longtemps, quand nous étions chez ATV. En fait il était étudiant et il m’a demandé de l’aide pour tourner son film d’études, pour lequel il a été récompensé.

Untold Story
C’était une opportunité de plus?
Oui! Ce n’était pas calculé, juste une signature de contrat. Ils vous proposent quelque chose, on négocie le salaire puis ils écrivent le scénario. Quand il est terminé ils le refilent au réalisateur. C’est tout.
Les films de Category III étaient très populaire au début des années 90.
Plus maintenant, c’était le bon vieux temps [souriant et reprenant une gorgée de son cappuccino].
Ebola Syndrome et Untold Story ont des thèmes horribles car inspiré de faits réels. Mais la production et l’écriture étaient plutôt solides. Vous pensez pouvoir en refaire?
Plus maintenant, parce que… Mmm… Vous savez que nous faisons maintenant partie de la Chine. On nous interdit de tourner des films pareils. Du coup ça devient ennuyeux. J’ai revu un de mes films, Wai hai go [Mr Wai-go], une comédie. C’est pas mal du tout. Je me suis vraiment amusé.
En regardant votre propre film?
Oui, j’ai voulu le revoir, assis chez moi en buvant du vin français.
Oui, je crois savoir que vous êtes amateur de vin français. J’ai vu une photo de vous chez un marchand de vins à Hong Kong.
Ah oui!? [en riant], “Le French wine”!
![]() Daughter of Darkness |
![]() Ebola Syndrome |
Les garçons et les filles
Nous avons évoqué Ordinary Heroes d’Ann Hui, Princess D de Sylvia Chang. En quoi leurs méthodes diffèrent?
uh… [long silence]. Ce sont toutes les deux des femmes. Ce qu’il y a d’intéressant c’est qu’Ann Hui est plus masculine. Sylvia elle est complètement femme, elle est très sensible et très féminine.
Peut-être qu’Ann Hui vous laisse travailler et vous dit ensuite ce qui va et ne va pas.
Non, on fonce! Nous nous respectons. Normalement on lit le scénario, et si j’ai des questions je les pose. Sur l’emplacement de la caméra, l’effet que ça va produire si ça fonctionne. Et j’y vais. Je demande ce qu’on attend de moi, ce que je dois montrer au public, le but principal d’une scène. Et je pars au charbon. C’est tout!
A Hong Kong, j’ai croisé des gens ayant une vision du cinéma différente de celle qu’on a en France. Vous vous considérez comme un acteur, mais pas comme une star. Mais de notre point de vue, vous pouvez jouer n’importe quel personnage. Vous pouvez être n’importe qui.
Hum, c’est ce que m’avait dit mon professeur quand j’ai reçu mon diplôme. Il disait qu’il fallait élargir son registre, qu’un artiste doit avoir plusieurs cordes à son arc.
Ca pourrait être la définition d’un bon acteur.
Oui, j’essaie avant tout d’être un bon comédien, pas une star. Je voudrais vraiment en être une pourtant (rires).
Venez en France ou en Angleterre, vous serez considéré comme une star.
Oh, je suis allé en Angleterre, personne ne m’a reconnu (rires). C’était il y a longtemps. Les choses se sont peut-être arrangées, alors?
En effet.
J’y avais rencontré de très belles femmes.
Vous avez fait énormément de films, parfois 10 ou 20 par an!
Plus maintenant, plus maintenant. L’industrie est quasi-morte (prenant une autre gorgée d’un air indifférent).
Est-ce que ça vous est facile de trouver des rôles qui soient un défi?
Il y a toujours des défis à l’horizon, tous les jours. Vous seriez surpris. Si je recevais un bon scénario, ce serait un nouveau défi. Mais on manque de bons scénaristes.
Vous avez dit une fois que vous adoreriez travailler avec Tsui Hark.
Pardon? J’adore travailler avecTsui Hark?
