[Film] Deathstalker, de Steven Kostanski (2025)


Le royaume d’Abraxeon est assiégé par les Dreadites, messagers du sorcier Nekromemnon, mort depuis longtemps. Lorsque Deathstalker récupère une amulette maudite sur un champ de bataille jonché de cadavres, il est marqué par la magie noire et traqué par de monstrueux assassins. Pour survivre, il doit briser la malédiction et affronter le mal qui se lève. La mort n’est que le début… d’une grande aventure !


Avis de Cherycok :
Après Red Sonja il y a quelques mois, qui remakait le nanar Kalidor : La Légende du Talisman (1985), il faut croire que les remakes de films de Sword and Sorcery des années 80 ont le vent en poupe puisque vient de débarouler il y a quelques jours une nouvelle version de Deathstalker, une bobine d’heroic fantasy lowcost des années 80, produite par Roger Corman, qui a avait eu en son temps son petit succès en vidéoclub puisque trois suites avaient vu le jour. Comme j’avais pris un énorme plaisir à voir Deathstalker, Deathstalker II, Deathstalker III et Deathstalker IV (voilà, les liens vers les originaux sont placés), je n’allais clairement pas manquer cette nouvelle mouture 2025, d’autant plus qu’elle est mise en boite par Steven Kostanski, artisan des effets spéciaux pratiques déjà à la barre des sympathiques The Void et Leprechaun Returns, mais aussi du génialement gore et fun Psycho Goreman. Est-ce que Deathstalker 2025 est aussi raté que Red Sonja ? Non, loin de là, c’est même tout l’inverse tant il affiche avec ambition une volonté de revenir aux origines du Sword and Sorcery des années 80, avec une esthétique brute, beaucoup d’effets pratiques, un ton B-movie assumée, tout en mettant en avant une ambiance revival des films de genre un peu fauchés mais plein de caractère.

La question qu’on peut se poser, c’est pourquoi faire un remake de Deathstalker en 2025, un film bien ridicule des années 80, certes ô combien fun mais dont personne ou presque ne connait l’existence à l’exception des aventuriers nanardeurs. La réponse est que Steven Kostanski est un fervent admirateur de cette décennie, surtout des séries B et du cinéma d’exploitation, et en particulier des effets spéciaux pratiques qui ont fait naitre chez lui cette passion au point d’intégrer dans les années 2000 la société de production Astron-6 spécialisée dans les films indépendants à petit budget centrées sur les années 80 et combinant souvent horreur et comédie. Lors d’une interview, Kostanski a expliqué avoir vu le projet comme un sandbox fou à exploiter, une occasion de revenir à l’esprit Sword and Sorcery des années 80, en reprenant les codes (monstres, quête, magie) mais avec sa propre patte. Il insiste sur le fait que ce n’est pas un remake sérieux, mais plutôt une relecture pleine de fun, de créatures et d’effets spéciaux pratiques plutôt que de CGI. Lorsqu’on lui a présenté divers films produits par Corman qui pourraient être remakés, il s’est jeté directement sur Deathstalker car il y a vu l’occasion de mettre en scène des monstres interprétés par des humains avec des costumes en latex, et tout un tas d’effets gores et autres effets pratiques qu’il adore. Cette version 2025 ne suit pas du tout le scénario du film original mais va tout de même faire un certain nombre de références à l’original de James Sbardellati (l’homme-cochon ou le thème musical par exemple). Il va également se différencier en ne mettant aucun plan boobs, une des marques de fabrique de la quadrilogie originelle, mais en y allant bien plus fort dans tout ce qui concerne le bon gros gore qui tache. Les effets pratiques sont donc ici de rigueur avec costumes de créatures, maquillages prosthétiques, et même de la stop-motion lors du final qui rend clairement hommage aux effets spéciaux de Ray Harryhausen (Jason et les Argonautes, Le Choc des Titans). Les CGI ne sont pas totalement absents mais uniquement présents pour quelques effets impossibles à faire en effets pratiques, comme cet effet de téléportation ou des petites boules d’énergie.

Steven Kostanski a clairement fait son film avec un tout petit budget, mais ça n’empêche pas le spectacle d’être réellement généreux dans son style. Oui, nous sommes dans le kitch, mais dans le kitch assumé, avec une direction artistique volontairement brute, une patine, un grain, des textures lourdes et des costumes palpables. C’est le retour des matte painting et il ressort de ces décors à l’ancienne un charme indescriptible pour qui aime un tant soit peu cette esthétique des années 80 ultra colorée avec des filtres jaunes, bleus, verts ou encore rouges en fonction des lieux de l’action. On nage ici presque dans un cartoon gore live, avec des monstres improbables qui auraient pu sortir d’un sentai pour adultes, des sorcières, des démons, des simili-gobelins, une malédiction, du body horror dégoulinant, … L’ensemble est traité comme un film d’aventure fun et fait avec sérieux. Ce Deathstalker ne cherche jamais à parodier le genre, mais plutôt à lui rendre hommage, en jouant sur les clichés mais sans aucun cynisme. L’univers du film est souvent sacrément barré, plein de folies visuelles, et au milieu de tout ça, on a un Daniel Bernhardt (la saga John Wick) absolument génial dont l’interprétation repose sur un sérieux absolu là où beaucoup d’autres auraient joué la carte du second degré. Ce décalage entre lui et l’univers improbable dans lequel son personnage évolue est une des clés de la réussite de ce Deathstalker. On rit mais sans jamais se moquer, ni du film, ni de son héros et de ses personnages en général qu’il traite avec respect, alors que dans l’original il y avait clairement de quoi. Steven Kostanski parvient à parfaitement équilibrer rires, action et horreur avec une grande facilité sans jamais tomber dans la parodie, avec une cohérence de ton du début à la fin. Les imperfections du film, comme certains dialogues inégaux ou quelques scènes qui se trainent un peu, finissent par devenir des forces car elles font partie du charme de ce genre de productions 100% authentiques, qui respirent la passion et la sincérité, l’envie de faire les choses avec amour et d’en donner pour son argent au spectateur qui trouvera ici exactement ce qu’il est venu chercher. Ajoutez à cela une bande son du trio Blitz / Slash / Bear McCreary, entre riffs de guitare et synthwave, et vous obtiendrez un des meilleurs représentants en matière de Sword and Sorcery depuis Conan le Barbare. Oui, rien que ça !

LES PLUS LES MOINS
♥ Le respect du genre
♥ Du grotesque fait avec amour
♥ Les effets pratiques
♥ Un excellent Daniel Bernhardt
♥ La bande son
⊗ Il faut aimer les Sword and Sorcery des 80’s

Cette version 2025 de Deathstalker par Steven Kostanski est un pur régal régressif pour les amateurs de séries B de Sword and Sorcery des années 80 et d’effets spéciaux pratiques. Un film qui transpire la passion, la débrouille et le respect du genre.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur Steven Kostanski, également scénariste du film, a fait une campagne de crowfunding (réussie) de 95000$US pour pouvoir lancer le projet, avant que d’autres sociétés de production ne viennent se rattacher au projet.



Titre : Deathstalker
Année : 2025
Durée : 1h45
Origine : Canada / U.S.A
Genre : Retour aux sources
Réalisateur : Steven Kostanski
Scénario : Steven Kostanski

Acteurs : Daniel Bernhardt, Patton Oswalt, Christina Orjalo, Paul Lazenby, Nicholas Rice, Nina Bergman, Jon Ambrose, Laurie Field, Robert Hyland, Troy James


5 2 votes
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

3 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires