Ming-Ming est une jeune handicapée mentale vivant avec son père. Le jour où celui-ci décède, la vie de la jeune danseuse bascule et c’est dans un institut spécialisé qu’elle se voit contrainte de poursuivre son existence. Epaulée par ses trois poissons rouges et sa nouvelle amie Man Yee Lo, assistance sociale, Ming-Ming va tenter de reprendre le contrôle de sa vie. C’est cependant sans compter sur un violeur qui sévit depuis quelques temps au sein du quartier. L’homme dont les pulsions s’éveillent à la vue de la couleur rouge va bien entendu s’en prendre à la malheureuse héroïne et la détruire aussi bien physiquement que mentalement… La justice ayant fait chou blanc, Ming-Ming et Man Yee Lo vont devoir prendre elles-mêmes les choses en mains et assouvir leur besoin de vengeance…
Avis de Cherycok :
Lorsque j’ai découvert les films de Catégorie III (interdit aux moins de 18 ans) de Hong Kong en 2000 avec Red to Kill, je n’étais pas prêt à ce qui allait m’attendre. Pourtant, en bon gros amateur de films d’horreur, et en particulier de films gores voire extrêmes (je m’étais par exemple déjà farci les deux Necromantik ou encore Naked Blood), j’avais un certain bagage en termes d’avalanche de tripes, de craspec, de glauque, voire des trois à la fois. Mais un film comme Red to Kill, je n’en avais jamais vu. Je n’avais jamais vu quelque chose de frontalement aussi malaisant, d’aussi malsain, d’aussi transgressif, d’aussi noir dans son propos, qui allait sur des terrains qu’aucun autre film que j’avais pu voir jusque-là n’avait même osé suggérer. Lorsqu’on apprend en plus après coup que Red to Kill est tiré d’une histoire vraie, d’un fait divers du début des années 90 à Hong Kong, ça fait encore plus froid dans le dos. Lorsque je le revois 25 ans après, en étant en plus touché par le handicap par mon enfant, Red to Kill n’en est que plus glaçant. Et pourtant, alors que tout est fait pour que n’importe quel humain normal déteste ce film au plus haut point, Red to Kill est parmi ce qui se fait de mieux dans le genre Cat III. Mais c’est sûr qu’il faut avoir le cœur bien accroché.

Au début des années 90 et avec la démocratisation des Catégories III, tout un pan de ses derniers se sont mis à s’inspirer d’évènements réels tous plus sordides les uns que les autres. Parmi les plus connus, on citera Dr Lamb (1992) de Danny Lee ou The Untold Story (1993) de Herman Yau. Red to Kill, lui, est l’œuvre de Billy Tang, un habitué du genre puisqu’on lui doit également des bobines comme Brother of Darkness (1994), Deadly Desire (1993) ou encore le monument Run & Kill (1993) qui lui aussi a fait couler pas mal d’encre. Son Red to Kill affiche rapidement sa volonté de choquer mais aussi une virulente critique sociétale sur le handicap, la vulnérabilité et la stigmatisation, et ce dès les premières secondes du générique avec l’avertissement suivant : « Ce film espère attirer davantage l’attention sur les personnes atteintes de troubles mentaux. ». Le regard sociétal sur la justice, l’institution ou encore la responsabilité morale vont se traduire par certaines scènes chocs, comme ce moment dans le premier acte où une femme en détresse va se jeter du haut de son immeuble avec son fils dans les bras, ou encore lors de la scène du tribunal qui tient plus de la mascarade et du grotesque avec le violeur en série qui est acquitté malgré les doutes et des institutions qui ne suffisent pas à protéger l’héroïne handicapée de l’histoire. Red to Kill n’est pas le plus violent ou le plus gore des Cat III. Il n’est pas non plus le plus érotique. Mais il est clairement l’un des plus dérangeants. Il prend le temps d’établir toute la beauté et l’innocence du personnage handicapé mental interprété par Lily Chung (Daughter of Darkness, Fatal Encounter), avec de jolies petites scènes certes ô combien naïves mais parfaites pour la rendre attachante, avant de déchainer les forces de l’enfer contre elle à mi-film lors d’une scène de viol particulièrement éprouvante et malaisante pour le spectateur. Le traumatisme qui suivra ne sera guère plus supportable. Le fait de prendre comme victime centrale du film (car il y en a d’autres) une personne handicapée ajoute une dimension de fragilité et une radicalité rarement aussi exploitées dans ce type de films.

