[Film] Le Masque de Satan, de Lamberto Bava (1989)

Un groupe d’amis se rend dans une station de ski isolée, mais une grande crevasse s’ouvre soudainement sous eux. Ils se mettent tous à la recherche d’un moyen de sortir de la crevasse. Mais l’endroit où ils ont sombré cache un terrible secret. La momie de la sorcière Anibas est conservé dans la glace, son visage portant le « masque de Satan », un instrument de torture utilisé par les inquisiteurs contre les sorcières. Le jeune homme libère le visage de la momie de son « masque » métallique, libérant ainsi les forces du mal.


Avis de Rick :
1989. Le cinéma Italien va très mal. Fulci est en fin de vie et n’est plus que l’ombre de lui-même, Argento part doucement faire quelques films à l’étranger (le film à sketchs Deux Yeux Maléfiques, en compagnie de George A. Romero), Sergio Martino ne tourne plus grand-chose d’intéressant, Antonio Margheriti vient de signer le bancal Alien la Créature des Abysses, Umberto Lenzi livre des films de moins en moins intéressants. Ceci dit, malgré la santé faiblarde de leur cinéma, les cinéastes résistent, et se serrent les coudes. Fulci, bien que malade, se retrouve souvent à la production des films des autres, certains réalisateurs se donnent des coups de mains, et certains réalisateurs émergent, comme Michele Soavi, dont la carrière aura débuté en 1987 avec Bloody Bird, et qui livre en 1989 son second film, Sanctuaire (La Chiesa). Soavi d’ailleurs, il fait souvent l’acteur dans les films des autres, comme pour filer un coup de main, dans les films d’Argento, dans quelques post apo signés D’Amato ou Deodato, et bien entendu, chez Lamberto Bava, depuis La Maison de la Terreur en 1983. Revenons en 1989. Lamberto Bava, après avoir réalisé les années précédentes Demons 1 et 2, a du mal, comme tout le monde. Parfois, comme dans le film qui nous intéresse, il doit se tourner vers la télévision, car Le Masque de Satan est un téléfilm. Un film intéressant sur plus d’un point. Tourné pour la télévision, diffusé en Italie en 1990, il est diffusé sous le titre Le Masque de Satan en France en 1992, dans une collection de 4 téléfilms, Sabbat. Et là, si vous êtes un brin cultivés, vous avez déjà bloqué sur le titre même du film. Car oui, dans les faits, Le Masque de Satan est un « remake » (notez les gros guillemets) du Masque du Démon fait en 1960. Soit le premier film de Mario Bava, papa de Lamberto. Remake donc, qui ne reprend grossièrement que le point de départ, et donc, une scène. Une sorcière, tuée à l’époque, et le visage recouvert par un masque censé la damner pour l’éternité.

Maintenant, pour la culture, avant de parler du film, il faut savoir qu’à l’époque, si la plupart des pays respectent le titre original, le métrage sort néanmoins en vidéo aux Etats Unis sous le titre Demons 5 : The Devil’s Veil, et au Japon sous le même titre. Ironiquement, puisque donc, le téléfilm date de 1989, et que le Demons 3, à savoir Black Demons de Umberto Lenzi, date de 1991. Qu’importe, puisque depuis, l’éditeur Severin a dépoussiéré le film, presque perdu avec les années, pour le sortir en Blu-ray sous son vrai titre. En ce qui concerne le film, alors soyons honnête, quand on pense que Le Masque du Démon était le premier film officiel de Mario Bava, qui montrait alors un grand talent minutieux, et que Le Masque du Satan arrive plus de 10 ans après les débuts de son fils Lamberto Bava, et se montre bancal, voire mauvais sur pas mal de points, ça fait mal. Mais ne cherchons pas à le comparer, car à part la mort de la sorcière, ouverture du film chez le père et flashback maladroit chez le fils, les deux films n’ont pas grand-chose en commun. Le Masque de Satan met en avant une bande de jeunes, qui après un montage bancal (désolé, mais vu comment tout s’enchaîne et la différence des décors entre les plans…), tombent dans une crevasse. Ils découvrent ici le corps congelé dans la glace de Han S…. non, de la sorcière, Anibas, le visage recouvert par un masque, et ne trouvent pas de meilleure idée que de récupérer le masque. Sortant enfin de la crevasse, ils se retrouvent dans un village désert alors qu’une tempête de neige fait fureur, et trouvent refuge dans la demeure du seul habitant, un prêtre aveugle. Mais l’esprit d’Anibas a donc été réveillé, et va prendre possession de tous les jeunes, sauf un irréductible gau… sauf David. Pourquoi ? On le saura, enfin je crois, sur la fin. Et ce Masque de Satan donc, c’est bancal, extrêmement bancal. Enfin non, c’est bancal, fauché, et comme beaucoup de films Italiens de cette époque, ça essaye de cacher son incompétence et son manque de budget derrière l’excuse de l’ambiance onirique.

