[Film] The Boxer’s Omen, de Kuei Chih-Hung (1983)


Un jeune kickboxer se rend en Thaïlande pour tuer l’assassin de son frère, mais un sorcier aux pouvoirs déroutants déjoue ses plans.


Avis de Cherycok :
Avant dernier film du réalisateur méconnu mais ô combien intéressant de la Shaw Brothers Kuei Chich-Hung, avant que ce dernier quitte le monde du cinéma après son dernier film Misfire l’année suivante, The Boxer’s Omen est peut-être ce que Hong Kong a produit de plus fou en termes de gros film bis complètement allumé, en termes de film qui repousse les limites du n’importe quoi cinématographique à chacune de ses scènes. Pseudo suite de Bewitched, déjà de Kuei Chih-Hung, The Boxer’s Omen est un film assez compliqué à décrire et aucune description écrite ne saura retranscrire son étrangeté ou le mix de fascination / dégoût qu’il arrive à produire, parfois en même temps. Arrivé en fin de vie de la Shaw Brothers qui essayait tout et n’importe quoi pour provoquer un sursaut du public face à la concurrence écrasante de la Golden Harvest et de tout un tas de films de la Nouvelle Vague hongkongaise, The Boxer’s Omen est clairement à ne pas mettre entre toutes les mains et les estomacs les plus fragiles risquent d’y laisser quelques plumes. Les amateurs de cinéma bis à tendance nanardesque seront eux complètement aux anges.

The Boxer’s Omen, c’est un sommet de nawak à la fois glauque et complètement flashy. Le film va se mettre rapidement à enchainer des scènes toutes plus barges les unes que les autres comme vous en n’avez jamais vu, pas même ceux qui se sont aventurés dans le bis indonésien des années 80. Kuei Chih-Hung ne semble avoir aucune limite, va à fond dans tous les excès et qu’importe si les effets spéciaux sont parfois bon marché, l’ensemble fait preuve d’une telle générosité dans ce qu’il propose qu’il est difficile d’en vouloir à ces peluches d’araignées, à ce crocodile mal articulé en carton, à cette barbe dégueulasse d’Elvis Tsui, à ce cellophane beaucoup trop voyant pour simuler des momies. Le film part dans tous les sens au point que, rapidement, on se fiche éperdument du prétendu scénario (qui tient de toutes façons sur un post-it) et on veut juste voir la scène suivante pour constater à quel point ils sont allés encore plus loin dans leur délire mélangeant horreur occulte et psychédélisme. The Boxer’s Omen avance par étape, chaque étape initiatique du héros servant surtout à prépare une nouvelle séquence de magie noire / rituel. C’est décousu, oui, parfois avec quelques petites longueurs (le passage au Népal par exemple), mais à aucun moment cela ne gâche le visionnage très particulier que procure un tel film. Les entre deux, bien que dénotant avec l’aspect craspec général, comme par exemple ces scènes de boxe thaïlandaises (nécessaires au scénario de base du film), sont néanmoins réussies et permettent de patienter jusqu’au délire WTF suivant qu’on a, en général, pas besoin d’attendre très longtemps. Vous avez rêvé de voir un sorcier maléfique invoquer des chauves-souris à partir des orbites de crânes de crocodiles, coupant la tête d’un poulet pour lancer un sort qui fait apparaitre une tête d’extra-terrestre volante à partir d’un amas gluant de vomi, puis pour finalement s’arracher sa propre tête afin qu’elle attaque son opposant mais qui va le perdre car sa tête va fondre avec la lumière du soleil ? The Boxer’s Omen est fait pour toi.

Mais c’est loin d’être la seule joyeuseté du film, et on pourrait également parler de ces trois sorciers qui vont utiliser un crocodile mort pour donner naissance à une sorcière nue aux grands ongles, qui va se faire écorcher vive par un lama mort (?) mais malgré tout donner naissance à trois momies enroulées de cellophane qui vont se sacrifier pour créer une armée de mini dinosaures (?) cyclopes et pnuk. Vous en voulez encore ? Alors il vous faut découvrir The Boxer’s Omen d’autant plus que, malgré le délire et le WTF ambiant, le film est très bien réalisé. Ça a beau être sacrément dégueulasse, c’est également très beau à regarder avec une photographie très réussie donnant à la direction artistique de l’ensemble un certain cachet qui semble lorgner du côté de l’horreur italienne du début des années 80. L’ensemble se fait de plus très inventif, versant sans vergogne dans le psychédélique. Ça a beau être plein de viscères, de fluides, d’insectes répugnants, de régurgitations et autres repas étranges, Kuei Chih-Hung signe peut-être ici son film le plus abouti en termes de mise en scène. Et c’est ça qui est complètement paradoxal avec The Boxer’s Omen, autant d‘effort fourni pour des scènes aussi intrinsèquement crades, aussi fascinantes que dérangeantes, un peu comme si le studio Shaw Brothers, malade, explosait et ses viscères étaient balancées à la gueule du spectateur mais avec une certaine classe. Oui, The Boxer’s Omen est à n’en pas douter à classer dans le Top 5, voire le Top 3, des films les plus fous que Hong Kong ait jamais produit.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement réussi
♥ Des scènes complètement folles
♥ Un casting très impliqué
♥ La créativité de l’ensemble
♥ Une bonne mise en scène
⊗ Estomacs fragiles s’abstenir
⊗ Souvent très kitch
Suite de Bewitched qui allait déjà fort dans le barré, The Boxer’s Omen pousse tous les potards à fond et le résultat est un spectacle complètement halluciné qui repousse les limites du goût et de la bisserie. Un indispensable pour tous les amateurs de cinéma bis !


THE BOXER’S OMEN est disponible chez l’éditeur Spectrum Films en Coffret Blu-ray collector (avec 5 autres films) au prix de 80. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr

En plus du film, on y trouve : Présentation de Arnaud Lanuque, Portrait de Kuei Chih-Hung par Frédéric Ambroisine, ainsi que les autres films du coffret : The Oily Maniac, Seding of a Ghost, Hex, The Snake Prince, Bewitched.



Titre : The Boxer’s Omen / 魔
Année : 1983
Durée : 1h45
Origine : Hong Kong
Genre : HK fou !
Réalisateur : Kuei Chih-Hung
Scénario : Sze-To On

Acteurs : Phillip Ko Fei, Elvis Tsui, Wai Ka-Man, Johnny Wang, Bolo Yeung, Cheung Choc-Chow, Leung Hak-Shun, Wan Seung-Lam, Lai Yau-Hing, Lam Chi-Tai


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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