
En 1645, Matthew Hopkins mène en Angleterre une chasse cruelle à tous ceux qui ne se plient pas à l’ordre chrétien. Il prend sa mission très au sérieux et les récalcitrants sont assurés de mourir sur la potence ou dans le feu. Un prêtre d’un petit village devrait également subir ce sort. Mais la nièce de l’homme arrêté fait à Hopkins une offre irrésistible pour racheter la liberté de son oncle.
Avis de John Roch :
Lorsque l’on évoque la chasse aux sorcières en Angleterre, le nom le plus connu est sans aucun doute celui de l’inquisiteur Matthew Hopkins. Autoproclamé « Witchfinder general » sans avoir de titre officiel de la royauté alors plongée en pleine guerre civile, Hopkins est responsable selon les données historiques de la mort de 100 à 300 personnes accusées de sorcellerie entre 1645 et 1647 dans un pays fortement puritain où la peur du diable était très répandue. Figure sinistre de l’histoire anglaise, Matthew Hopkins est très présent dans la culture populaire Anglaise, de la BD à la musique en passant par la littérature, la télévision et le cinéma. Le Grand Inquisiteur est une adaptation du roman éponyme de Ronald Bassett publié en 1966, dont les droits sont achetés avant sa parution par Tigon, l’une des sociétés qui a émergé pour concurrencer la Hammer sur le terrain du fantastique British, alors sur la pente descendante. Producteur de films à petits budgets, Le Grand Inquisiteur pose problème à Tigon car le film demande plus d’argent que ce que la société peut injecter et entame une collaboration avec AIP ( American International Pictures) qui finance un peu moins de la moitié du film et impose en contrepartie la présence de Vincent Price dans le rôle de Matthew Hopkins, source de conflits entre l’acteur et le jeune ( 23 ans lors du tournage, décédé moins d’un an après la sortie du métrage) réalisateur Michael Reeves qui voulait Donald Pleasence. Le script est réécrit en fonction du changement d’interprète, mais aussi pour éviter des problèmes avec la BBFC, qui juge le premier jet trop violent.
Le Grand Inquisiteur avait fait grand bruit à sa sortie pour la violence affichée dans le métrage. Si aujourd’hui le film ne paraît pas si violent que ça, c’est finalement très sage voire même décevant sur ce point, il faut replacer le film dans son époque pour constater que le métrage proposait du jamais vu en terme de violence dans le cinéma Anglais. La fin des années 60 marque un tournant dans la représentation de la violence à l’écran, Le Grand Inquisiteur en est un très bon exemple car bien qu’il soit aujourd’hui considéré comme le fer de lance de la folk horror avec La Nuit Des Maléfices et The Wicker Man, il n’est aucunement un film fantastique. Le surnaturel est ici abandonné au profit d’un récit cru et réaliste. Si vous pensiez avoir la moindre once de fantastique dans Le Grand Inquisiteur, vous vous trompez. Le métrage est avant tout un film historique, qui ne se focalise pas uniquement sur Matthew Hopkins mais replace sa chasse aux sorcières dans le contexte de guerre civile dans laquelle s’était engouffrée l’ Angleterre. Si elle est évoquée, la sorcellerie dans Le Grand Inquisiteur n’est jamais montrée de quelque manière que ce soit, il n’ y a même aucune trace de son existence. Ici, Matthew Hopkins est plus décrit comme un homme qui se sert de son pouvoir de manière abusive, profitant de la religion et des dérives autoritaires que lui confère son statut pour arriver à ses fins.
Avec ses scènes de tortures choquantes pour l’époque, on est loin de l’horreur gothique de la Hammer ou le gore grand guignolesque d’ un Hershell Gordon Lewis, le récit du Grand Inquisiteur est tout ce qu’il y a de terre à terre et se mue même à mi-chemin en revenge movie lorsque Matthew Hopkins et son assistant sadique se retrouvent traqués par un soldat qui veut venger le viol de sa femme et la mort de l’ oncle de celle-ci pendu pour sorcellerie. On regrettera quelques scènes à l’utilité à remettre en question, mais le métrage se renouvelle assez pour captiver l’attention. Bénéficiant d’une belle reconstitution d’époque malgré l’étroitesse du budget, Le Grand Inquisiteur est également une œuvre d’une certaine beauté grâce à la mise en avant des décors naturels de la campagne Anglaise, la ou la majorité des films fantastiques British étaient tournés en studio. Inspiration revendiquée par le réalisateur, il se dégage également du métrage une ambiance de western avec bagarre dans un pub, fusillades et poursuite à dos de cheval. Tout cela fait du Grand Inquisiteur un métrage important et innovant pour son époque. Si l’ensemble peut paraître aujourd’hui vieillot et dépassé, le film se doit d’être vu pour son coté novateur, sa rupture avec le fantastique gothique et son abandon du surnaturel pour quelque chose de plus réaliste qui a tracé un nouveau chemin pour le cinéma de genre Anglais.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un film important dans le paysage fantastique Anglais ♥ Le coté réaliste qui tranche avec ce qui se faisait alors en Angleterre ♥ Le coté historique et réaliste |
⊗ Finalement assez sage ⊗ Quelques scènes dispensables |
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Si Le Grand Inquisiteur peut paraître aujourd’hui vieillot et dépassé, le film se doit d’être vu par les amateurs de cinéma fantastique Anglais pour son coté novateur, sa rupture avec le fantastique gothique et son abandon du surnaturel pour quelque chose de plus réaliste qui a tracé un nouveau chemin pour le cinéma de genre Anglais. |
Titre : Le grand inquisiteur / Witchfinder general
Année : 1968
Durée : 1h27
Origine : Angleterre
Genre : Inquisition
Réalisateur : Michael Reeves
Scénario : Tom Baker et Michael Reeves
Acteurs : Vincent Price, Ian Ogilvy, Rupert Davies, Hilary Heath, Robert Russell, Nicky Henson, Tony Selby, Michael Beint, Bernard Kay, Beaufoy Milton, John Trenaman