[Film] Hot Fuzz, de Edgar Wright (2007)

A Londres, le policier Nicholas Angel est le meilleur de son équipe. Tellement bon qu’il fait passer ses collègues pour de simples gardiens de la paix. Le chef de la brigade décide donc de le « promouvoir » dans le petit village de Sandford, où il ne se passe rien. Aux côtés du policier local Danny Butterman qui rêve de devenir Mel Gibson, Nicholas règle quelques contraventions sans grand intérêt. Une série de crimes étranges va le remettre dans l’action…

Avis de Cherycok :
Le succès au cinéma et surtout en DVD de Shaun of the Dead est tel que, forcément, le trio Edgar Wright / Simon Pegg / Nick Frost se devait de revenir rapidement sur les écrans. Après avoir planché sur une suite qui aurait pu s’intituler From Dusk Till Shaun, l’idée est abandonnée et un autre film est mis en chantier, Hot Fuzz, une parodie / hommage aux buddy movies des années 80/90 qui va s’avérer tout aussi culte que leur film précédent, appliquant la même recette, corrigeant le tir sur les quelques imperfections, avec à l’arrivée une bobine jouissive, souvent à mourir de rire, avec un réalisateur et un duo s’acteurs qui savent parfaitement ce qu’ils font et des références au service du film (et non l’inverse). Oui, ce deuxième opus de la non officielle trilogie « Cornetto » est sans doute le plus réussi des trois films. Et bien qu’aujourd’hui, tout le monde connait au moins de nom Hot Fuzz et tout a déjà sans doute été dit dessus, il fallait que je vous parle d’un de mes films anglais préférés.

Après le gros succès de Shaun of the Dead, Pegg et Wright ont eu carte blanche pour faire ce qu’ils voulaient dans leur prochain film. Après avoir décidé de laisser les monstres de côté et de faire un film hommage / parodique au buddy movies, Edgar Wright et Simon Pegg ont passé pas moins de 18 mois à écrire le scénario, période pendant laquelle ils ont regardé pas loin de 140 films policiers pour se donner des idées, mais aussi pour dénicher tous les clichés inhérents au genre. Ils ont également lu le livre « Bigger Little Movie Flossary du célèbre critique de cinéma Roger Ebert qui répertorie tous les clichés des films d’action afin de pouvoir en inclure au maximum dans leur film, tout en en prenant dans d’autres films tels que Mad Max, L’Arme Fatale ou encore Bad Boys. Une cinquantaine de policiers sont également interviewés, afin de récolter des anecdotes, mais aussi des punchlines. Une fois le scénario bouclé, Simon Pegg par à l’entrainement quelques semaines et c’est parti pour un tournage de presque trois mois dans lequel Edgar Wright va pas mal s’inspirer de son dernier film amateur, Dead Right, qui était déjà une sorte d’Arme Fatale dans sa région natale, le Somerset. Lorsque le film sort en salles, c’est à nouveau un succès, Hot Fuzz rapportant 80M$ à travers le monde pour un budget estimé entre 10 et 16M. Mais à l’instar de son petit frère Shaun of the Dead, c’est lors de la sortie du DVD qu’on assiste à un ras de marée, avec plus d’un million de DVD vendus rien qu’au Royaume-Uni en seulement quatre semaines. Aux Etats-Unis, le film s’est classé n°2 des ventes de DVD sur le sol américain. La réussite est totale et même des réalisateurs et/ou scénaristes reconnus ventent publiquement les louanges du film, à l’instar de Shane Black qui affirme avoir énormément apprécié Hot Fuzz. Les critiques presse sont un peu moins dithyrambiques que pour Shaun of the Dead mais sont malgré tout généralement très positives, saluant régulièrement le côté extrêmement divertissant du film, l’humour souvent très bien trouvé et l’alchimie palpable entre Simon Pegg et Nick Frost. Bref, en un mot comme en cent, après le ras de marée Shaun of the Dead, Hot Fuzz a définitivement fait comprendre à l’industrie cinématographique qu’il fallait désormais compter sur Edgar Wright.

