[Film] The Dark Power, de Phil Smoot (1985)

Après la mort d’un guérisseur indien d’Amérique, sa demeure, construite sur un cimetière de quatre sorciers indiens, est occupée par de jeunes étudiantes. Lorsque les quatre sorciers ont surgi de leur tombe respective, un gardien de la forêt tente de lutter contre le Mal qui risque de se répandre dans toute la ville.


Avis de John Roch :
On ne le cite rarement, voire jamais, mais Earl Owensby est l’une des rares personnes à avoir bâti un petit empire cinématographique en dehors du système Hollywoodien. Cet entrepreneur surnommé « le Roger Corman du sud » a fait fortune puis a fondé les Earl Owensby Studios dans les années 70. Situé à Shelby, en Caroline du Nord, les EO Studios sont nés de la volonté de Earl Owensby de créer des films produits, tournés, montés et distribués depuis le 12eme État des USA. Y sont construit des plateaux, une salle de post-production, des logements et même une école d’art dramatique, faisant ainsi des EO Studios une structure de production complète qui, dans les années 80, se voit bien comme une nouvelle plaque tournante du cinéma américain. Earl Owensby ira même jusqu’à racheter une ancienne base nucléaire sous-marine désaffectée pour attirer plus de monde, on raconte même que c’est là que James Cameron voulait tourner Abyss… ironie du sort, il ira le tourner en Caroline du Sud. Une ambition qui demeure démesurée et qui n’a rien rapporté à Earl Owensby, mais ce qui a plombé les EO Studios, c’est l’effondrement des drive-in et du marché du film d’horreur qui ne rapportait plus sur le marché de la VHS dans les années 90. Car en plus de films d’action, de films chrétiens et de thrillers dans lesquels Earl Owensby s’octroyait le plus souvent le rôle principal, ce dernier n’est pas resté insensible au succès des films d’horreur dans les vidéoclubs. The Dark Power fait partie de ses films tournés pour un budget loin des standards Hollywoodien mais qui font preuve de suffisamment de rigueur pour être distribués un peu partout. Son réalisateur, Phil Smoot, dont c’est le premier film, a même fait carrière par la suite toujours dans son État natal, mais aussi à Hollywood.

Tourné pour 300000 dollars en quatre semaines, The Dark Power était sensé être un film tout ce qu’il y a de plus sérieux, mais devant un budget restreint, Phil Smoot fait marche arrière et injecte une dose de comédie dans un film qui ne se prend jamais au sérieux. L’histoire est pourtant intéressante en puisant dans la culture mésoaméricaine. L’histoire débute par le décès d’un chamane amérindien, moqué par la communauté d’une petite ville pour ses origines, il était également craint car adepte du chamanisme. En réalité, il était le seul à pouvoir empêcher les toltèques, êtres à l’origine de toute civilisation dont les Aztèques se sont prétendus descendants, de revenir sur terre. Bien évidemment personne n’y croit, et la maison du chamane est aménagée en logement dans lequel des d’étudiants élisent domicile. Et bien évidement, les toltèques vont refaire surface pour tuer tout le monde. Puiser dans ce type de légende est original, mais il ne faudra pas compter sur The Dark Power pour nous faire un cour d’anthropologie, les toltèques étant juste des démons venant occire des jeunes dans ce qui ressemble à un mélange de slasher et de sous Evil Dead. Pour le premier genre, il y a cette bande d’étudiants cons comme leurs pieds qui aurait bien eu une place dans dans un opus de Vendredi 13, pour le second c’est un aspect cartoonesque qui mêle gore et comique pas forcement drôle de bout en bout mais tout de même amusant.

Mais avant de voir les toltèques se déchaîner, il va falloir être patient, très patient. En effet, The Dark Power ne décolle vraiment qu’à une demi heure du générique de fin. La première partie du métrage est du genre chiante puisque en dehors d’une journaliste qui mène l’enquête sur les Toltèques qui disparait purement et simplement de l’intrigue et la débilité des étudiants futur cadavres sans personnalité, il n’y a pas grand chose. Pas de tension, pas de scènes étranges ou qui marquent petit à petit l’arrivée des démons. Ce n’est pas forcement désagréable à suivre, ce n’est pas un encéphalogramme plat mais on en est pas loin. Reste que la seconde partie de The Dark Power relève le niveau. Une fois les Toltèques sortis de terre, le rythme s’emballe et ne s’arrête plus. Les toltèques sont loin d’être aussi bêtes que leurs victimes, mais on en est pas loin. Ils s’embrouillent, manquent leurs cibles, se font mal entre eux et détallent lorsque le shérif du coin vient s’occuper de leur cas en mode far west. Car plus que des effets gores discrets mais parfois efficaces (signés en partie par Dean Jones qui aura fait carrière à Hollywood rayon blockbuster, mais qui a aussi effectué la motion capture de The Amazing Bulk) et de l’ humour, The Dark Power possède aussi une ambiance western grâce à la présence de Lash La Rue. Ancienne gloire du western des années 40 et 50, l’acteur fait ici un curieux come-back, sans doute pour toucher son chèque, mais il semble non seulement s’amuser et ramène en plus ce qui a fait sa renommée. C’est donc à coup de fouet qu’il vient chasser les Toltèques dans des scènes sans doublure, notamment dans un final aussi étonnant qu’amusant. Si le début de The Dark Power fait un peu peur malgré un point de départ original, la seconde partie qui se lâche en fait une petite série B pas désagréable à découvrir.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un point de départ original
♥ Un peu de gore
♥ De l’humour qui fonctionne parfois
♥ La seconde partie qui se lâche
♥ Le petit coté Western
⊗ Une première partie un rien ennuyeuse
⊗ Ça met du temps avant de démarrer

Malgré un point de départ original, The Dark Power fait peur avec une première partie un rien ennuyeuse. Heureusement que la seconde se lâche et en fait une petite série B pas indispensable mais pas désagréable.



Titre : The Dark Power
Année : 1985
Durée : 1h21
Origine : USA
Genre : B made in Caroline du Nord
Réalisateur : Phil Smoot
Scénario : Phil Smoot
Acteurs : Lash La Rue, Anna Lane Tatum, Cynthia Bailey, Mary M. Dalton, Paul Holman, Cynthia Farbman, Marc Matney, Tony Shaw, Robert Bushyhead, Suzie Martin, Dean Jones, Steven Templeton

 


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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