
Au 19ème siècle, des paysans dépossédés de leur terre s’organisent en groupes armés pour combattre l’occupant, les colons anglais. Mais le pire des ennemis n’est pas un anglais.
Avis de Rick :
2022, pour une poignée de spectateurs, semble être l’année de l’Inde, tant le pays semble tout à coup extrêmement représenté, lors de projections sur grand écran pour certains, ou sur les bien trop nombreuses plateformes de streaming actuelles. Et pour beaucoup, RRR aura été un choc. Il est presque normal face à cet engouement de voir les sorties se multiplier, et de voir le public parler de plus en plus de ce cinéma très coloré, très chantant, très dansant, mais aussi avec ses codes qui ont la dent dure, comme les durées inutilement longues (entre 2h30 et 3h, voir plus) et ses héros indestructibles qui défient les lois de la gravité et affichent un brushing irréprochable en toute circonstance. Dernier film en date dont je vais parler, Shamshera ! Un film qui débarque avec un train de retard, et je ne dis pas ça car il ne m’aura fallut qu’un bout de scène avec un train qui explose circulant sur les réseaux sociaux pour me faire foncer vers le film. Non, je dis ça car Shamshera, le projet, il date de fin 2018, et devait sortir début 2020. Avant d’être retardé à début 2021, puis début 2022, avant de sortir en Juillet 2022 au cinéma, puis en Août 2022 en VOD et SVOD. Alors, est-ce que le film de Karan Malhotra mettant en avant l’acteur Ranbir Kapoor dans un double rôle est aussi explosif que ce court extrait ? Malheureusement, non ! Ce n’est pas forcément désagréable, ou pour le public visé, clairement pas un mauvais film, mais c’est un film qui échoue à être un film d’action réellement spectaculaire, et surtout, un film qui essaye de surprendre, parfois dans le bon sens (la première demi-heure au final assez sombre, thématiquement et visuellement) et parfois dans le mauvais (assez avare en action, climax hyper décevant, rythme un peu bancal). Shamshera donc, c’est l’histoire de… Shamshera, au début. Un homme prenant la tête d’un groupe d’hommes contre l’envahisseur, toujours ces satanés Anglais.
Enfin ça, c’est au début, car très rapidement, Shamshera et ses hommes sont enfermés, dépossédés de tout, et l’homme meurt après une tentative d’évasion faisait presque penser à The Dark Knight Rises, avec escalade impossible à la clé. Cette première demi-heure, elle est intéressante, puisque prenant le spectateur à contre-pieds, nous donnant l’opposé de ce que l’on attend de lui, avec un certain savoir-faire. Shamshera, le film, semble vouloir mettre en avant ses problématiques et ses personnages, semble vouloir être, la plupart du temps, plus terre-à-terre, et éviter donc le côté bigger than life et toujours plus de RRR. Sauf que passé cette demi-heure, nous voilà avec le fils de Shamshera, Balli, toujours joué par Ranbir Kapoor, et le film prend un tournant différent, plus léger, plus coloré, plus… et bien plus Indien tout simplement. Un changement facile à voir puisqu’à peine quelques minutes après l’introduction de ce nouveau personnage, nous avons droit à notre première chanson, avec chorégraphies à la clé. L’histoire elle reste prévisible et cousue de fil blanc : Balli va suivre les traces de son père, parvenir à s’évader du fort, et se mettre à voler les Anglais afin de racheter la liberté de son peuple. Et pourquoi pas, une histoire simple, un héros qui a une motivation très rapidement établie, un méchant certes bien stéréotypé et qui en fait des caisses, et bien entendu, une magnifique Indienne qui chante et qui sera là pour amener un peu de douceur et de romance dans ce monde de brute. Mais Shamshera, même si la vision s’avère sympathique, se retrouve alors à foncer dans plusieurs pièges. Le premier, c’est que malgré son intrigue se déroulant dans les années 1890, son côté historique avec les colons Anglais, bref, une fresque épique avec vengeance familiale qui aurait pu justifier sa durée conséquente de 2h39, et bien il n’en est rien. L’intrigue va parfois trainer en longueurs, déjà la faute à l’une des caractéristiques principales du cinéma Indien, à savoir, ça chante et ça danse. Ce qui en soit ne me dérange absolument pas.
Sauf que là, quand arrivé à 1h30 à peine, on est déjà en train de se taper la cinquième chanson qui ne vient pas faire forcément avancer l’intrigue, on se dit que le procédé trouve malgré tout ses limites. Le film veut également mettre en avant ses personnages, et donc, le drame humain au sein de son intrigue. Si ça fonctionne durant la première demi-heure assez inhabituellement sombre, ça fonctionne moins par la suite, avec la petite romance qui prouve finalement que le personnage féminin ne sera là que pour chanter, remonter le moral de son mari, donner naissance à son bébé, et simuler qu’elle le tient dans ses bras durant tout le final. Oui simuler, car il suffit de la voir tenir le morceau de chiffon pour s’apercevoir qu’il n’y a même pas de poupée dedans. Petite déception donc. Niveau action, c’est un peu le même constat. L’action est finalement assez rare, et passé un combat bien sympathique dans une arène entre notre héros et un colonel Anglais, et la fameuse scène du train déjà teasée, le reste est assez avare, et rarement impressionnant. Je pense par exemple à ce long final, commençant presque comme un western avec les cavaliers qui arrivent dans un fort, avant que deux armées ne se fassent face. On s’attend à du lourd, et en l’espace de quelques plans et une trahison prévisible, voilà, on nous refuse ce final dantesque pour transformer le tout en face à face entre deux adversaires. Le tout avec en bonus attaque d’oiseaux tout en CGI, prouvant que oui, l’Inde aime les animaux en CGI après RRR, mais le souci, c’est que c’est vraiment moche, en plus de n’avoir aucune utilité si ce n’est vouloir un effet « whaou » qui ne fonctionne pas puisque l’on n’y croit pas une seconde. Bien décevant pour un film qui annonçait pourtant un bien gros spectacle. Au final, juste un petit film sympathique, sans plus, mais que l’on ne conseillera pas forcément vu sa durée.
LE MEILLEUR | LE PIRE |
♥ Une première demi-heure surprenante ♥ La scène du train ♥ Quelques chansons sympathiques |
⊗ Beaucoup trop long pour pas grand-chose ⊗ Trop de chansons ⊗ Niveau action, c’est une déception |
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Dans Shamshera, on aura des chansons (beaucoup), une vengeance, un peuple trahi, de méchants Anglais, un méchant Indien, un train qui explose, une jolie jeune femme, un faux bébé, et malheureusement, tout ça est un brin trop long et pas assez impressionnant pour être recommandable. |
Titre : Shamshera
Année : 2022
Durée : 2h39
Origine : Inde
Genre : Aventures
Réalisation : Karan Malhotra
Scénario : Ekta Pathak Malhotra et Karan Malhotra
Avec : Ranbir Kapoor, Sanjay Dutt, Vaani Kapoor, Saurabh Shukla, Ronit Roy, Iravati Harshe, Craig McGinlay, Saurabh Kumar et Chitrak Bandhopadyay
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