Dans une petite ville animée, Raj, un barbier respecté, mène une vie paisible. Son salon est son sanctuaire, un lieu où les rumeurs de quartier et les secrets sont échangés contre des coupes de cheveux impeccables. Mais sa vie bascule le jour où sa maison est cambriolée. Au milieu des dégâts, Raj s’effondre lorsqu’il découvre que « Lakshmi » a disparu. Dévasté, il se rend au commissariat pour déclarer le vol. Cependant, lorsqu’il mentionne « Lakshmi », la police est déconcertée : s’agit-il de sa femme ? De sa fille ? Raj, énigmatique et déterminé, refuse d’en dire plus, si ce n’est que « Lakshmi » est une poubelle…
Avis de Cherycok :
Ayant du mal avec les codes de bon nombre de films indiens, comme les danses / chants, la déification à outrance de leurs héros, les ralentis jusqu’à l’overdose, il est vrai que je me coupe pas mal d’un gros pan de ce cinéma pourtant si apprécié d’une partie des amateurs de cinéma asiatique. Mais cela ne m’empêche pas de temps en temps chercher malgré tout à trouver des films indiens qui justement sortent de ce modèle là afin de proposer quelque chose de plus posé, de plus noir parfois également, et même de prendre un petit uppercut au visionnage comme ça a pu être le cas avec des films tels que Thar, Article 15, ou encore le film du jour, Maharaja (à ne pas confondre avec le film Maharaj sorti lui aussi en 2024), qui a même eu droit par chez nous à une discrète petite sortie dans les salles de cinéma en 2024. Salué par le public et une grosse partie de la presse spécialisée, Maharaja a été le 3ème plus gros succès pour un film tamoul en 2024 (derrière Captain Miller et Aranmanai 4) et 4ème film tamoul le plus rentable de son année, et il est même devenu le film sud-indien ayant généré le plus de recettes en Chine où il est sorti dans plus de 40000 salles, tout ça pour dire que nous ne sommes pas ici dans un petit film méconnu. Une chose est sûre c’est que, malgré bien quinze minutes de trop, Maharaja est un excellent thriller qui reste en tête plusieurs jours après visionnage.
Maharaja n’a beaucoup être que le 2ème film de Nithilan Saminathan après le joli succès Kurangu Bonmai en 2017, ce dernier fait déjà preuve d’une maitrise assez hallucinante dans l’écriture aussi bien de son scénario que de ses protagonistes principaux. Le film explore la vie de Maharaja, un barbier qui dépose une plainte au commissariat, leur répétant en boucle avec un aplomb de tous les instants qu’on lui a volé « Lakshmi », une poubelle en fer, et qu’il va même jusqu’à leur proposer une somme d’argent complètement hors de propos si jamais ils la retrouvent. Cette insistance auprès des policiers va déclencher une série d’évènements dévoilant une intrigue bien plus complexe que son pitch de base qui pourrait paraitre farfelu, avec une ambiguïté entourant ce qu’est exactement « Lakshmi » et qui va piquer la curiosité du spectateur, préparant le terrain pour un récit non linéaire, mélangeant les lignes temporelles, sans que le spectateur ne soit aucunement perdu. Le scénario, excellemment bien écrit, va explorer diverses thématiques comme la perte, la justice, la rédemption ou encore la vengeance et va entrainer le public dans un labyrinthe d’émotions et de révélations qui vont arriver avec une facilité déconcertante à faire monter la pression et à maintenir en haleine tout le long du film. Il est vrai que la mise en place aurait pu être plus courte et on a parfois l’impression que le premier acte augmente un peu artificiellement la durée du film, avec cette histoire de cambriolage qu’on fait sans cesse répéter au protagoniste principal. Mais c’est peut-être un « mal » nécessaire pour apporter encore plus de puissance aux évènements et aux révélations qui vont suivre dans ce film bourré de rebondissements inattendus, lorgnant parfois du côté de certains thrillers coréens. Plusieurs intrigues vont délibérément être laissées en suspens dans la première moitié du film pour être ensuite très habilement résolues dans la seconde et à partir d’un postulat de départ simple, Nithilan Saminathan a écrit un scénario complexe et captivant, garantissant que le public reste investi dans ce que le film raconte et se prenne un uppercut émotionnel dans l’acte final. Lorsqu’on repense à tout ce qu’on vient de voir, on se rend compte que rien n’a été laissé au hasard, et qu’un détail au demeurant insignifiant en début de film a en fait une signification bien plus forte qu’on ne l’aurait cru.
