
Résultat d’une fusion entre ADN humain et extraterrestre, la sculpturale Sil semble extérieurement beaucoup plus femme que créature d’une lointaine galaxie. Des apparences trompeuses car, après s’être évadée de la prison laboratoire où elle était détenue, elle disparaît dans Los Angeles. Portée par son instinct de procréation, Sil multiplie les victimes. Devant le danger qu’elle représente, le professeur Xavier Fitch mobilise deux scientifiques, un médium et un tueur à la solde du gouvernement. Ils ne seront pas de trop pour la retrouver et la mettre hors d’état de nuire.
Avis de Cherycok :
Mon marathon Steven Seagal m’a épuisé et m’a forcé à prendre quelques semaines de pause avant de me lancer un nouveau défi. Mais je me sens enfin prêt à affronter non pas une nouvelle filmographie complète d’acteur de seconde zone (on verra plus tard), mais une nouvelle saga. J’ai décidé de jeter mon dévolu sur La Mutante, une saga de seulement quatre films s’étalant de 1995 à 2007, d’autant plus que j’avais bien apprécié le premier film à sa sortie et que j’ai toujours voulu le revoir. Et comme quand je commence une saga, je la termine, j’enchainerai bien entendu sur les trois suites prochainement. Mais revenons-en à La Mutante que j’avais bien aimé à mes 15-16 ans, possiblement grâce à la plastique avantageuse de Natasha Henstridge et à mes hormones qui bouillaient à la moindre actrice physiquement intelligente qui se dénudait. Ha l’adolescence… Mais des souvenirs qu’il me reste presque 30 ans après de La Mutante, je me souviens d’un film bien plus sympathique qu’il n’y parait, et c’est ce que j’ai voulu vérifier avec ce revisionnage. Et oui, vraiment, La Mutante est un bon petit film.
C’est au réalisateur de Cocktail (1988), Guet-Apens (1994), Le Pic de Dante (1997), Braquage à l’Anglaise (2008) ou encore The November Man (2014) que revient la charge de réaliser La Mutante avec malgré tout un très confortable budget de 35M$US, à croire que le studio croyait vraiment à ce projet sexy et gore à une époque où le cinéma d’horreur n’était plus tendance. Et ils ont eu raison car, malgré les critiques plutôt négatives, le film connait un joli succès commercial, engrangeant environ 115M$ au box-office et trois suites seront donc produites, dont deux directement en vidéo. Oui, le film a marqué les esprits au point que l’éditeur Dark Horse a publié une adaptation en quatre numéros sous forme de Comics écrits par le scénariste du film et dessinés par Jon Foster (Batman, Aliens vs Predator vs Terminator, …). Mais revenons-en au film. Mine de rien, on a un très joli casting : Michael Madsen, Ben Kingsley, Alfred Molina ou encore Forest Whitaker. Le quatuor Madsen / Molina / Kingsley / Whitaker campe une jolie brochette de personnages, avec une mention spéciale pour celui un peu barré de Whitaker, empathique et attachant, mais dommage que Marg Helgenberger soit un cran en dessous dans le rôle du love interest de Madsen. Et puis il y a donc Natasha Henstridge qui interprète la mutante du titre. Cette dernière s’en sort parfaitement dans ce rôle de femme à la fois pure et innocente (car elle découvre tout) mais totalement létale dès qu’elle se sent menacée. La créature a été créée par H. R. Giger, peintre et plasticien suisse qui a conçu notamment l’Alien du film Alien, le huitième passager (1979) de Ridley Scott. Il avait imaginé plusieurs étapes de la transformation de Sil la mutante, mais le film n’a au final utilisé que la dernière. La créature est complètement sexualisée, avec des seins et même des tentacules qui lui sortent des tétons, et c’est complètement assumé étant donné que son but est de se reproduire.
La Mutante s’inspire de films tels que Lifeforce de Tobe Hooper ou encore The Hidden de Jack Sholder, mais il assimile complètement ses références et s’en sert pour se créer sa propre identité et proposer quelque chose d’au final assez frais, inventif et surtout efficace. Le scenario ne se contente pas de mettre en scène une créature et de la faire tuer. On y suit son évolution physique, son adaptation dans un monde qu’elle ne connait pas, la façon dont elle emmagasine et assimile toutes les informations qui l’entourent. En parallèle, on suit un groupe de personnes hétéroclites qui la recherchent avec bien entendu celui qui l’a créé, mais pas que puisqu’il s‘est entouré d’une équipe de spécialistes (tueur, médium, biologiste, anthropologue) et ils vont la traquer. Une sorte de jeu du chat et de la souris où on va aller de cadavre en cadavre. C’est peut-être parfois un peu trop fantaisiste, surtout par rapport aux théories et procédés que le film avance (pourquoi injecter une séquence d’ADN extraterrestre dans un ovule humain ???), mais ça fonctionne sans aucun souci car le film, malgré son budget très confortable, ne cherche jamais à être plus qu’une bonne petite série B de luxe avec une mise en scène maitrisée du début à la fin. Alors, oui, on a des CGI de 1995, très visibles, qui piquent méchamment les yeux lors du final, mais les effets practicals sont superbement réussis, parfois bien crados comme lorsque, dans la scène du train, notre « mutante » sort de son « cocon ». Le film comporte également du bon gore qui tache : arrachage de colonne vertébrale, tête transpercée par la bouche, et autres joyeusetés, même si au final ces moments ne sont pas si nombreux. Il en résulte un divertissement parfois stupide mais toujours divertissant et il demeure, quoi qu’on en dise, un des meilleurs films d’horreur des années 90, sorti avant que le tsunami Scream ne déferle sur les écrans et vienne dynamiter un genre qui était devenu moribond depuis plusieurs années.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le casting et Les personnages ♥ Des scènes vraiment funs ♥ Le look de la créature ♥ Bien mis en scène ♥ Le sex-appeal de Natasha Henstridge |
⊗ Les CGI datés ⊗ Des incohérences et facilités ⊗ Une Marg Helgenberger en deçà |
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La Mutante est tout aussi stupide qu’il est divertissant. Parfois gore, souvent sexy, bien rythmé, doté d’un casting trois étoiles, le film de Roger Donaldson est une bonne série B de luxe pour qui a envie de se détendre le cerveau 1h47 durant. Un bon cru horrifico-fun 90’s. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Pendant la production, MGM a décidé de ne pas tourner la séquence du « train cauchemardesque » afin de réduire les coûts. H.R. Giger n’était toutefois pas disposé à accepter cela, il a donc dépensé cent mille dollars de sa poche pour financer la séquence.
• Michael Madsen a un jour déclaré que c’était l’un des rares films qu’il avait tournés dont il était fier, mais il a qualifié la suite du film de « minable » et a admis qu’il l’avait seulement fait pour l’argent.
• Frank Welker, qui a fourni les effets sonores extraterrestres de Sil, a déclaré que c’était l’un des rôles les plus éprouvants pour ses cordes vocales, avec les différents types de cris et de hurlements qu’on lui avait demandé de créer, mais qu’il s’était tout de même beaucoup amusé.
Titre : La Mutante / Species
Année : 1995
Durée : 1h48
Origine : U.S.A
Genre : Belle à en crever
Réalisateur : Roger Donaldson
Scénario : Dennis Feldman
Acteurs : Natasha Henstridge, Michael Madsen, Ben Kingsley, Alfred Molina, Forest Whitaker, Marg Helgenberger, Michelle Williams, Jordan Lund, Don Fischer