
Le jeune épéiste Lung Fei rencontre d’étranges présages annonçant la mort de sa fiancée Ting Tzu-chu. Ses enquêtes avec l’aide du chef de la police Tieh Hu révèlent une histoire surprenante.
Avis de Cherycok :
Alors qu’un coffret blu-ray 6 films consacré au réalisateur hongkongais Chu Yuan s’apprête à sortir dans les jours qui viennent, laissez-moi-vous parler d’un autre film du maitre intitulé Black Lizard. Le film est basé sur la série Les Six Contes Choquants (1974-1975) du célèbre écrivain chinois Gu Long, comprenant entres autres The Bloody Parrot, adapté au cinéma en 1981 par la Shaw Brothers sous le même titre, The Wingless Bat, lui aussi adapté au cinéma par le célèbre studio sous le titre Bat Without Wings (1980), ou encore The Black Lizard repris par Chu Yuan pour son … Black Lizard. Bien qu’il ne fasse pas partie des meilleurs films du réalisateur, Black Lizard possède pas mal d’atouts qui en font malgré tout un film que tous les amateurs de la Shaw Brothers se doivent de voir, ne serait-ce que par son ambiance absolument géniale.
L’ambiance de Black Lizard est lourde, mais surtout très travaillée. C’est souvent sombre, pluvieux, brumeux, avec des éclairages rouges / verts / roses / bleus dans l’obscurité pour un rendu visuel vraiment superbe, très gothique, s’inspirant clairement du cinéma italien (coucou Mario Bava), collant parfaitement à certaines thématiques du film comme celle des esprits et de leurs parfois errances. Chu Yuan accorde souvent énormément d’importance au visuel de ses films, c’est une fois de plus le cas ici et certains plans sont juste superbes. Passages secrets, toiles d’araignées, lumières mystérieuses, monstres étranges, manoir hanté, lac légendaire, poupées de bois, avec des personnages inquiétants comme ce démon vêtu de rouge interprété par Yuen Wah (Dragons Forever, Crazy Kung Fu) qui semble hanter les lieux, sans parler du mystère autour de ce fameux lézard noir. C’est inquiétant à souhait, tout ce qui est mis en œuvre pour que ça le soit est payant, et le résultat dans son ensemble est un régal pour les yeux, avec cette atmosphère riche et dense. Le charme désuet des décors studios de la Shaw Brothers fonctionne une fois de plus ici, avec beaucoup de couleurs, de brume et de superbes matte painting en guise d’arrière-plan. Black Lizard n’est guère surprenant pour qui connait un peu le cinéma de Chu Yuan, ce dernier y incluant bon nombre de thématiques qui lui sont chères et en particulier tout ce qui tourne autour de la manipulation, l’illusion, le mensonge et de la confiance / traitrise qui en découlent. Comme souvent, Chu Yuan manipule ses personnages, mais également le spectateur en laissant sans cesse planer le doute, mais en ajoutant ici une touche de fantastique et un côté inquiétant bien appuyé par la bande son du film.
Le scénario et son déroulement sont parfaitement maitrisés. Nous sommes dans une sorte de thriller policier sur fond d’enquête sur la légende du lac des lézards et du lézard noir, d’où le titre. Le film nous expose pas mal de choses et tout n’a clairement pas de sens, du moins dans la première moitié du film, même si on comprend vite que tout n’est pas ce qu’il semble être car on est clairement dans un whodunit. La seconde moitié commence à répondre petit à petit aux questions et le scénario au départ touffu s’éclaire soudain jusqu’à la révélation finale. Avec ses 1h22 au compteur, Black Lizard est bien rythmé avec des scènes d’action qui arrivent à intervalles réguliers. Les chorégraphies sont assurées par Yuen Bun, Yuen Wah et Tang Tak-Cheung, trois spécialistes martiaux qui n’ont déjà à l’époque plus grand-chose à prouver, pour un résultat vraiment plaisant, bien que l’obscurité empêche parfois d’apprécier parfaitement les combats. Mais au final, ces combats, aussi sympathiques soient-ils, ne servent qu’à rallonger une enquête qui aurait très bien pu se tenir eux, mais avec un film qui, du coup, aurait à peine durée 1h. On a également parfois l’impression que Chu Yuan veut nous faire comprendre qu’il est possible de faire des films d’arts martiaux qui n’ont pas un scénario simpliste. On regrettera seulement qu’après avoir construit un scénario basé sur un mystère, de nous le raconter sous plusieurs angles différents en fonction des personnages (avec en plus des flashbacks), que le dénouement semble sorti d’un épisode de Scoobi-Doo, gâchant un peu le climax, à grand coups de révélations et autres longs discours explicatifs histoire d’être sûr que tout le monde a bien compris ce qu’il s’est réellement passé. C’est clairement ce qui empêche le film de rejoindre le top du top de la filmographie du réalisateur.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des combats sympathiques… ♥ Visuellement superbe ♥ Le scénario alambiqué ♥ Une ambiance inquiétante |
⊗ … mais assez lambdas ⊗ Une fin un peu trop verbeuse |
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Bien que ne faisant pas partie des masterpieces de Chu Yuan, Black Lizard s’avère être un wu xia pian policier très plaisant, le tout mâtiné de fantastique et surtout d’une ambiance gothique vraiment réussie. Un bon petit divertissement made in Shaw Brothers. |
Titre : Black Lizard / The Black Lizard / 黑蜥蜴
Année : 1981
Durée : 1h22
Origine : Hong Kong
Genre : Thriller wuxiapianesque
Réalisateur : Chu Yuan
Scénario : Chu Yuan
Acteurs : Derek Yee, Sun Chien, Helen Poon, Yueh Hua, Wang Yong, Manor Chan, Ku Kuan-Chung, Yuen Wah, Yang Chi-Ching, Lau Wai-Ling, Ng Yuen-Jun, Wang Sha