Dans une Amérique dystopique, cinquante garçons participent à la Longue Marche : marcher sans s’arrêter, sous peine d’être abattus. Le dernier survivant obtient une récompense et un vœu.
Avis de Cherycok :
Lorsque je me suis lancé dans Marche ou Crève, The Long Walk en VO, je n’en espérais strictement rien. Je ne suis pas particulièrement fan de Stephen King, j’avais à peine vu une bande annonce pour me faire une idée de ce à quoi j’allais assister, je partais vierge de toute considération et autres attentes précises. La surprise ne fut que plus totale car bien qu’il soit loin d’être parfait, le film m’a embarqué avec lui du début à la fin. N’ayant pas lu le roman et n’ayant pas envie de le faire, j’ai pu apprécier le film pour ce qu’il est réellement lui, en tant qu’objet filmique, et pas en tant qu’adaptation de roman, m’évitant ainsi les sempiternelles questions sur ce que doit être réellement une adaptation en termes de fidélité à l’œuvre originale, en termes de libertés artistiques prises par le réalisateur, ne débouchant que sur des débats stériles. En tant que film, Marche ou Crève est une jolie petite réussite dans son genre, mais c’est aussi un film qui vous mettra mal à l’aise, avec une violence omniprésente et une ambiance souvent oppressante.

Pendant qu’il est à l’université dans la 2ème moitié des années 60, Stephen King écrit un roman intitulé Marche ou Crève, The Long Walk en VO, mais ce n’est qu’en 1979 qu’il est publié. Vu l’engouement du public pour les œuvres de King, le cinéma s’intéresse lui aussi à ce qu’il a écrit et vont naitre des films tels que Carrie au Bal du Diable (1976), Shining (1980), Cujo (1983), Dead Zone (1983) ou encore Christine (1983). C’est dans les années 80 que vient la première envie d’adapter Marche ou Crève avec George A. Romero (La Nuit des Morts Vivants) qui est pressenti en 1988 pour réaliser l’adaptation cinématographique. Le projet n’aboutit pas et il faut attendre 2007, que Frank Darabont obtienne les droits pour que le projet revienne sur le devant de la scène, prévoyant de réaliser un film étrange, existentiel et très sobre avec un petit budget. Là non plus, cela n’aboutit pas. En 2018, New Line annonce adapter le roman au cinéma, avec André Øvredal (The Troll Hunter) à la barre. C’est finalement Lionsgate qui donne 20M$US à Francis Lawrence (Je Suis une Légende, Hunger Games 2 et 3) pour adapter Marche ou Crève. Bien qu’il ne soit pas à ranger dans la catégorie des films qui ont tout cassé au box-office, le film a rapporté 62M$, soit un peu plus de trois fois son budget, ce qui est souvent considéré comme un seuil de rentabilité ou de bon retour pour un film hors blockbuster, même si l’absence d’indications sur les coûts marketing viennent un peu tempérer ce genre d’affirmations. Le bouche-à-oreilles a d’ailleurs été très favorables puisque sur un site comme l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, on notera 88% d’avis positifs. Les puristes du roman original semblent malgré tout avoir un problème avec cette adaptation qui, bien que fidèle sur de nombreux points, semble prendre des libertés sur d’autres, et cela n’a pas plu, bien que ces modifications aient été validées par Stephen King himself. Mais revenons-en au film en lui-même et avec ma vision neutre de non fan de King qui n’a pas lu le roman.

A l’instar d’œuvres telles que Battle Royale (2000) ou la série Squid Game (2021), Marche ou Crève nous présente une société en ruine en prise avec un régime totalitaire qui met en place des mesures improbables pour régler certains problèmes, et une population tellement appauvrie, manipulée, qu’elle est capable de participer volontairement à ces mesures improbables, ici, une longue marche à laquelle des jeunes gens s’inscrivent et dont il ne restera qu’un survivant, avec au bout l’espoir d’un monde meilleur grâce à de l’argent. Le parti pris de Marche ou Crève est de rester assez flou sur le monde dystopique qui est dépeint, laissant au spectateur le choix de s’imaginer lui-même ce qu’il souhaite, comme par exemple faire le lien avec les conséquences de la guerre du Vietnam sur les Etats-Unis, ou de voir dans cette longue marche un parallèle avec ces longues marches que les nazis faisaient faire aux prisonniers des camps de concentration. Ici, il n’y a que trois règles : ne pas perturber la longue marche ; ne jamais descendre en dessous de 5km/h ; ne pas s’écarter de la route. Tout manquement donne droit à un avertissement, et au bout de trois avertissement, c’est une balle dans la tête. Pendant 1h48, nous allons suivre ces 50 jeunes qui vont petit à petit diminuer en nombre et tomber dans la déchéance physique et morale au fur et à mesure que les kilomètres avancent, que les jours passent, que la folie due à la situation et à l’accumulation de fatigue s’empare de certains à cause de cet appât du gain pour le vainqueur. Marche ou Crève est un film rude, rêche, qui ne caresse pas dans le sens du poil et qui ne fait rien pour être aimé, montrant crument le destin funeste de ces jeunes pour remuer le spectateur qui n’a d’autre choix que d’assister impuissant à cela. Chaque exécution est une petite épreuve pour le spectateur tant la façon de les mettre en scène est violente et directe.