En gros, ne cherchez pas dans le scénario du film de la cohérence, une narration solide ou un sens profond, il n’y a aucun sens, aucune cohérence, et ce dès le début. Même la manière donc la sorcière va contaminer son environnement n’a aucun sens, possédant les jeunes en les faisant devenir… cons, vulgaires, et bruyants. Effrayant non ? Evidemment, en plus, téléfilm oblige, le budget ne semble pas énorme, et donc le film ne fait jamais grand-chose de son village abandonné sous la neige, on ne verra que quelques rues (pendant, au total, 2 minutes) et basiquement un bâtiment (la demeure où se déroule tout le film) et une sorte de grange vide. Ajoutons à cela que les quelques twists du scénario sont prévisibles à des kilomètres. Oui, prenez les lettres des noms des personnages, wow, ça forme Anibas. Ooooh, une fille serait possédée, elle s’appelle Sabina, fou ça, si on le lit à l’envers, ça donne Anibas… Vous avez compris le niveau je pense. Et pourtant… et pourtant même dans ses mauvais côtés, Le Masque de Satan parvient à divertir, et a aussi quelques bonnes choses à proposer. Déjà, autant souvent, le scénario ne veut rien dire et se cache derrière l’excuse du rêve, tout ça, autant l’ambiance en elle-même, bien qu’encore une fois le film soit fauché, a ce petit quelque chose, entre ses éclairages surréalistes, quelques plans bien trouvés, et surtout, toujours un gage de qualité, la musique de Simon Boswell (déjà à l’œuvre sur Demons 2, mais qui bossera aussi sur Hardware, Petits Meurtres entre Amis ou Lord of Illusions). Les effets spéciaux, bien que rares (encore une fois, le budget), ne sont pas les plus mauvais du genre, et on pourrait même dire que certains designs sont sympas comme tout, notamment en ce qui concerne Anibas et sa première vraie manifestation, avec ses jambes de…. Poulet ?

Pour le gore en lui-même par contre, on repassera, sans doute encore à cause du bas budget, mais le film est extrêmement radin, préférant jouer sur l’ambiance, l’étrange, et ses créatures. Après tout, réellement, il n’y a qu’une scène vraiment gore dans le métrage. Dommage que le final, bien que divertissant, parte dans absolument tous les sens, comme toujours en dépit du bon sens et de la logique, avec des éclairs, des… boucliers d’énergie vert et j’en passe. Bava s’est lâché, et pas forcément pour le meilleur, encore plus quand on essaye de mettre un peu d’ordre dans ce bordel, et qu’on se rend compte que la grande et terrifiante sorcière, en réalité, elle veut juste se taper David tout le long du film car il est censé être puceau. Métrage intéressant ? Oui, sur pas mal de points. Bon film ? Pas vraiment, mais pour pas mal de raisons, en particulier son ambiance et une poignée de scènes, je n’arrive pas vraiment à détester ce Masque de Satan. Par contre, s’il faudrait conseiller un métrage à de jeunes cinéphiles découvrant le cinéma Italien, évidemment qu’on va plutôt les aiguiller vers Le Masque du Démon par Mario Bava, plutôt que la bancale relecture de son fils Lamberto Bava. Mais pour les plus aguerris, surtout maintenant que le film est trouvable, et si vous avez survécu au reste de la production Italienne de cette période, ça demeure une curiosité qui peut valoir le coup d’œil.

LE MEILLEUR LE PIRE
♥ Une ambiance particulière
♥ Quelques bonnes scènes
♥ La musique de Simon Boswell
⊗ Ça ne veut juste rien dire
⊗ Parfois incroyablement stupide
⊗ Fauché
⊗ Des soucis de rythme
note2
Le Masque de Satan, pseudo relecture du Masque de Démon de Mario Bava par son fils Lamberto, aussi nommé à l’époque Demons 5 dans certains pays, c’est bancal, fauché, et ça se cache derrière l’excuse de l’onirisme pour camoufler son incompétence et le fait que c’est n’importe quoi. Mais dans tout ça surnage quelques éléments intéressants et un film pas désagréable, à défaut de convaincre.


Titre : Le Masque de Satan / La Maschera del Demonio
Année : 1989
Durée :
1h34
Origine :
Italie
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Lamberto Bava
Scénario :
Massimo De Rita et Giorgio Stegani
Avec :
Giovanni Guidelli, Debora Kinski, Stanko Moinar, Wanja Mary Sellers, Alessandra Bonarota, Laura Devoti, Michele Soavi, Stefano Molinari, Eva Grimaldi et Ron Williams


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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