[Film] Sketch, de Seth Worley (2024)

Les dessins d’une jeune fille prennent vie et sèment le chaos. Une famille en deuil doit s’unir pour lutter contre les créations malicieuses des crayons de couleur.

Avis de Cherycok :
Des films avec des dessins faits par des enfants qui soudainement prennent vie, il n’y en a pas beaucoup. De ce que j’ai pu trouver sur Internet, on pourrait citer Paperhouse (1988) dans lequel une jeune fille malade dessine une maison pendant ses rêves et que tout ce qu’elle dessine prend vie dans son monde onirique. Il y a Harold et le Crayon Magique (2024) dans lequel tout ce que dessine le petit garçon Harold avec son crayon magique violet devient réel. Et puis il y a le film du jour, Sketch, dans lequel des dessins faisant ressortir la colère d’une jeune enfant se matérialisent soudainement dans la vie réelle après que son cahier de dessins soit tombé dans un lac étrange. Ce Sketch, c’est le premier film de Seth Worley, qui adapte son court métrage de 2020 True Colors, et qui va jouer la carte du film d’horreur pour enfants (à partir de 10 ans malgré tout) tout en traitant de thématiques plus adultes. Un petit budget de 3M$US qui va en rapporter environ 9 lors de sa courte exploitation en salles aux States et qui s’avère être une très bonne porte d’entrée pour les enfants au cinéma d’horreur, sans jamais laisser les parents sur le carreau.

Sketch nous raconte l’histoire d’une famille dont la mère est décédée, avec un père qui essaie de gérer son fils et sa fille comme il le peut suite à cet incident. Le jeune garçon essaie de rester courageux, de ne pas montrer quoi que ce soit. La jeune fille retranscrit sa tristesse et sa colère dans des dessins horrifiques remplis de monstres et de sang. Le père essaie de bien faire les choses, de se montrer aimant, mais se montre parfois maladroit. Lors le jeune frère découvre dans un bois où aimait se promener sa mère un lac qui semble réparer mais aussi rendre réel ce qu’on y met dedans, la vie de la famille va changer, surtout lorsque le cahier plein de dessins horribles de la petite sœur va accidentellement tomber dedans et que tout un tas de monstres enfantins vont prendre vie et semer le chaos dans leur petite ville. Faire un film qui met en scène de jeunes enfants dans les rôles principaux, c’est toujours un risque et on ne compte plus le nombre de ces films qui sont devenus souvent irritants à cause du jeu pas très juste des enfants dans les rôles principaux, et ce jusque dans certaines grosses productions. Un adulte qui joue mal, ça peut donner envie de casser sa télévision. Mais un enfant qui joue mal, c’est encore pire. C’est sans doute le seul réel problème de Sketch. Bianca Belle (la petite sœur) et Kue Lawrence (le grand frère) s’en sortent parfaitement, gérant habilement les scènes les plus lourdes du film et transmettant de manière crédible toute la complexité émotionnelle de ce que ressentent leurs personnages. Ils arrivent sans souci à équilibrer le chagrin et la comédie, tout en transmettant l’innocence de l’enfance de manière remarquable. Mais le jeune Kalon Cox, qui interprète un ami à eux dans le film, est très mauvais acteur, en plus de ne pas savoir comment interagir avec les créatures en images de synthèse. Il a beau avoir ses moments de gloire, il en devient assez rapidement assez irritant. Tony Hale (les séries Chuck ou Arrested Development) s’en sort de son côté à merveille dans ce rôle de père célibataire en deuil qui essaie de maintenir l’équilibre dans cette famille.

Sketch a beau être un film en apparence léger, il traite donc de la thématique lourde du deuil du double point de vue enfant / adulte, de la façon dont chacun gère cela à sa manière, avec les moyens qu’il a. Mais le film ne s’appesantit pas sur la douleur et essaie de garder tout du long un ton léger et drôle avec en ligne de mire la lumière qui brille encore dans ces personnages terrassés par la mort d’un proche. Mais Sketch est aussi un film d’horreur. Il n’y a certes au final ni mort, ni même réellement de sang, mais sa mise en scène en pensée comme un film d’horreur, avec une tension et un suspense qui sont savamment gérés lorsqu’il y en a besoin, et surtout des effets sonores qui risquent de rendre certains moments un peu terrifiants pour les plus jeunes enfants, et ce malgré le look très enfantin (à l’exception de celui du final) des monstres du film. Ces monstres, des dessins d’enfant qui ont pris vie donc, ils sont clairement l’attraction principale de Sketch. Le réalisateur, qui a une formation en effets spéciaux (et ça se voit), a fait en sorte que les monstres qui prennent vie sont fait à partir des matériaux que sa jeune héroïne a utilisés pour les dessiner. S’ils ont été dessinés au crayon, ils seront faits de cire de crayon. S’ils ont été dessinés à la craie, ils seront faits de craie. Si elle a mis des stickers ou des paillettes dessus, ces stickers à moitié décollés et ces paillettes seront également présents. Cela donne au final un visuel très particulier, très coloré, avec des monstres qui laissent des tracent sur ce qu’ils touchent. Cela déterminera également la façon dont les détruire avec des monstres en craie qui se brisent en fine poudre de poussière lorsqu’on les frappe ou des monstres en cire de crayon qui fondent lorsqu’ils sont exposés à la chaleur. Le travail sur les effets spéciaux est d’ailleurs à saluer car même si tout n’est pas parfait, le film est impressionnant visuellement, surtout si on prend en compte le faible budget de 3M$US. Il résulte de tout ça un film attachant, aux personnages attachants, qui sous ses airs de film enfantin sait se faire bien plus adulte, aussi bien dans les thématiques qu’il aborde que dans la tension qu’il sait instaurer.

Titre : Sketch
Année : 2024
Durée : 1h33
Origine : U.S.A
Genre : Horreur toute mignonne
Réalisateur : Seth Worley
Scénario : Seth Worley

Acteurs : Tony Hale, D’Arcy Carden, Bianca Belle, Kue Lawrence, Kalon Cox, Jaxen Kenner, Genesis Rose Brown, Randa Newman, Allie McCulloch, Nadia Benavides