[Film] Sharktopus, de Xu Shi-Xing et Hu Dong-Sheng (2023)


Fan Jingya est microbiologiste et cherche un remède à une maladie incurable dont souffre son jeune fils. Les recherches sont financées par le riche homme d’affaires Chen Tiankun, mais les intentions de Chen sont loin d’être altruistes. Lorsque les scientifiques découvrent qu’ils ont accidentellement croisé un requin et une pieuvre, créant ainsi une machine à tuer, Chen comprend qu’il s’agit là d’une opportunité lucrative. Fan tente de se retirer de cette expérience immorale, mais Chen l’enlève, elle et son fils, et les place tous les deux sur un paquebot, où se trouve également le spécimen testé, le requin-pieuvre, dans le laboratoire. Il est évident que tôt ou tard, le monstre s’échappera, mais une équipe de mercenaires d’Interpol, dirigée par l’ex-mari de Fan, débarque sur le navire juste à temps.


Avis de Cherycok :
Au début des années 2000, le coût des images est désormais tellement à la portée de tous qu’on voit fleurir bon nombre de productions bas, voire très bas de gamme mettant en scène des serpents géants, des crocodiles géants, des requins géants, ou encore des croisements entre plusieurs animaux géants. Derrière des films, il y avait la plupart du temps Roger Corman, la chaine Syfy ou encore the Asylum. Ce cher Roger Corman a par exemple produit la débilissime saga des Sharktopus, trois opus à son actif dont le dernier, Sharktopus vs Whalewolf, voyait s’affronter donc un requin-pieuvre et un loup-baleine. Oui, la drogue, c’est mal. Depuis quelques années, et bien qu’on en voit encore débouler, ces productions animalières se font moins nombreuses. C’était sans compter sur les plateformes de DTV chinoises qui se sont méchamment accaparés le genre et, tous les ans depuis 2018/2019, on voit débouler des dizaines de films de monstres plus ou moins géants dont un certain … Sharktopus ! Oui oui !

Réalisé à quatre mains dont deux appartenant à Xu Shi-Xing, un habitué des productions animalières puisqu’on lui doit par exemple Crocodile Island (2020), Monster’s Battlefield (2021) ou encore the Monster in the Abyss (2024), ce Sharktopus chinois serait un remake tout ce qu’il y a de plus officiel (même si j’en doute) du Sharktopus de Roger Corman. Sauf qu’ici, à part le nom et le design de la créature, il n’y a rien qui ressemble à l’original. Là où la production Roger Corman virait souvent vers la pure comédie et les délires bien cons, cette version chinoise joue sur son concept absurde de manière sérieuse, plutôt que sur le ton de la plaisanterie et va emprunter aussi bien à Aliens, Jurassic Park qu’à Titanic (si si !). En effet, là où la version ricaine s’en prenait à des baigneurs, si possible de sexe féminin et en bikini, ce Sharktopus fait la part belle aux couloirs étroits et sombres d’un navire dans lesquels rôde un requin-pieuvre qui déconne pas du tout et qui a envie de dégommer tout ce qui lui passera par les tentacules. Bien entendu, la suspension d’incrédulité doit être de mise, ne serait-ce que par le fait que notre créature, croisement de deux créatures marines, passe tout son temps en dehors de l’eau. Mais qu’importe, on débranche le cerveau et en avant. Malgré son postulat de départ bien crétin, ce Sharktopus est fait avec le plus grand des sérieux. Certes, l’ensemble n’a rien de bien original, mais l’ensemble se fait étonnement divertissant avec un scénario plus dense qu’il n’y parait, mélangeant plutôt habillement diverses intrigues, même si l’ensemble devient trop complexe au fur et à mesure que le film avance. Ce remake est toutefois essentiellement un film d’horreur classique, dans lequel les personnages tentent d’échapper au monstre qui les traque. On sait qu’on n’est pas devant quelque chose d’exceptionnel, mais le divertissement sait se faire parfois plutôt efficace.

La mise en scène est soignée, on sent une réelle envie de faire quelque chose qui tient la route, avec des cadrages souvent intelligents et un vrai effort sur les effets spéciaux de la créature lorsque les CGI prennent le relais. Les textures sont assez travaillées, on ressent parfois bien la masse de la créature, c’est correctement animé, et même si nous ne sommes clairement pas dans ce qu’on a vu de mieux (loin de là), en termes de qualité, ça dépasse aisément toutes ces productions SyFy, The Asylum et consort. Seuls les fonds verts des décors en arrière-plan sont réellement problématiques, mais certains décors à l’intérieur du bateau sont intéressants, en particulier dès qu’il y a de la machinerie et des échelles permettant de passer d’un niveau à l’autre. Mais surtout, à l’inverse de beaucoup de productions du genre américaines qui sont assez radines à ce niveau-là, ce Sharktopus n’hésite pas à nous montrer souvent la créature car il a envie d’être généreux en action. Pas de subterfuge pour la mettre hors champ, c’est souvent frontal, le film se fait réellement rythmé, et ce jeu du chat et de la souris dans cet énorme paquebot fonctionne plutôt bien. Les scènes d’action sont correctement troussées, le réalisateur sait comment rajouter un peu de suspense à l’ensemble, mais Sharktopus se fait un peu trop sage en termes de violence graphique. Certes, il y a quelques giclées de sang, mais avec ce genre de monstre, ça aurait pu aller bien plus loin en termes de créativité dans les meurtres. Le casting du film est lui aussi étonnement crédible. L’omniprésent Luo Li-Qun, 51 films depuis 2012 dont Desperado (2024) et Lethal Crazy Flower (2023), et la jolie et talentueuse Lemon Li (Open the Coffin, The Tai Chi Master version 2022) ne sont pas toujours justes, mais c’est compensé par une envie de bien faire qui se voit à l’écran. Michelle Ye, vu dans Vengeance (2009) de Johnnie To ou Accident (2009) de Soi Cheang, tire son épingle du jeu, arrivant à apporter beaucoup de crédibilité à son personnage. Dommage que, comme souvent dans ce genre de divertissement très court, les personnages ne soient que peu développés, nous empêchant de ressentir quoi que ce soit lorsqu’ils sont emportés par le monstre tentaculaire.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des CGI plutôt honnêtes…
♥ Bien rythmé
♥ Un casting efficace
♥ Le design du monstre
⊗ … à l’exception des décors en fonds verts
⊗ Un scénario qui finit par devenir fouillis
⊗ Rien de nouveau à l’horizon

Objectivement bien plus réussi que le film de 2010 produit par Corman, cette version chinoise de Sharktopus est un sympathique divertissement, certes classique, parfois visuellement bancal, mais généreux et plutôt efficace si vous n’en attendez pas trop.



Titre : Sharktopus / 章鲨
Année : 2023
Durée : 1h21
Origine : Chine
Genre : Remake sérieux
Réalisateur : Xu Shi-Xing, Hu Dong-Sheng
Scénario : Hu Dong-Sheng, Xu Shi-Xing, Huang Zhi-Hao

Acteurs : Michelle Ye Xuan, Luo Li-Qun, Chen Wen-Jun, Lemon Li, Gan Lin-Yi, Shao Jie-Rui, Ma Cheng-Long, Naomen Eerdeni, Tang Sin, Luo Ting, Hu Yi-Yao, Ai Lin


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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