[Film] Nieve Negra, de Martin Hodara (2017)


Accusé d’avoir tué son frère pendant l’adolescence, Salvador vit seul au milieu de la Patagonie. Plusieurs décennies plus tard, son frère Marcos et sa belle-sœur Laura viennent tenter de le convaincre de vendre les terres qu’ils partagent par héritage.


Avis de Cherycok :
J’adore la neige. Mais je vis dans un coin de France où il ne neige quasiment jamais. C’est simple, la dernière fois que de la neige a tenu plus de 10 minutes au sol, c’était en février 2015, et il n’y avait guère plus de 10cm d’épaisseur. Bref, le but n’est pas de vous raconter ma vie mais d’expliquer pourquoi je suis très souvent attiré par des films dont le cœur de l’action se situe dans des paysages enneigés. C’est ainsi que je me suis retrouvé un peu au hasard devant l’affiche de la coproduction hispano-argentine Nieve Negra et que j’ai décidé sans réellement réfléchir d’appuyer sur le bouton Lecture, sans même savoir de quoi ça parlait, sans même me poser la question si le film allait être bon ou mauvais, simplement parce que l’histoire se déroulait dans les montagnes enneigées de la Patagonie. Alors finalement, ce Nieve Negra, bon ou mauvais ? Ni l’un, ni l’autre à vrai dire, la vérité se situe entre les deux.

Premier film en solo du réalisateur Martin Hodara, Nieve Negra pourrait être résumé comme suit : Nous avons tous quelque chose à cacher. Le scénario de Nieve Negra va donc jouer la carte du passé qui va se révéler petit à petit, avec bon nombre de flashback, et un spectateur qui va petit à petit assembler les pièces du puzzle et avoir les réponses aux différentes questions qui vont se poser. L’intrigue de Nieve Negra est faite de secrets et de mensonges familiaux qui cachent, en fonction des personnages, cupidité, folie, perversion, tentation. Au fur et à mesure que le film avance, on sent qu’on ne nous dit pas tout, dans la façon dont les personnages interagissent entre eux, dans les regards, et les divers flashbacks vont venir amener la lumière sur tout ça, nous exposant le passé traumatisant des protagonistes, avec un accident de chasse ayant fait perdre le petit frère de la famille. Mais c’est là qu’intervient le premier problème du film. Déjà, le scénario de Nieve Negra est beaucoup trop explicatif et ne laisse absolument aucune place à la suggestion. Il veut tellement tout nous expliquer pour être sur qu’on ne passe à côté de rien, mais il le fait parfois maladroitement au point qu’il ne laisse jamais le temps au spectateur d’avoir une quelconque réaction émotionnelle. Tout est trop automatique car le doute ne semble jamais permis. Martin Hodara s’appuie trop sur les flashbacks, ou plutôt sur un flashback qui sera plus long à chaque fois qu’il va revenir, et sur la manière dont ceux-ci vont influencer notre vision des faits, quitte à ce que cela mette à mal la crédibilité de l’ensemble. Car autant certaines choses peuvent être logiques d’un point de vue purement scénaristiques, mais si on le voit du point de vue des personnages, c’est déjà nettement moins flagrant, voire complètement forcé pour les besoins du scénario. On a vraiment l’impression que certaines idées ont été définies dès le départ et que tout a été construit autour de ça, quitte à ce que cela fasse un peu artificiel.

Et c’est dommage car la dynamique entre les trois personnages principaux est intéressante, avec des éléments de thriller qui sont mêlés au drame familial, chacun des personnages étant motivés quelque chose de différent. Le grand frère veut simplement qu’on le laisse tranquille sur les terres familiales perdues en pleine montagne, alors que son petit frère est motivé par l’ambition économique. Au milieu, la femme de ce dernier qui va servir de lien entre les deux frères et essayer de rendre leurs relations plus humaines et moins conflictuelles. Le casting est d’ailleurs plutôt bon, en particulier Ricardo Darin (Les Nouveaux Barbares) qui campe à la perfection ce personnage bourru de montagnard asocial. Le réalisateur va sans cesse alterner les points de vue et souligner le tiraillement de ses personnages, tout en essayant de mettre en place une atmosphère trouble pleine de non-dit. Mais au final, l’ensemble manque clairement d’intensité et a même parfois du mal à captiver car le réalisateur a du mal à tirer pleinement partie des bonnes idées du film. Rien que le cadre enneigé, ces montagnes et forêts sans fin, elles apportent certes quelque chose en termes de visuel, donnant un côté inquiétant à cette cabane perdue au milieu de nulle part, sans réseau, sans personne à plusieurs kilomètres à la ronde. Les tempêtes de neiges et les plans panoramiques aériens permettent une très belle esthétique. Mais au final, il n’en fait rien ou presque au point que si l’histoire se situait en plein désert au sud de l’Espagne, cela n’aura rien changé. Nieve Negra n’est pas un mauvais film, loin de là, mais il rate son pari et il est possible qu’avec un réalisateur plus expérimenté, le résultat aurait été bien plus réussi.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes idées…
♥ Le cadre enneigé…
♥ Un bon casting
⊗ … pas toujours bien exploitée
⊗ … qui n’est au final que peu utilisé
⊗ Un scénario trop forcé.

L’idée de base de Nieve Negra était intéressante, avec son mélange de drame familial et de thriller au fin fond de la montagne patagonienne, mais le traitement que le réalisateur en fait n’est pas à la hauteur des attentes. Dommage car il y avait de la matière.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Bien que l’histoire se déroule dans la montagne patagonienne, le film a été tourné du côté de l’Andorre et des Pyrénées Occidentales, les paysages entre ces deux coins du monde étant assez similaires.



Titre : Nieve Negra
Année : 2017
Durée : 1h30
Origine : Argentine / Espagne
Genre : Petits secrets de famille
Réalisateur : Martin Hodara
Scénario : Leonel D’Agostino, Martin Hodara

Acteurs : Ricardo Darin, Leonardo Sbaraglia, Laia Costa, Feredico Luppi, Dolores Fonzi, Andrés Herrera, Bien Montoro, Mikel Iglesias, Liah O’Prey, Ivan Luengo


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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