Vous avez dit ça il y a quelques années. Depuis vous avez tourné Time and Tide…
Non, non non… J’aime surtout travailler avec Johnnie To…
Pouvez-nous parler de votre expérience sur Time and Tide ?
Je ne sais pas vraiment ce que j’ai fait sur ce film, mais ça ne veut pas non plus dire que j’ai détesté. J’ai un problème avec les réalisateurs qui n’ont aucune idée sur la direction d’acteurs. Et Tsui Hark en fait partie.
Anthony Wong et Nicholas Tse dans Time and Tide
Barbara Wong est une ancienne actrice, et aujourd’hui une réalisatrice de talent. Voudriez-vous faire un film avec elle?
Oui. Il y a encore un manque de maturité, mais elle s’améliorera avec l’expérience, elle a vraiment quelque chose en elle. Nous étions ensemble en cours, c’est une fille intéressante.
Quels sont vos projets?Derek Yee veut tourner avec vous. Est-ce que ça avance?
[Réfléchissant] Non, pas encore. On en est toujours à la phase de digestion. J’ai lu un scénario, qui ne m’a pas plu, et je lui donc demandé de m’en proposer un autre. C’est une histoire d’amour à propos d’un avocat. Ma fille est amoureuse du fils d’un certain personnage, ce qui me rend furieux. C’est sur l’amour familial. Je n’en sais pas plus.
D’autres projets?
Oui, un autre qui commence dans quelques jours. Un truc pourri, tourné en Chine continentale.
Vous aimez travailler là-bas?
Le café n’y est pas terrible. Et la nourriture désastreuse.
Je crois savoir que vous appréciez beaucoup Leslie Cheung. Vous avez pris sa défense en 1995 (contre une compagne de dénigrassions fomentée par ses concurrents du showbiz).
C’était un mec bien. Il a toujours été gentil avec moi. Il était une grande star alors qu’à l’époque je n’étais pas connu. Il a été charmant chaque fois que nous nous sommes vus.
Comment l’avez rencontré?
Je ne me souviens plus… Où que nous allons nous croisons quelqu’un. Hong Kong est minuscule, tout le monde connaît tout le monde.
Un dernier mot pour vos fans français?
Ca me touche vraiment! Merci. Merci beaucoup (en français dans le texte).
Conversation informelle
Votre français est très bon !
Ah, non, je voulais l’apprendre, mais c’est très dur. La prononciation est très difficile.
Comptez-vous aller en France ?
J’aimerais vraiment. Il y a les femmes, le romantisme. Je voudrais vraiment aller en France pour apprendre à prononcer le nom des vins, ce genre de chose.
Le Bordeaux, tout ça !
Ouais. Et mon professeur y vit en ce moment, il est rentré après avoir étudié l’art du clown en Angleterre. Il s’appelle Philippe Gaulier, si vous le croisez saluez-le de ma part. Je crois qu’il est célèbre dans le milieu du théâtre. [http://www.ecolephilippegaulier.com/frames.html]. J’ai étudié avec lui, six mois en Angleterre. Ce fut une très bonne expérience, j’ai pu rencontrer des français, des italiens, des gens venant de partout.

Vous parlez donc anglais, cantonais…
Mandarin… Mais pas couramment.
Un peu de français…
J’essaie aussi ! En ce moment j’apprends le japonais et le dialecte de Shanghai.
C’est pour pouvoir tourner en Chine continentale ?
Non, en fait le mandarin me venait naturellement quand j’étais jeune. A l’époque il y avait beaucoup de films venant de Taiwan et tournés en mandarin, mais peu de films de Chine continentale. La mode était surtout aux chansons en Mandarin, donc entre ça et les films, ça rentrait tout seul.
Concernant les films, il nous faut travailler à Taiwan et en Chine continentale, c’est pourquoi nous devons nous entraîner dur. Quand vous vous trouvez une copine du coin c’est plus facile. Peut-être qu’un jour mon français s’améliorera ! (dit-il, souriant à l’idée d’une petite amie française). Je suis allé en France une fois, à Paris. J’étudiais en Angleterre et je suis venu en train. Je suis resté un week end et ai passé un très bon séjour, avec une nourriture formidable. Les restaurants français à Hong Kong sont très chers. Il y en a de bons du côté de Central, mais ils sont hors de prix. Il y en un appelé « Chez moi », tenu par un français. La nourriture et le service sont excellents, j’aime la façon dont ils amènent les plats. « Voilà » (en français dans le texte). C’est vraiment génial.
Nous nous quittâmes bons amis après un cours sur la prononciation française de « Chez moi ».

Entretien mené par Thomas Podvin dans le salon du Ritz Carlton Hotel, Hong Kong, 07/01/2005.
Nos remerciements particuliers à Anthony Wong. Remerciements à Bey Logan.
Traduit de l’anglais par Frédéric Maffre.
Photos exclusives de Thomas Podvin pour HKcinemagic.com
BONUS HKCM :
Biographie (par Philippe Quévillart – février 2003)
Les débuts
Né en 1961 d’une mère chinoise et d’un père anglais, il commence par entrer à la télévision à l’âge de 21 ans, la chaîne ATV où il y suit des cours d’art dramatique. Il s’inscrit ensuite à une académie de théâtre pour y apprendre le métier d’acteur, y interprétant le rôle de Cyrano ! Puis il entre à la chaîne TVB où il commence à acquérir une certaine notoriété dans des séries où il interprète la plupart du temps des rôles de méchant de service.
Il joue dans son premier film de cinéma en 1985, un drame signé Angela Chan, My Name Ain’t Suzie ? qu’il considère d’ailleurs comme l’un de ses rôles favoris. Mais c’est au début des années 90 que sa carrière d’acteur prend réellement son envol. Après des rôles secondaires dans des films qui ne le sont pas moins, il obtient son véritable premier rôle important dans Dancing Bull du réalisateur de la Nouvelle-vague HK, Allen Fong. Il enchaîne avec un polar signé Lee Lik-Chi, The Set Up. Il fait ensuite sa première apparition chez celui qui deviendra l’un de ses réalisateurs fétiches, mais également un ami, en l’occurrence Herman Yau, le film, une comédie Andy Lau et Tony Leung Chiu-Wai. La même année, il apparaît dans Casino Raiders 2, un film de commande signé par un autre grand de l’ex-colonie, Johnnie To. A noter sa première incursion dans l’un de ses genres de prédilection la même année 1991, la catégorie 3 avec un Erotic Ghost Story 2 signé par l’acteur réalisateur Peter Ngor. Déjà sa présence crève l’écran faisant parfois de l’ombre au premier rôle. C’est dans cette logique de consécration qu’en 1992 il obtient une nomination aux HK Awards de meilleur second rôle pour Now You See Love… Now You Don’t de Alex Law. Dès lors, aucune de ses apparitions ne passera inaperçues. Souvenons nous de ses apparitions dans des rôles plus ou moins important comme le très noir Full Contact de Ringo Lam, dans lequel il interprète le rôle de Sam, l’ami trahissant Chow Yun-fat ou dans Hard Boiled de John Woo.
La consécration
L’année 1993 est l’année de la véritable consécration, il obtient l’HK Award du meilleur acteur pour son rôle de psychopathe dans The Untold Story de Herman Yau. La même année il interprète le rôle de « Dinosaur » dans le film d’action à l’eau de rose de Benny Chan A Moment Of Romance 2 (véritable film-culte chez certains cinéphiles). La même année il apparaît dans Heroic Trio de Johnnie To, il joue le tueur de chauffeurs de taxi vengeur dans le non moins culte Taxi Hunter et le rôle du policier de service dans le très « hard » Daughter Of Darkness, véritable sommet de mauvais goût…
Son incroyable faculté à se mouvoir dans tous les genres lui permet d’apparaître dans tous les genres, on le voit ainsi dans le film de kung fu fantaisiste chez Johnnie To The Mad Monk, dans la comédie non-sensique aux côtés de Stephen Chow Fight Back To School 3 de Wong Jing ou le thriller destroy ultra-violent The Underground Banker de Bosco Lam.
