[Film] Hansel e Gretel, de Giovanni Simonelli (1990)

Dans un petit village, deux enfants sont kidnappés pour un trafic d’organes, puis enterrés. Ils reviennent pour se venger.


Avis de Rick :
Inutile de le dire et le redire, mais le cinéma Italien, en 1989, il était en phase terminale. Lamberto Bava s’était déjà tourné vers la télévision et signait pas mal de téléfilms, Dario Argento s’apprêtait à tourner deux films en Amérique, ceux qui résistaient avaient des budgets risibles (Margheriti et sa créature des abysses, Martino et son American Rickshaw). Et au milieu de cette déchéance à tous les niveaux, il y avait Lucio Fulci, malade, qui enchaîne les œuvres mineures, les faux pas industriels (le tournage démentiel de Zombie 3), et se retrouve bien malgré lui à la tête d’une collection de téléfilms, dont les pochettes montrent fiérement un « Lucio Fulci presenta », car c’est plus vendeur. Ce qui lui permettra, lorsqu’il mit en boite Nightmare Concert pour un budget dérisoire en 1990, d’utiliser des scènes entières de cette collection dans son propre film. L’ironie étant que dans cette salve de téléfilms, certains réalisés par Lucio Fulci furent jugés trop violents, et donc ne furent pas diffusés, devant attendre des années pour une sortie directement en dvd, longtemps après le décès du cinéaste. Mais ici, nous ne parlons pas d’un film réalisé par Fulci, même si, suivant les sources, il en aurait réalisé, sans être crédité, quelques séquences. Mais comme souvent, difficile de démêler le vrai du faux. Est-ce grave ? Non, car en soit, Hansel e Gretel, le métrage signé Giovanni Simonelli, qu’il écrit également, n’est pas bon. Pas totalement inintéressant, avec quelques bonnes séquences, mais bien trop bancal, fauché, et souvent, ennuyeux pour plaire au public. Nous sommes clairement là devant un film qui n’arrive pas un seul instant à nous faire oublier qu’il n’est qu’un petit téléfilm sans grande ambition artistique. Pourtant, au départ, il y a de quoi faire, surtout avec Fulci derrière le projet, qu’il réalise ou non des séquences, avec ce duo d’enfants pauvres, kidnappés pour leurs organes, tués froidement, puis revenant à la vie.

Ne serait-ce que quelques années plus tôt, on sait que cette histoire aurait donné un résultat bien différent. Mais non, nous sommes en 1989, nous sommes devant un film pour la télévision, avec son beau 4/3, sa photographie plate, et son budget sans doute si bas qu’il faut souvent mettre du remplissage dans l’histoire, car faire parler des personnages pendant des plombes, ça ne coûte rien. Ça ne commence pas si mal pourtant, avec une ouverture qui met directement dans le bain, avec nos deux enfants, le kidnapping, la présentation de la possible personne à la tête de l’organisation, puis l’opération qui met un terme à la vie des deux bambins. Une scène jamais crédible (les organes dans des bocaux à poissons rouges, franchement ?), abusant des gros plans sur les visages pour camoufler qu’il n’y a aucun décor, aucun accessoire médical présent sur le tournage, mais avec une ambiance assez particulière. Puis nos bambins reviennent d’entre les morts, déambulant, le teint blafard, hypnotisant pour tuer dans d’affreuses souffrances chaque personne responsable de près ou de loin avec toute cette affaire. Oui, il y a du potentiel. Et on ne va pas se mentir, quelques scènes de meurtres sont même sympathiques, comme celle dans les champs avec le tracteur par exemple. Mais, et il y a un gros mais, c’est que jamais le film ne parvient à réellement intéresser. Déjà car, une scène sur deux, la vengeance des enfants sera d’une banalité et d’une répétitivité affligeante, ne cherchant même pas à rendre le tout au moins distrayant, se contentent de recycler les mêmes idées jusqu’à plus soif. Sans doute dans le fond une contrainte télévisuelle, certaines scènes étant assez violentes, il fallait espacer tout ça pour ne pas risquer la censure, même si le métrage nous gratifie par contre d’une méchante qui prend son bain devant ses hommes de main, prenant bien le temps de nous montrer tout son corps.

Mais le pire du pire, c’est qu’à côté de la vengeance des enfants, le métrage nous met dans les pattes Silvia, alias Elisabete Pimenta Boaretto, nouvelle inspectrice de police, qui va donc être sur cette enquête, et mon dieu, en plus de ne servir strictement à rien, elle vient en réalité ralentir le rythme général, en venant discuter à chaque fois avec les prochaines victimes. Déjà, elle n’arrive au final à sauver… non, absolument personne, mais elle n’arrive même pas à leur donner quelques remords ou autres. De plus, elle a la possibilité de voir les fantômes des enfants (pourquoi ?), leur parlera même, nous offrant de magnifiques moments peu crédibles comme quoi la vengeance, c’est pas bien, et qu’elle va arrêter les méchants, car ils sont très méchants, mais ça aussi au final, ça ne sert pas à grand-chose, si ce n’est au final permettre au film d’atteindre la durée de 1h30 ou presque. Bon, l’on pourrait bien évidemment aussi parler de la musique, qui se limiterait presque à deux morceaux, que l’on entendra en boucle durant tout le métrage. Autant dans les faits, le premier est sympathique mais va vite énerver à force de l’entendre, autant le second paraît rapidement hors de propos en réalité, et fera plus sourire qu’autre chose. Mais bon, lorsque l’on apprend par l’assistant réalisateur que le réalisateur n’était pas intéressé par le projet et disparaissait parfois du tournage sans explications, ceci explique sans doute cela. Tout cela sent presque le projet fait pour de mauvaises raisons, juste pour passer le temps et toucher un salaire.

LE MEILLEUR LE PIRE
♥ Quelques plans d’enfants rappelant la belle époque
♥ Quelques meurtres graphiques
⊗ Très répétitif
⊗ La musique, limitée
⊗ L’inspectrice qui ne sert à rien
⊗ Des scènes de remplissage, partout
note2
Hansel e Gretel est un téléfilm bas de gamme, où tout est étiré en longueur, ultra répétitif. Quelques rares scènes à sauver au milieu de l’ennui.


Titre : Hansel e Gretel
Année : 1990
Durée :
1h27
Origine :
Italie
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Giovanni Simonelli
Scénario :
Giovanni Simonelli
Avec :
Elisabete Pimenta Boaretto, Lucia Prato, Gaetano Russo, Giorgio Cerioni, Sandro De Luca, Renzo Robertazzi, Silvia Cipollone, Massimilliano Cipollone et Paul Muller


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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