[Film] Good Boy, de Ben Leonberg (2025)


Un chien loyal comprend que des entités obscures menacent son compagnon humain, le courageux animal doit se battre pour protéger celui qu’il aime le plus.


Avis de Cherycok :
Des films d’horreur où il se passe des évènements étranges dans une cabane isolée dans les bois, il en existe un wagon. Mais vous n’en avez clairement jamais vu comme Good Boy, premier long métrage de Ben Leonberg qui a fait ses débuts au Festival SXSW en Mars 2025 et qui a reçu des critiques très positives. On dit que le chien est le meilleur ami de l’homme. On dit aussi que les chiens ressentent le danger. C’est autour de ces deux postulats de départ que Good Boy va s’articuler et il va être quasi intégralement mis en scène du point de vue d’un chien, Indy de son petit nom, le propre chien du réalisateur, pour proposer une expérience cinématographique assez impressionnante où les mouvements d’oreilles, les battements de queue et le regard d’un retriever de la Nouvelle-Ecosse ont plus de poids dramatique que n’importe quel dialogue boursoufflé. Un film audacieux et déroutant dont on ne ressort pas tout à fait indemne tant il réussit le tour de force de transformer la fidélité d’un chien en expérience presque métaphysique.

Chaque scène de Good Boy met en scène le chien Indy ou est filmé du point de vue d’Indy, ce qui rend le film à la fois unique et clairement très difficile à réaliser. Selon l’aveu même du réalisateur, le tournage a duré 400 jours répartis sur trois ans afin que Ben Leonberg arrive à obtenir de son chien la réaction, l’émotion, la mimique parfaite en fonction de ce qu’il voulait retranscrire à l’écran. Tout est donc présenté du point de vue du chien au point que les quelques rares acteurs ne sont jamais complètement dans le cadre, et même quand ils le sont, ils sont dans l’ombre, en contrejour, flous car au second plan ou alors en partie cachés par un objet au premier plan. Le but de la manœuvre est clairement de transférer la charge émotionnelle du récit directement sur le chien et il la porte de manière assez stupéfiante. Le travail avec Indy est assez fabuleux, tout semble si naturel et on arrive à reconnaitre la moindre de ses émotions, que ce soit lorsqu’il a peur, lorsqu’il est intrigué, lorsqu’il est inquiet pour son maitre. Good Boy nous montre tous les évènements tels qu’un chien pourrait les voir se dérouler aux côtés de son maitre, avec sa perception et son intelligence à lui, mais aussi les petits moyens qu’il a pour essayer de les retranscrire à son maitre adoré. Il n’a pas de moyen très précis de signaler à son maitre qu’il vient de voir une ombre étrange ou qu’il sent que quelque chose ne va pas, surtout lorsque pour lui la sécurité de son maitre est primordiale. Le travail est réellement remarquable et jamais on n’a vu un animal à l’écran exprimer autant d’émotions, parfois même plus qu’un être humain. Il porte entièrement le poids du film sur ses épaules du début à la fin et, sans spoiler, la scène finale touchera directement droit au cœur tous les amoureux de chien.

La mise en scène de Good Boy, déroutante au premier abord, est extrêmement bien pensée. Le point de vue constant du chien permet des cadrages inhabituels, souvent serrés avec cette caméra presque collée au sol. Le travail sur les ombres et les lumières est à saluer, mais aussi sur les couleurs avec cette photographie qui va changer au fur et à mesure que le film avance, au fur et à mesure que l’état de santé du maitre d’Indy se dégrade. Ben Leonberg arrive à générer une grande tension avec juste quelques bruitages et les réactions du chien qui sent que quelque chose ne va pas dans cette maison. Le travail sonore est d’ailleurs particulièrement intelligent, jouant sur l’ouïe fine de nos amis canins, sur leur perception différente de la nôtre. Good Boy va interroger le spectateur en le mettant sans cesse au niveau du chien, lui permettant de s’attacher très rapidement à lui, au point de constamment craindre pour sa vie, mais aussi pour mettre en place ses éléments surnaturels (apparitions, ombres, traces de pas, …). C’est là que Good Boy pourrait en perdre plus d’un car il y a ici clairement plusieurs lectures possibles, sans que le film ne donne une quelconque réponse. Sur le papier, le film observe avec retenue un homme malade qui lutte contre son propre corps malade tandis que son chien tente désespérément de le comprendre, de le sauver ou de tout simplement rester à ses côtés. Mais au final, est-ce que cette maison est réellement hantée et est-ce que cette soit-disant malédiction est réelle ? Et à ce moment-là, le chien Indy perçoit-il une entité qui reproduit les peurs et les douleurs passées ? Ou alors est-ce qu’il n’y a rien de surnaturel ici, que les évènements auxquels on assiste sont simplement des hallucinations/visions liées à la maladie de son maitre, à son isolement dans cette cabane dans les bois ? Ou encore est-ce que Indy et son maitre sont liés d’une manière spirituelle, avec cette maison qui serait une sorte de passage de la vie à la mort et la relation entre Indy et son maitre une métaphore sur la fidélité éternelle ? Difficile de trancher, chacun se fera sans doute sa propre opinion en fonction des différentes symboliques qu’il décèlera durant le visionnage (elles sont nombreuses), mais une chose est sûre, c’est que Good Boy est un film dont on ne sort pas tout à fait indemne, un film petit en moyens mais immense en émotions.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un Oscar pour ce chien !
♥ La mise en scène inventive
♥ Un micro-budget parfaitement exploité
♥ Le point de vue original
♥ La dimension émotionnelle
⊗ Un concept qui ne plaira pas à tous

A la fois bobine horrifique et hommage au meilleur ami de l’homme, Good Boy est une expérience unique de laquelle on ne ressort pas tout à fait indemne tant l’ensemble se montre fort en émotions. Un film déroutant, poignant, et surtout marquant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• C’est le réalisateur lui-même, maitre de Indy, qui incarne également son maitre dans le film, bien qu’il ait été doublé en post-prod par l’acteur Shane Jensen.



Titre : Good Boy
Année : 2025
Durée : 1h13
Origine : U.S.A
Genre : Le meilleur ami de l’homme
Réalisateur : Ben Leonberg
Scénario : Alex Cannon, Ben Leonberg

Acteurs : Indy, Ben Leonberg, Shane Jensen, Arielle Friedman, Larry Fessenden, Stuart Rudin, Hunter Goetz, Anya Krawcheck, Max, Noah Manzoor


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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