Kirk Wong
En 1994, Kirk Wong lui donne le rôle du bandit au grand cœur Tung dans le génial O.C.T.B. sa présence à l’écran foudroie toute perspective, et il apparaît comme le véritable héros du film malgré un rôle de prétendu méchant. Sa collaboration avec Kirk Wong n’en restera pas là, car il enchaînera avec son rôle de flic « cool » qui frappe dur dans le trop souvent mésestimé Rock’n Roll Cop.
Le passage à l’acte
Désormais, Anthony Wong est un acteur important, il interprète des premiers rôles. En 1995, avec l’aide du réalisateur Tony Leung Hung-Wah (A Lamb In Despair) il réalise son premier film, il s’agit d’un drame tendance polar classé catégorie 3, à noter que la BO composé par Anthony Wong himself, s’avère un véritable morceau de trash-punk-destroy. Après un passage chez Andrew « ils sont beaux mes navets » Lau dans le très « propagandiste » Young And Dangerous 2, il revient à la mise en scène avec Top Banana Club, une comédie romantique assez poussive.
1996 L’année du syndrôme
Il y a des rôles qui marque la carrière d’un acteur pour des raisons pas toujours « glorieuses », souvenons-nous du Marlon Brando du Dernier Tango A Paris de Bertolucci et sa plaquette de beurre… Anthony Wong, qui par son incroyable faculté à sa glisser dans toutes les peaux et sa totale désinvolture quant aux conséquences que certains de ses rôles peuvent donner à son image de marque, n’hésite pas un instant à interpréter le rôle d’un taré complètement dégénéré, il s’agit de son rôle de dément atteint d’un virus dans le très trash Ebola Syndrome. Après avoir fait un véritable massacre à Hong-Kong, il décide de se tirer en Afrique pour refaire sa vie… hum… que ne trouve-t’il pas de mieux à faire à son arrivée sur les lieux ? … de violer une femme à demi-morte atteinte du virus Ebola ! ! ! Alors commence une incalculable somme de scènes trash complètement immorales. Et de se masturber à l’aide d’une entrecôte ( !) et de se mettre à cracher sur tout le monde pour refiler sa maladie ( ! ! !)… et ainsi de suite… Autant le dire, ce film bafoue toute morale et ce avec une certaine atteinte du but recherché.
Sa carrière n’en continue pas moins, alors passons sur ses apparitions dans des navets comme Young And Dangerous 3 ou , pour l’apprécier dans des rôles comme celui de King Hau dans Black Mask ou dans le Viva Erotica de Derek Yee.
The Number One of the Beast
En 1998, Gordon Chan, aidé par Dante Lam réalise le polar noir Beast Cops, dans lequel le bon Anthony, interprète le rôle d’un flic ripoux capable de péter les plombs aux côtés de « l’autre » gweilo au même patronyme, en l’occurrence Michael Wong. Son rôle de flic névrosé lui vaudra d’ailleurs un rôle de « meilleur acteur » aux HK Awards. Il réussit un véritable numéro dans un film oscillant entre étude de mœurs et polar brut. Il apporte d’ailleurs le petit plus à ce film qui est tout de même loin d’atteindre des sommets.
La même année il apparaît dans le The Group de l’ami Alfred Cheung et dans la comédie Mr Wai-Go du très inégal Aman Chang. Passons sur son apparition dans le wu xia pian frimeur d’Andrew Lau Storm Riders.
1999 : Ann Hui, The Mission et quelques légumes…
L’année 1999 commence plutôt légèrement avec Century Of The Dragon> de Clarence Ford et The Kingdom Of Mob un film de triades du spécialiste de la catégorie 3 Ivan Lai (Daughter Of Darkness) .
