Un avion transportant des touristes américains s’écrase sur une île du Pacifique. A peine remis de leurs émotions, les survivants s’aperçoivent que les lieux sont le point de ralliement d’une bande de terroristes internationaux prêts à lancer une offensive d’envergure sur les États-Unis. Pour sauver leurs peaux ainsi que le monde libre, nos bons citoyens vont prendre les armes et refaire le Vietnam à eux tous seuls !
Avis de John Roch :
Devenu l’un des symboles du gore rigolard des années 80, The Toxic Avenger est un succès pour la Troma, au même titre que Class Of Nuke ’Em High deux ans plus tard. Lloyd Kaufman et Michael Herz veulent alors passer à la vitesse supérieure avec un budget record de deux millions de dollars investis dans une production qui pastiche le cinéma Reaganien des années 80. Ce film, ce sera Troma’s War, l’un des projets les plus ambitieux du studio mais aussi celui qui a failli le mettre sur la paille. Tourné dans les bois du New Jersey, Lloyd Kaufman accumule les blessés graves, les plaintes des habitants locaux, le tournage prend du retard et le budget explose. Après un montage chaotique, le potentiel distributeur du film ne trouve pas le métrage à son goût et se retire. Sans promo et avec une sortie limitée, Troma’s War est un échec commercial et critique, même les fans de la Troma ont rejeté un film qui change complètement de registre. Éclipsé par The Toxic Avenger, Tromeo And Juliet, Terror Firmer, Citizen Toxie et autres Poultrygeist, Troma’s War est un film peu cité, voire oublié quand on parle de la Troma. Il s’agit pourtant d’une œuvre représentative du studio, une tentative de faire de « l’esprit Troma » une marque de fabrique qui aurait pu s’étendre à d’autres genres.

Troma’s War est donc la réponse de la Troma au cinéma d’action Reaganien des années 80, les Rambo 2 et autres productions Cannon. Ici pas de héros qui part refaire la guerre du Vietnam à lui seul pour la gagner ou qui repousse l’envahisseur et sauve une Amérique belle et triomphante, mais les survivants d’un crash aérien qui sont autant de personnages caricaturaux : le beau gosse, une retraitée, un prêtre, une aveugle, une femme avec son bébé, une demoiselle en détresse, un homme d’affaire… mais aussi un groupe de glam rock, un anglais pas très loin d’être un agent secret ou encore un vétéran du Vietnam cinglé. Tous vont se retrouver malgré eux à défendre l’Amérique d’un commando de psychopathes qui veulent renverser le système et prendre le pouvoir des USA. Il y a beaucoup de personnages dans Troma’s War, trop au départ, mais le film se débarrasse du superflu dans une première partie qui s’apparente à un survival aux idées parfois trash et de mauvais goût comme Señor SIDA, violeur en charge de monter une armée de sidéens. Un survival dans lequel l’action n’est jamais loin, Troma’s War ne perdant jamais de vu le genre auquel il veut appartenir. Le film bascule dans sa seconde partie dans le pur film de guerre où ça défouraille non stop dans un final à l’image du reste : trop ambitieux et chaotique.

Les scènes d’action sont un bordel à tous les niveaux, les faux raccords sont nombreux, les figurants font semblant de tirer et tombent quand la caméra passe l’objectif sur eux, le manque de moyen se fait ressentir à chaque plan, les cascades et explosions sont réalisées avec autant de sécurité qu’une production tournée aux Philippines et les effets spéciaux sont d’un amateurisme incompréhensible venant de la part de Pericles Lewnes, qui avait pourtant montré son savoir faire avec trois bouts de ficelles dans Redneck Zombies. C’est dans ce chaos que Troma’s War prend tout son sens, Lloyd Kaufman n’oublie pas qu’il tourne un film de guerre avec une volonté et une sincérité qui se ressent, pas plus qu’il revisite un sous-genre qu’il accommode à sa sauce. Si le film se savoure comme un plaisir régressif que livre ce genre de métrages, on reste dans un Troma avec ce que ça apporte comme plans improbables, de détails plus ou moins volontaires dans l’arrière plan, idées barges, humour là aussi plus ou moins volontaire et scènes qui se regardent un sourire en coin devant un spectacle si bourrin et crétin qu’il en devient fun. Mais Lloyd Kaufman ne fait pas que de parodier le sous-Rambo, il le prend à contre-pied. En plus des personnages aussi caricaturaux qu’attachants qui n’ont rien à faire là, le réalisateur efface la testostérone propre à ce genre en mettant les femmes au centre de l’action. Troma’s War en devient une œuvre féministe dans laquelle Lloyd Kaufman dénonce également l’absurdité de la guerre, tape sur le Reaganisme et bien sûr sur tout un sous genre dont il souligne les tares en les exacerbant, auquel il apporte un rejeton malformé, fou et fun. Du grand Troma.

| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Le film de guerre selon la Troma ♥ C’est généreux ♥ Un gros bordel fun et jouissif ♥ Un film blindé de bonne intentions et de sincérité ♥ L’humour, volontaire ou pas ♥ Des personnages attachants ♥ Le rythme |
⊗ Il faut aimer la Troma, sinon vous allez morfler |
| Troma’s War est un film peu cité, voire oublié quand on parle de la Troma. Mais plus qu’une parodie de film de guerre Reaganien des années 80, il s’agit pourtant d’une œuvre représentative du studio, une tentative de faire de « l’esprit Troma » une marque de fabrique qui aurait pu s’étendre à d’autres genres. |
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Titre : Troma’s War
Année : 1988
Durée : 1h31
Origine : USA
Genre : America, fuck yeah!
Réalisateur : Lloyd Kaufman et Michael Herz
Scénario : Lloyd Kaufman et Mitchell Dana
Acteurs : Carolyn Beauchamp, Sean Bowen, Rick Washburn, Patrick Weathers, Jessica Dublin, Steven Cross, leyLorayn DeLuca, Charles Kay-Hune





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