[Film] Juno, de Jason Reitman (2007)

Juno, une adolescente indépendante, cache ses interrogations existentielles sous des airs de dure-à-cuire. Pour tromper son ennui, elle couche avec Bleeker, un de ses camarades. Lorsqu’elle comprend qu’elle est enceinte, elle se met en quête, aidée par sa meilleure amie Leah, du couple de parents adoptifs idéal pour son bébé. Dans les petites annonces du journal local, les jeunes filles repèrent Mark et Vanessa Loring, un couple qui ne peut pas avoir d’enfant et qui souhaite adopter. Soutenue par ses parents, Juno fait la connaissance des Loring. A l’approche du terme de sa grossesse, elle gagne en maturité…


Avis de Iris :
Le succès de Little Miss Sunshine en 2006 a déroulé un grand tapis rouge à ce que nous appelons désormais les feel good movies, films plutôt petit budget, en marge des gros studios de production et permettant plus de liberté quant aux dialogues, scénars, situations, personnages etc., les dételant un peu du joug de la censure. Clairement identifié de ceux-là, Juno semblait hautement approprié à un dimanche soir clôturant une journée de loose intense. Bluray lancé, me voilà parée pour un bon moment. Fut-ce le cas ? La réponse est oui, cent fois oui !

Second long métrage de son réalisateur Jason Reitman après Thank you for smoking en 2004, Oscar du meilleur scénario en 2007 pour Diablo Cody (Jennifer’s body, coscénariste du reboot d’Evil Dead en 2013), Juno a reçu un accueil très enthousiaste tant par les critiques que par le public et a largement rentabilisé les 6,5 M$ de budget avec ses 231 411 584 M$ de recettes ! Pléthore de récompenses et de nominations sont également venus couronner le tout. Le film a également fait parler de lui, à mon sens de façon tout à fait involontaire mais nous y reviendrons, dans des débats pro-life vs pro-choise qui dépassaient largement ses petites épaules de production indé. Car c’est ce que nous retiendrons en priorité de Juno : son côté petite production, un peu décalée, aux lignes de dialogues décalées, avec certains personnages décalés et avec une histoire pas si banale que cela au final.

Tout d’abord Juno MacGuff est une ado de 16 ans un peu rebelle abandonnée par sa mère à 5 ans, élevée par un papa retraité de l’US Army reconverti en chauffagiste et une belle-mère qui la considère comme sa fille. Juno est fan de Rock/punk/métal et de films d’horreur, guitariste qui préfère les Gibson aux Fender, autant vous dire que dans les grandes catégories d’ados, elle n’est ni dans les BCBG, ni dans les peace and love et ni dans les pompom girls… Pour autant elle est « sexuellement active » comme disent les adultes du film et arrive ce qui devait arriver : elle tombe enceinte de son « meilleur pote coup d’un soir »… Elle est jeune, lycéenne, et décide de ne pas garder son bébé. Difficile de poursuivre sur le film sans entrer dans le débat qui a accompagné Juno à sa sortie alors attention DEBAT^^ :
Juno décide de se faire avorter mais elle changera d’avis une fois dans la salle d’attente de la clinique. Est-ce suite à sa rencontre avec une connaissance de lycée qui fait le planton pro-life devant le centre ou parce que toutes les personnes dans cette salle d’attente ont l’air ultra stressées, le fait est qu’elle décidera de le garder et de finalement le confier à l’adoption. C’est justement ce changement d’avis qui servira de prétexte aux pro-life américains toujours à l’affût de tremplins à leurs discours pour entraîner Juno dans leur sillage nauséabond et qui menace fortement le droit à l’avortement outre Atlantique. Mais il semble cependant, et les déclarations de son réalisateur le confirment, qu’il ne s’agissait en réalité que d’une pirouette pour permettre de construire la suite de l’histoire. Clairement le débat pour ou contre l’avortement n’est pas le sujet du film. Débat clos ^^.

Donc le film est l’histoire d’une ado qui doit prendre des responsabilités d’adulte qui dépassent son « degré de maturité » mais avec des lignes de dialogues savoureuses, une famille qui va l’entourer comme elle le pourra mais avec beaucoup d’amour (ce qui change un peu des scénars catastrophes où la famille américano-prude cherchera à cacher voire bannir cette marie-couche-toi-là d’enfant indigne), une meilleure amie pompom girl un peu trash, son sexfriend un peu aussi. Elle accroche aussi énormément avec le couple de parents qui adoptera son enfant, et en particulier le mari, musicien et fan de films d’horreurs. Et c’est aussi la force de ce film : tout en étant porté de façon incroyable par Ellen Page (Bliss, Inception) qui pour ce rôle avait été nominée aux Oscars, il fait également la part belle à d’excellents personnages secondaires, avec mention spéciale à la belle-mère incarnée par Allison Janney (American Beauty, The Hours) qui se révèle hilarante en « chienne de garde » de son « irresponsable de belle-fille ». Mais les autres acteurs sont également parfaits : de Michael Cera (Scott Pilgrim) en meilleur pote candidat au poste d’amoureux à Jennifer Gardner qui en fait des tonnes pour démontrer qu’elle sera une mère parfaite, les seconds rôles apportent une fraicheur qui permet au film de sortir de la « biopic » adolescente.
Une réalisation fluide qui nous prend par la main, une photographie loin d’être lowcost, une BO très sympathique et oui, force est de constater que l’ensemble matche parfaitement bien.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les personnages
♥ La BO
♥ L’histoire
⊗ Quelques petits détails pas graves
Alors bien entendu que tout n’est pas parfait, que sorti des dialogues et de cette alternance entre situations improbables et exactitude de ton, on aurait pu vouloir un peu plus d’originalité, un peu plus peut-être de décalage encore, on peut regretter que le couple notamment ne soit pas plus creusé en particulier dans la psychologie du futur papa adoptif, on pourrait sans doute aussi regretter que quitte à être une comédie indépendante, Juno soit si franchement collé à la morale américano bienpensante faisant la part belle aux vraies valeurs (famille, amour, amis véritables…). Oui mais voilà, Juno fait du bien, Juno fait sourire, Juno a finalement éclairé ce dimanche soir de loose alors Juno remporte largement son pari.



Titre : Juno
Année : 2007
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Frais
Réalisateur : Jason Reitman
Scénario : Diablo Cody

Acteurs : Ellen Page, Michael Cerra, Jennifer Garner, Jason Bateman, Allison Janney, J.K. Simmons, Olivia Thrilby, Eileen Peede, Rainn Wilson, Daniel Clark, Darla Vandenbossche

 Juno (2007) on IMDb









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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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