[Film] Petit Papa Baston, de Terence Hill (1994)


Le Far West, ses saloons enfumés, ses diligences, ses hors-la-loi, ses shérifs, ses grands espaces… et ses frères ennemis ! Tous deux chasseurs de primes et fâchés de longue date, Travis et Moïse ne peuvent pas se voir sans se quereller. Pourtant, ils n’ont désormais pas le choix : ils doivent faire équipe afin de mettre hors d’état de nuire Sam Stone, le bandit le plus recherché de la région, qui vient de s’évader de prison. Celui-ci se préparant à la tête de sa bande à attaquer une banque, Travis et Moïse lui tendent un piège. Mais tel est pris qui croyait prendre : les chasseurs de primes se retrouvent à sa place derrière les barreaux…


Avis de Cherycok :
Pour l’amateur du duo Bud Spencer et Terence Hill, regarder Petit Papa Baston, c’est quelque chose d’assez particulier. C’est à la fois un moment heureux, car on est une fois de plus content de les retrouver tous les deux ensembles, mais c’est aussi un peu déprimant car c’est leur dernière collaboration, neuf ans après le très moyen Les Super-Flics de Miami (1985). C’est Terence qui est à la mise en scène, son fils Jess Hill au scénario, et le fils de Bud Spencer, Giuseppe Pedersoli, à la production pour un film qui semble avoir été pensé comme un projet familial, avec une implication directe des descendants direct des deux stars, comme si tout ce beau monde voulait que Terence Hill et Bud Spencer fassent une tournée d’adieu, un dernier film ensemble, un dernier cadeau aux fans, quelque chose d’encore plus familial pour être vu par les familles, avec une sortie pour une période propice aux familles : Noël. Alors il est certain que Petit Papa Baston n’est pas le plus réussi du duo, loin de là, mais il y règne encore ce petit quelque chose qui fait qu’on le regarde avec beaucoup d’empathie.

Selon certains dires, Petit Papa Baston était censé être le 3ème volet de la saga Trinita, après On L’appelle Trinita (1970) et On Continue de l’Appeler Trinita (1972), tous deux réalisés par Enzo Barboni. Mais en raison de problèmes de droits d’auteur, cela n’a pas été possible, mais Certains le considèrent quand même comme une suite non officielle. On y retrouve d’ailleurs des personnages presque similaires, deux frères que tout oppose avec d’un côté Bud le bougon gros mangeur qui ne peut pas voir son frère en photo, et de l’autre Terence le dragueur un peu fouille-merde qui tire plus vite que son ombre. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là et tout a été mis en place pour qu’il y ait une sorte de continuité, mais aussi et surtout pour caresser l’amateur du duo dans le sens du poil. Ils reprennent donc leurs personnages habituels mais en bien plus vieux puisque le Petit Papas Baston a été tourné 23 ans après On Continue de l’Appeler Trinita et que, au moment du tournage, Terence Hill avait 55 ans mais surtout Bud Spencer en avait 65. Le duo fonctionne encore et on reconnait aisément ce qui faisait le charme du tandem, on prend toujours autant de plaisir à les voir se balancer des fions et les voir balancer des baffes. Mais même si l’ambiance sur le plateau était apparemment familiale, on a parfois l’impression que l’envie et la motivation n’y sont plus comme avant, du moins pas dans toutes les scènes. On ressent réellement les effets du temps et leur énergie et leur présence physique sont moins fortes qu’avant. Certaines scènes ou dialogues souffrent du contraste avec les anciens films du duo, plus vifs. Cela ne les empêche pas de remplir efficacement leur rôle, mais certains moments manquent de punch. Pourtant, même fatigués, même plus lents, leur complicité reste intacte, la sincérité et la tendresse passent encore à l’écran et c’est ce qui sauve en partie le métrage.

Comme précisé un peu plus haut, Petit Papa Baston est un film familial, et la famille est d’ailleurs au centre du récit avec la réconciliation entre frères, la figure de la mère qui cherche à les unir, et toute la dernière partie qui est un retour au foyer de cette grande famille (le personnage de Bud Spencer à 10 enfants) pour fêter noël tous ensemble. Ici, tout va être bon enfant, sans aucun cynisme et on sent une réelle sincérité dans ce film, couplée à une certaine nostalgie. Rien de commercial ici, surtout que le film est sorti à une période où le western spaghetti n’était plus du tout à la mode. Le ton est plus doux, parfois plus enfantin. Petit Papa Baston ne prend jamais de risques, ce qui permet aux fans de retrouver ce qu’ils aiment, mais en contrepartie, ça manque d’originalité avec des gags et des péripéties quelque part déjà vus, mais aussi cette impression parfois d’être devant un film qui ne correspond plus à son époque (les années 90) et que le duo Bud Spencer et Terence Hill tel qu’on le connait et qu’on l’apprécie appartient aux décennies 70 et 80. Malgré tout, l’amateur passera un moment agréable, car les choses ont été faites dans les règles de l’art. La réalisation de Terence Hill, bien que classique, est plutôt bonne avec des décors et paysages qui nous plongent immédiatement en plein Far-West (le film a été tourné au Nouveau-Mexique), tout comme la bande son de Pino Donaggio qui accentue encore plus le côté nostalgique des westerns spaghettis d’antan. Et on a même droit à la classique baston finale où les claques sont distribuées par paquets de douze dans la joie et la bonne humeur avec des gags tout mignons, à base de fourchettes qui piquent des fasses, de glissades dans du crottin de cheval et de catapulte humaine, exécutés par de jeunes enfants qui, comme c’est Noël, participent eux-aussi à la fête.

LES PLUS LES MOINS
♥ Revoir le duo une dernière fois
♥ Une alchimie qui fonctionne encore
♥ Une bonne bande son
♥ Une jolie photographie
⊗ Un Bud Spencer fatigué
⊗ Des gags déjà vus
⊗ Un méchant un peu transparent
⊗ Ça manque parfois d’entrain

Petit Papa Baston n’est pas un grand film de Bud Spencer et Terence Hill. Mais les amateurs sauront le regarder avec un oeil attendri, en se disant que c’était mieux avant mais que c’était bien de les avoir vus une dernière fois ensemble.


PETIT PAPA BASTON est disponible en DVD (18€) et en Blu-ray (19.99€) chez BQHL. Il est disponible à l’achat ICI.

En plus du film, on y trouve : Interview de Jean-François Giré, auteur du livre Il était une fois… le western européen et réalisateur du documentaire Sergio Leone, une Amérique de légende.



Titre : Petit Papa Baston / Botte di Natale
Année : 1994
Durée : 1h47
Origine : Italie / U.S.A / Allemagne
Genre : Au revoir
Réalisateur : Terence Hill
Scénario : Jess Hill

Acteurs : Terence Hill, Bud spencer, Boots Southerland, Ruth Buzzi, Neil Summers, Michael Huddleston, Anne Kasprik, Eva Habmann, Ron Carey, Jonathan Tucker
























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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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