C’est alors que Johnnie To lui propose le rôle de Curtis, le chef de la bande des cinq formée de Roy, Shin, Mike et James dans l’excellent The Mission, un véritable bijoux de mise en scène, ou science de l’immobilisme et fulgurance des scènes d’action se côtoient avec une incroyable réussite. Inutile de parler plus de ce film que tous fans se doit d’avoir vu et qui représente le sommet de la carrière de son réalisateur. Une œuvre inévitable qui je pense prendra encore plus de valeur avec le temps…
Après une escapade dans la catégorie 3 dans le Raped By An Angel 4 de Wong Jing, Deadly Camp de Bowie Lau et Erotic Nightmare de Steve Cheng, il passe à la classe supérieure en interprètant le rôle du père Kam, un prêtre italien ( !) dans le film miltant d’Ann Hui Ordinary Heroes, il obtient encore une nomination à l’HK Awards pour ce film d’auteur à mi chemin entre fiction et documentaire parlant du combat d’un groupe d’activistes dans les années 80 pour obtenir un meilleur staut pour les pêcheurs.
Il enchaîne ensuite avec un rôle de reporter dans Lamb In Despair de Tony Leung Hung-Wah, une catégorie 3 avec son tueur en série à grosses lunettes plutôt bien troussée (la catégorie 3 J). Il croise Andrew Lau sur A Man Called Hero et fait une courte apparition dans Metade Fumaca de Riley Yip.
Le nouveau siècle
Le nouveau siècle commence avec un de sinistre mémoire, et s’enchaîne alors toute une flopée de produits plus ou moins intéressants. Il tente de renouer avec le succès de Beast Cops dans un navet du mauvais Steve Cheng avec , il joue le rôle d’un flic dans le sympathique Baroness aux côtés de Chin Kar-Lok et joue dans toute une série de films d’épouvante post Ring plus ou moins mauvais. Son rôle anecdotique de Docteur Tang dans Gen-Y Cops est l’un des seuls intérêts de ce film de djeun’s à la mèche.
Dans l’interview qu’il accordait à David Martinez, il disait vouloir un jour jouer dans un film de Tsui Hark, ce sera chose faîte avec son rôle d’Uncle Ji dans le Time And Tide.
Il apparaît dans le rôle mémorable et furtif de Master Kwan dans ce que je considère comme l’un des meilleurs films des années 2000 en l’occurrence Jiang-Hu The Triad Zone d’un Dante Lam au meilleur de sa forme. Il remettra le couvert avec ce réalisateur l’année suivante dans le marrant Runaway dans un rôle de chef de triades dépressif.
Depuis très peu de rôle réellement marquant pour lui, ne serait-ce qu’un rôle secondaire dans le Princess D de l’actrice Sylvia Chang, un rôle solide dans l’Infernal Affairs d’Andrew Lau et surtout Alan Mak et le rôle de Hung dans Demi-Haunted de Patrick Leung.
Son prochain film est réalisé par Gordon Chan, son titre Cat And Mouse, il y interprète le rôle d’un juge.
Philippe Quévillart (février 2003)
Nominations et prix divers :
1992 – Nomination pour le meilleur second rôle masculin aux HK Awards pour Now You See Love, Now You Don’t d’ Alex Law
1993 – HK Award du meilleur acteur pour The Untold Story de Herman Yau
1996 – Nomination pour le meilleur second rôle masculin aux HK Awards pour Young And Dangerous d’Andrew Lau
1998 – HK Award du meilleur acteur pour Beast Cops de Gordon Chan et Dante Lam
1999 – Nomination pour le HK Award du meilleur acteur pour Ordinary Heroes d’ Ann Hui
2002 – Nominations meilleurs second rôle masculin aux HK Awards pour Infernal Affairs d’Andrew Lau et Alan Mak, pour Princess D de Sylvia Chang et pour Just One Look de Riley Yip.
Trombinoscope :







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