Là où Red to Kill est encore plus malaisant, c’est qu’il ne focalise pas le regard que sur ces victimes de viol, en en particulier cette jeune fille handicapée, mais l’agresseur est aussi objet de regard et de fascination morbide, avec ces nombreux plans millimétrés sur sa musculature impressionnante, sur son corps autant dénudé que celui de ses victimes, le tout dans une mise en scène de très haut niveau, surtout pour ce genre de production. La mise en scène de Billy Tang va jouer sur l’inconfort et le voyeurisme du spectateur, comme s’il était complice de ce qu’il se passait, nous plaçant dans une position vraiment délicate. Son film est visuellement et formellement très travaillé, avec notamment une très belle photographie, des jeux de couleurs et de lumières réfléchis et des cadrages millimétrés qui sortent clairement Red to Kill du simple film d’exploitation. La scène d’introduction, de toute beauté malgré le contenu choquant (un viol), nous met immédiatement dans l’ambiance. Le choix du rouge comme élément déclencheur de la folie du psychopathe n’est pas anodin, le rouge pouvant évoquer tout un tas de choses thématiquement parlant, mais pouvant également rappeler, sur un plan plus formel, les giallos. Certaines scènes (l’automutilation sous la douche) ne semblent être là que pour tester la patience des spectateurs jusqu’à la rupture, mais sont pourtant magnifiquement mises en scène au point que malgré le spectacle malaisant et les pires excès du film, avec ses scènes de viol prolongées conçues comme un vrai spectacle visuel, Red to Kill captive l’attention comme peu de films d’horreur hongkongais ont réussi à le faire jusque-là. La force d’un tel spectacle, on la doit à la mise en scène, mais aussi au talent des acteurs, en particulier du trio de tête, qui interprètent leur rôle à la perfection. Lily Chung est toute en naïveté et en fragilité malgré un tournage qu’on imagine des plus mouvementé. Money Lo (Daughter of Darkness), qui va se révéler dans la 2ème moitié du film, est impeccable en assistante sociale vengeresse. Ben Ng (Eternal Evil of Asia) est tout bonnement impressionnant dans le rôle du psychopathe qui perd la tête quand il voit une robe rouge. Il incarne le méchant comme une force de la nature imparable animée d’une rage incontrôlable. Sa descente dans la psychose totale lors du dernier acte le rendent absolument effrayant, parmi les méchants les plus mémorables du cinéma de Hong Kong. C’est sans doute à cause de ce rôle qu’il a depuis été quasiment exclusivement cantonné à des rôles de méchants.

| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Très belle mise en scène ♥ Un casting impeccable ♥ La critique sociale ♥ Un final bien furieux ♥ Son côté sans limite |
⊗ Une 2ème partie plus banale Réservé à un public très averti |
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| Malsain, dérangeant, choquant, provocateur, mais extrêmement bien foutu, Red To Kill est un des fleurons de la catégorie III de Hong Kong. A ne pas mettre en toutes les mains, certes, mais il est bien plus qu’un simple film d’exploitation. | |

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a généré près de 10M$HK au box-office local, un score très honorable pour ce genre de production « extrême ».
Titre : Red To Kill / 弱殺
Année : 1994
Durée : 1h27
Origine : Hong Kong
Genre : Dérangeant
Réalisateur : Billy Tang
Scénario : Wong Ho-Wah
Acteurs : Lily Chung, Ben Ng, Money Lo, Andy Tai, bobby Yip, Simon Cheung, John Cheung, Kimmy Suen, Hui Sze-Man, Koo Ping-Kit
























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