Les personnages ont eux aussi bénéficié d’un grand soin, tout du moins les personnages principaux, et chacun va s’avérer bien plus complexe qu’il n’y parait au premier abord, avec ses propres motivations et secrets, en plus d’être parfaitement interprétés. Vijay Sethupathi et Anurag Kashyap livrent une prestation assez impressionnante, apportant passion, profondeur et complexité à leurs rôles et leur interprétation rendent les personnages attachants et convaincants, plongeant le spectateur encore plus profondément dans l’histoire. On regrettera que cette force « surhumaine » que possède notre héros ne nous soit jamais expliquée, si ce n’est qu’elle pourrait découler de sa ténacité et de persévérance qu’on nous présente sans faille, mais c’est bien là le seul reproche qu’on peut faire aux personnages principaux. Le film va mélanger comédie, émotion, action, violence, avec des changements de ton parfois abrupts mais pourtant fluides, sans que jamais cela ne soit problématique car tout est placé exactement là où il faut. Lorsque Maharaja laisse parler la rage de son personnage principal dans des scènes de combats réalistes, l’action se fait plein de fureur, très brutale, avec des cadrages et un montage qui arrivent parfaitement à capturer toute la rage que ce père de famille n’arrive plus à contenir. Les coups font mal, bruitages impactants à l’appui, et le dernier acte du film n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Entre le final rageux et brutal, et le sort réservé à certains personnages (aussi bien physique que psychologique), Maharaja n’hésite pas à aller loin pour marquer le spectateur. La photographie du film arrive à capturer l’essence brute du film, mais aussi de certains décors, enrichissant le récit d’une vraie profondeur visuelle, avec en plus des musiques complétant parfaitement le récit, soulignant les moments émotionnels et dramatiques du film de bien belle manière, mais accentuant également la tension que le scénario malin met très rapidement en place. Oui, Maharaja est un film très intelligent où rien n’est laissé au hasard, où chaque chose est à sa place et où il y a une place pour chaque chose. Le réalisateur arrive à trouver un très bel équilibre entre les moments palpitants et les passages plus émouvants, jusqu’à un plan final à la fois dérangeant et magnifique.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Bien mis en scène ♥ Une intrigue captivante ♥ Un scénario bien moins simple qu’il n’y parait ♥ Un bon casting ♥ Des personnages travaillés ♥ Une bande son impeccable |
⊗ Il y a 15 minutes de trop ⊗ Des personnages secondaires moins travaillés ⊗ Quelques CGI un peu bancals |
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| Bien qu’un poil trop long, Maharaja est un thriller redoutablement efficace. Techniquement brillant, avec une narration non linéaire maitrisée, des personnages bien écrits et une tension parfaitement gérée, le cinéma tamoul nous balance un joli uppercut au visage. | |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Après le succès du film, il a été annoncé qu’Aamir Khan Productions avait acquis les droits de remake en hindi, son propriétaire Aamir Khan prévoyant d’incarner le rôle de Sethupathi.
Titre : Maharaja
Année : 2024
Durée : 2h21
Origine : Inde
Genre : Un petit uppercut
Réalisateur : Nithilan Saminathan
Scénario : Nithilan Saminathan
Acteurs : Vijay Sethupathi, Anurag Kashyap, Sachana Namidass, Mamta Mohandas, Natty Subramaniam, Abhirami, Divyabharathi, Singampuli, Aruldoss
