[Film] Les Rats de Manhattan, de Bruno Mattei et Claudio Fragasso (1984)


Deux cent ans après le lancement de la dernière bombe atomique, la planète n’est plus qu’un vaste champ de ruines. Guidé par la faim, un groupe de survivants s’est frayé un chemin vers la presqu’île de Manhattan. Cet ancien phare de la civilisation pourrait devenir leur ultime refuge. Mais ce qui les attend sur place dépasse l’entendement.


Avis de Cherycok :
Il n’y avait pas de raison que Bruno Mattei (Virus Cannibale, Robowar) et son pote Claudio Fragasso (Trolls 2, Monster Dog), toujours sur les bons coups faisant appel à leur opportunisme, ne se lancent pas eux aussi dans le post-nuke fauché suite aux succès de Mad Max 2 de George Miller et New-York 1997 de John Carpenter. C’est vrai quoi, s’il y a moyen de se faire un peu de pognon sans trop d’effort, pourquoi ils se gêneraient ? C’est ainsi que naquit Rats – Notte di terrore, sorti chez nous sous le titre Les Rats de Manhattan, mais qui, au final, n’est pas réellement un film post-apocalyptique dans le sens où le contexte post-apo ne sert pas à grand-chose puisque, passée l’introduction, quasiment toute l’action se passe en intérieur. Le film joue plutôt la carte du film d’attaques d’animaux comme l’ont fait plusieurs autres bobines à l’époque, à l’instar Les Bêtes Féroces Attaquent de son comparse Franco Prosperi sorti la même année. Sauf qu’ici, point d’ours ou de lion agressifs, mais des rats, plein de rats. Ils ont envahi Manhattan, et ils ont envie de grignoter tout ce qui bouge.

Tourné en environ quatre semaines pour un budget dérisoire, les intérieurs des Rats de Manhattan ont été recréés dans les studios De Paolis à Rome. Pour certaines séquences, certains décors du film Il Etait une Fois en Amérique de Sergio Leone ont été réutilisés. Le film a subi de la censure dans de nombreux pays comme par exemple au Canada où un plan dans lequel un rat sort de la bouche d’une jeune fille morte n’est pas présent. De nombreuses éditions vidéo ont eu droit au même sort à cause d’un contenu parfois explicite. Le film commence par une voix off nous narrant le contexte sur des stockshots du grand canyon et des gros plans de gros lézards qui semblent avoir survécus aux bombes nucléaires. Mais surtout, Les Rats de Manhattan, c’est des moments d’une nanardise à toute épreuve comme cette attaque de rats (en fait des faux rats collés sur une sorte de tapis roulant) qui pourra générer un fou rire incontrôlable à qui est un tant soit peu réceptif à ce genre de cinéma très bis, mais pas que. Nos personnages sont apeurés comme s’ils avaient devant eux une menace terrifiante alors que les plans sur les rats les montrent quelque peu indifférents à ce qu’il se passe, et qui parfois même se cachent. Certains personnages sont également improbables comme ce soit disant génie de l’informatique qui dit des choses du genre « Cette stupide machine a besoin d’un coup de pied dans les couilles », le seul personnage noir qui s’appelle « Chocolat » (voilà voilà…) ou encore le philosophe du groupe qui balance des trucs intellos mais qui avoue avoir lu ça dans des livres avec un grand aplomb. Le jeu d’acteur est inexistant ou, à l’inverse, complètement over the top, avec un casting surjouant les émotions dès qu’il en a l’occasion, comme s’il essayait de rendre certaines scènes plus intenses qu’elles ne l’étaient réellement. Ça en devient carrément grotesque lors du final où tout le monde crie dans tous les sens alors que, clairement, il n’y a absolument aucune musique avec ces pauvres rats presque amorphes sur le sol.

Les Rats de Manhattan manque quand même un peu de rythme, avec des scènes de remplissage, mais qu’on accepte en attendant la prochaine scène nanardesque jusqu’à un final complètement improbable qui lorgne un peu du côté de celui de La Planète des Singes parce qu’il n’y a pas de raison de recycler plusieurs films en même temps. Qui dit Mattei, dit gore, et y’en a du bien craspec avec par exemple des cadavres rongés jusqu’à l’os (dont il a le secret), mais aussi des corps qui explosent, des visages plein de plaies, … On a même droit à un peu de cul avec foufoune et bitounette apparentes. Mais parlons un peu des rats du titre qui sont possiblement les meilleurs acteurs du film. Dotés d’une intelligence supérieure, les milliers de rats sont dirigés par un rat blanc aux yeux rouges qui observe sans cesse avec ses petits yeux malicieux. Ces pauvres rats semblent souvent drogués, balancés parfois par dizaines sur les acteurs par des techniciens, avec malheureusement, comme il fallait s’y attendre, pas mal de maltraitance envers ces pauvres bestioles qui n’avaient rien demandées, avec moult rats qui sont frappés, brulés, tués. On peut comprendre que le but de la manœuvre était de rendre certaines attaques de rats plus réalistes, mais on n’était pas à un effet spécial pourri près et personne n’aurait rien dit s’il des animatronics mal faits, voire des marionnettes façon peluche, avaient été piétinés et brulés. Il n’y a pas grand-chose de crédible dans le film à un point que ça en devient souvent hilarant mais il subsiste dans tout ce bordel quelques points réellement réussis. Il y a par exemple la photographie, qui donne parfois aux scènes un côté baroque, mais également la bande originale de Luigi Ceccarelli qui, dans un pur style du cinéma fauché de cette époque, arrive à retenir l’attention et se marie parfaitement avec les images. A noter une VF souvent assez magique, avec par exemple des femmes essoufflées (car elles viennent de courir) mais qui semblent en pleine coït ou encore des gros mots à tire-larigot (« des cons d’enculés de merdeux de rats ») dans des dialogues encore plus improbables que dans la VO. Tout simplement épique.

LES PLUS LES MOINS
♥ Beaucoup d’action
♥ Ça pète et ça crame de partout
♥ Très kitch et bien ringard
♥ Henry Silva
⊗ Un scénario aux oubliettes
⊗ Un peu répétitif

Note :
Note nanar :

Dernier rentré dans la collection Atomic Future de chez Pulse Video, Les Rats de Manhattan est un petit bonbon sucré pour les amateurs de mauvais films sympathiques. Le duo Bruno Mattei / Claudio Fragasso a encore frappé et c’est du bon nanar !

LE SAVIEZ VOUS ?
• En Allemagne, le film a été présenté comme le 3ème opus de la saga Les Guerriers du Bronx de Enzo G. Castellari


LES RATS DE MANHATTAN est sorti chez Pulse Video en Blu-ray à 20€. Il est disponible à l’achat ici : PulseStore.Net

En plus du film, on y trouve : Jaquette réversible, Le film en VHS-Vision, Making-of Mad Rats – The Making of a Cult (55min), Interview-Carriere de l’actrice Geretta Geretta (13min), Sélection de bandes-annonces de films réalisés par Bruno Mattei et Claudio Fragasso (10min), Bande annonce du film.



Titre : Les Rats de Manhattan / Les Mutants de la seconde Humanité / Rats – Notte di terrore
Année : 1984
Durée : 1h26
Origine : Italie
Genre : Humains vs rats
Réalisateur : Bruno Mattei, Claudio Fragasso
Scénario : : Bruno Mattei, Claudio Fragasso, Rossella Drudi

Acteurs : Ottavio Dell’Acqua, Geretta Geretta, Massimo Vanni, Gianni Franco, Ann-Gisel Glass, Jean-Christoph Brétignière, Fausto Lombardi, Henry Luciani


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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