[Film] Daughters, de Tsuda Hajime (2020)

Deux femmes sont colocataires et amies à Tokyo. L’une est gestionnaire d’événements et l’autre travaille dans le monde du marketing de la mode. Un jour, l’une découvre qu’elle est enceinte et décide d’accoucher hors mariage. C’est une décision majeure, qui est non seulement le signe avant-coureur d’un changement dans leur vie, mais aussi dans leur relation.


Avis de Rick :
A force d’enchainer les films au ton grave, explosif ou horrifique, parfois, on a bien envie de se tourner vers quelque chose de plus doux, de plus simple. Un film simple oui, où il n’y a pas de monde à sauver, de méchant à éliminer ou de malédiction à vaincre. Daughters de Tsuda Jajime, je l’avais depuis quelques temps, sans jamais oser franchir le pas jusque-là. Après tout, si au Japon, il y a énormément de drames poignants, il y a aussi des films très contemplatifs qui demandent le bon état d’esprit pour se lancer, ou tout simplement des films faussement dramatiques, uniquement pour mettre en avant une idole ou deux. Daughters n’est pas de ses films là, puisque déjà, en termes d’ambiance, de tonalité, s’il fallait rapprocher le film d’un autre, ce serait à mon sens le génial Lost in Translation de Sofia Coppola. Oui, je suis un fan absolu de ce film doux. Daughters, c’est un peu la même chose, tout en racontant quelque chose de totalement différent. Koharu et Ayano vivent toutes les deux en colocation, dans un petit appartement à Nakameguro (vraiment pas loin de Shibuya, deux stations en train, donc quelques minutes). Bosseuses toutes les deux dans la présentation et planification artistique, elles sont un peu les meilleures amies du monde, partageant les mêmes goûts, passions, presque la même pensée, jusqu’au jour où Ayano apprend qu’elle est enceinte, et décide de garder l’enfant. Une décision qui va forcément changer des choses chez les deux meilleures amies, et une décision pas simple au Japon, d’élever un enfant en tant que mère célibataire. Le métrage se déroule donc, tout naturellement, sur un peu plus d’une année, pour couvrir les changements dans la vie des personnages, couvrir toute la grossesse, et conclure tout ça.

En commençant le tout en Avril, histoire de nous faire commencer le film sur une note douce au possible, avec les fleurs de cerisiers. Et dès l’apparition du générique sur une musique pop du plus bel effet, j’étais, en réalité, déjà conquis par le métrage. Rien que la courte scène d’ouverture nous présentant les personnages marque des points en rendant crédibles et attachantes Koharu et Ayano en seulement une poignée de minutes, avant donc ce générique clairement aux allures de Lost in Translation (il me faut la musique d’ailleurs). Si bien que lorsque l’annonce qu’Ayano est enceinte tombe, nous sommes déjà de leur côté, nous sommes déjà impliqués. Scénaristiquement, le film touche ensuite à des thématiques plutôt intéressantes, notamment au Japon, comme le fait d’élever un enfant seule, et même, dans un sens, on pourrait voir ici de multiples éléments de la vie de tous les jours exploités via l’amitié entre les deux meilleures amies à Tokyo. Oui, vivre en colocation dans la grande ville pour avoir un grand appartement, c’est souvent la seule solution, surtout lorsque l’on vit dans ce genre de quartiers. Mais surtout, c’est l’amitié qui est donc au centre du récit. Accepter ou non de garder l’enfant, ce que cela implique pour leur amitié dans cet appartement, Ayano refusant jusqu’à révéler l’identité du père, et Koharu devant donc accepter, ou non, de prendre ce rôle, sans jamais verser une seule seconde dans la romance ou autre. Juste, une amitié comme il en arrive rarement, où l’on peut absolument tout partager avec l’autre personne, jusqu’à notre façon de penser. Mais lorsqu’un changement aussi drastique se prépare à l’horizon, forcément, il faudra faire des concessions, ajuster un poil sa façon de vivre et ses habitudes, alors que dans le fond, Koharu n’a rien demandé à personne et donc, ne fait que subir et accepter les événements.

Mais s’il n’y avait que ça, Daughters aurait pu être un petit drame vite vu vite oublié comme il en pleut au Japon et ailleurs. Mais Daughters peut donc compter à la fois sur sa mise en scène et sa musique pour nous enchanter. Et sur son casting, car il faut bien le dire, Miyoshi Ayaka (Inunaki, Alice in Borderland) et Abe Junko (Still the Water, The Chasing World 2) sont parfaites dans leur rôle. Mais oui, ce qui donne son côté irrésistible au métrage, c’est le reste. La mise en scène appliquée, cette caméra souvent presque flottante qui donne une impression onirique, douce au film, sa musique prenante et enivrante. Si bien que finalement, la caméra donne presque un rôle à cet appartement où l’on passera beaucoup de temps, mais aussi à la ville de Nakameguro. Et pas que, puisqu’il y aura aussi une escapade à Okinawa qui nous livre alors de splendides décors naturels qui font rêver. S’il fallait trouver un point faible, pour moi, ce serait le court passage où Ayano va voir ses grands-parents mi-parcours, et qui me semble moins prenant, bien plus classique et passe-partout que le reste. Un passage heureusement vite éclipsé pour se refocaliser ensuite sur l’important. S’il est également important de voir les personnages séparés et pas seulement donc via la dynamique du duo, le passage de Koharu à Okinawa est bien plus enchanteur que celui d’Ayano avec sa famille. Mais cela reste un petit détail.

LE MEILLEUR LE PIRE
♥ Une ambiance douce, très belle
♥ Superbe ambiance musicale
♥ Les thèmes abordés
♥ Une amitié à laquelle on croit
♥ Le casting
⊗ Le passage chez les grands parents, moins prenant
note2
Daughters, c’est un film tout doux se déroulant sur une année en plein Tokyo, un film sur l’amitié presque sans faille entre deux colocataires, et après la vision, on a le sourire.


Titre : Daughters / ドーターズ
Année : 2020
Durée :
1h44
Origine :
Japon
Genre :
Drame
Réalisation :
Tsuda Hajime
Scénario :
Tsuda Hajime
Avec :
Miyoshi Ayaka, Otsuka Nene, Kurotani TOmoka, Abe Junko, Tsurumi Shingo et Itô Yûki


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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