A l’instar de Shaun of the Dead, les références et clins d’œil sont ici très nombreux. Outre Point Break et Bad Boys 2 qui sont ouvertement cités, il n’y a pas besoin d’avoir un master en cinéma pour en voir d’autres. Le Flic de Beverly Hills, L’Arme Fatale, James Bond, Jackie Chan, L’inspecteur Harry, Deux Flics à Miami, Piège de Cristal, Les Affranchis et de nombreux autres (Jurassic Park, Bud Spencer et Terence Hill, Chuck Norris, …), le tout à la sauce John Woo lors d’un final façon Heroic Bloodshed absolument jouissif dans lequel nos deux flics vont échanger des coups de feu en sautant au ralenti dans les airs une flingue dans chaque main contre une bande du troisième âge. Mais tout comme Shaun of the Dead, ces références /clins d’œil ne sont pas là pour être là et Edgar Wright les a parfaitement assimilés et les recrache avec son style à lui, avec sa vision à lui de tous ces clichés du genre, avec énormément de tendresse. Car au final, le côté parodique n’est qu’effleuré et c’est bel et bien l’hommage à tous ces films avec lesquels Edgar Wright et Simon Pegg semblent avoir grandi qui ressort tout du long. A aucun moment Wright ne se moque de ses personnages, aussi couillons qu’ils soient parfois. A l’inverse, ça se sent qu’il les aime, qu’il a passé du temps à les écrire, et avec la complicité palpable entre Simon Pegg et Nick, Frost, le résultat n’en est que plus efficace. Wright va s’amuser à rajouter à sa comédie un mystère lorgnant aussi bien du côté de Scooby-Doo que des neo-slashers du type Scream, en jouant à nouveau avec les clichés, afin que derrière la pantalonnade, il y ait un vrai scénario, un vrai suspense, une vraie implication du spectateur et une vraie surprise lors de la découverte du pot-aux-roses. Certes, le scénario s’amuse à coller des prédictions afin de donner des indices aux spectateurs, mais là aussi c’est extrêmement bien fait toujours en s’amusant avec les poncifs du genre. Avec une multiplication des personnages tous plus farfelues les uns que les autres, beaucoup d’entre eux manquent certes de développement, mais rien n’est laissé au hasard et tout est suffisamment malin pour qu’à aucun moment cela ne vienne perturber un film qui, du haut de ses deux heures, passe clairement beaucoup trop vite. Ajoutez à cela une mise en scène de Wright aux petits oignons et une bande originale sincèrement entrainante et vous obtiendrez le meilleur film de la trilogie Cornetto. Certes, le troisième opus, Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde, a lui aussi pas mal de qualités (nous y reviendrons en temps voulu), mais Hot Fuzz reste clairement devant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Lorsqu’ils étaient en costume, Nick Frost et Simon Pegg étaient souvent pris pour des policiers. De nombreux inconnus leur demandaient leur chemin, et au lieu de dire la vérité, ils jouaient le jeu. Ils affirmaient que cela leur donnait un sentiment de puissance.

• Lors d’une séance de questions-réponses après la projection du film à Newcastle-Upon-Tyne, Edgar Wright a révélé que le film comportait deux caméos déguisés de deux lauréats d’un Oscar : Cate Blanchett et Sir Peter Jackson. Jackson apparaît dans le rôle du Père Noël qui poignarde Nick Angel à la main pendant le montage d’ouverture, et Blanchett apparaît masquée dans le rôle de l’ex-petite amie d’Angel, qui est officier de police scientifique (SOCO).

• En faisant des recherches pour le film, Edgar Wright et Simon Pegg ont découvert qu’un nombre disproportionné de policiers s’appelaient Nick ou Andy, ce qui a inspiré les noms des personnages Nicholas Angel et les deux Andy. Le prénom Angel de Nicholas Angel a été choisi en référence au directeur musical du film, et la blague où le journal local a mal orthographié le nom d’Angel en écrivant « Angle » est basée sur plusieurs incidents qui lui sont arrivés.

Titre : Hot Fuzz
Année : 2007
Durée : 2h01
Origine : Angleterre
Genre : English cops
Réalisateur : Edgar Wright
Scénario : Simon Pegg, Edgar Wright

Acteurs : Simon Pegg, Nick Frost, Timothy Dalton, Jim Broadbent, Bill Nighy, Martin Freeman, Stuart Wilson, Edward Woodward, Bill Bailey, Anne Reid, Paddy Considine