Marche ou Crève sait se faire éprouvant, pour ses personnages bien entendu, mais aussi pour le spectateur. Le rythme est possiblement volontairement lent, comme si le réalisateur voulait qu’on accompagne ces jeunes dans ce long et éreintant périple. Même chose en ce qui concerne la monotonie de la mise en scène lors des plans de marge, comme si on voulait nous mettre dans la même condition qu’eux lorsque les longues minutes / heures s’enchainent sans faire autre chose que marcher. La photographie est par contre parfois problématique. Certes, il y a de très beaux plans jouant beaucoup avec les lumières, les ombres, les moments de la journée, avec des personnages parfois presque en ombres chinoises. Mais d’un autre côté, les couleurs désaturées est un gimmick un peu trop vu et revu pour montrer un monde dystopique dépressif et le résultat visuel est fade, trop fade pour réellement retenir l’attention. On comprend le pourquoi du procédé, mais il ne surprend plus. Néanmoins, le monde dépeint est intéressant, certes pas assez développé, mais l’ambiance y est lourde, le tout appuyé par une bande son des plus intéressantes soulignant parfois l’état psychologique de certains personnages. La critique du capitalisme est là, tout comme sa cruauté, celle de nos sociétés qui deviennent un peu trop conservatrices (surtout avec le retour de Trump aux States), mais aussi celle du voyeurisme des médias qui consomment la souffrance des autres comme un divertissement, nous mettant pour le coup au même niveau que les quelques spectateurs en bord de route, attendant le passage de ces jeunes juste pour les voir mourir. Face à cela, ces jeunes n’ont plus que la camaraderie comme barrière contre la course inhumaine à laquelle ils participent. On pourra reprocher au film de ne pas assez développer tous les personnages secondaires, beaucoup n’étant là que pour être de la « chair à canon », mais les personnages centraux le sont suffisamment pour qu’on s’attache très vite à eux et que, pour le coup, on souffre avec eux. L’interprétation des jeunes Cooper Hoffman (Old Guy, Saturday Night), David Jonsson (Alien Romulus, L’Espion de Dieu) et Tut Nyuot (Steve) est d’ailleurs à saluer, tout comme la dynamique entre les personnages. Ce sont eux qui portent le film sur leurs épaules tant ils arrivent à la perfection à donner vie à leurs rôles, compensant même parfois le flou de l’univers dans lequel ils évoluent. Oui, définitivement, pour moi, ce sont bel et bien les mid-budget qui sauveront Hollywood de la débandade.

| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Un très bon casting ♥ L’ambiance lourde ♥ Les thématiques abordées ♥ Les interactions entre les personnages ♥ Le côté très râpeux ♥ La bande son |
⊗ Une toile de fond peu développée ⊗ La photographie trop fade ⊗ Quelques longueurs qui peuvent gêner |
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| Bien qu’il ne parvienne pas totalement à combler certaines attentes, Marche ou Crève est une bonne adaptation du classique de Stephen King. Sobre, cru, oppressant, c’est un film âpre qui interroge, qui dérange et qui ne cherche pas à être aimé. | |

LE SAVIEZ VOUS ?
• Les acteurs du film ont dû vraiment marcher beaucoup pour incarner l’épreuve du film. Cooper Hoffman a révélé qu’ils avaient marché « près de 640 km au total », soit environ 24 km par jour, dans une chaleur torride, sur du béton, sans ombre.
• Le film a été tourné de façon à ce que les acteurs sentent la fatigue monter, l’usure s’accumuler, ce qui renforce l’immersion. Le tournage avait un calendrier où certaines scènes étaient filmées dans leur ordre narratif, ce qui permettait aux acteurs de vivre cette fatigue « progressive ». Le lieu du tournage principal était à Winnipeg, Canada, dans des conditions météo et de terrain qui ont accentué le défi physique. Le parti-pris est clair : faire que les acteurs ressentent l’épreuve comme leurs personnages.
Titre : Marche ou Crève / The Long Walk
Année : 2025
Durée : 1h48
Origine : U.S.A
Genre : Marathon meurtrier
Réalisateur : Francis Lawrence
Scénario : JT Mollner, Stephen King
Acteurs : Cooper Hoffman, David Jonsson, Garrett Wareing, Tut Nyuot, Charlie Plummer, Ben Wang, Jordan Gonzalez, Joshua Odjick, Mark Hamill, Roman Griffin Davis, Judy Greer























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