[Avis] Time and Tide, de Tsui Hark

Titre : Time and Tide / Time & Tide / 顺流逆流
Année : 2000
Durée : 1h52
Origine : Hong-Kong
Genre : Action / Thriller
Réalisateur : Tsui Hark

Acteurs : Nicholas Tse, Wu Bai, Candy Lo, Cathy Tsui, Jack Kao, Anthony Wong, Joe Lee, Alex Cheung, Roderick Lam, Kenji Tanigaki, Franckie Chin, Raven Choi, Kam Loi-Kwan, Franckie Luk, Anthony Ng, Wong Ting-Bong

Synopsis : Après avoir accidentellement mis enceinte une flic lesbienne après une nuit de beuverie, le jeune Tyler décide de se faire de l’argent rapide pour subvenir aux besoins de sa future progéniture. Il s’engage donc dans une agence de sécurité. Lors d’une ses premières assignations, il fait la rencontre de Jack et son épouse et sympathise avec eux. Mais cela va l’entrainer dans un règlement de compte entre mercenaires professionnels. En effet Jack est un ancien mercenaire, qui a tout quitté. Sauf que ses anciens collègues vont débarquer à Hong Kong pour lui proposer un dernier job.

Avis de Yume :
Time and Tide ne serait rien sans son grand frere qu’est Piege à Hong Kong. Dans celui-ci, Hark revenait sur ses terres, ré-appréhendait la Ville tout en humiliant sa vedette JCVD dans un maesltrom d’action légère et débridée. En intellectualisant tout ce programme, on pourrait en conclure que Tsui Hark profitait de ces derniers mois pré-rétrocession et d’un certain Hkmovie-mood pour rappeler qu’il était un cinéaste hongkongais et se venger, en passant, de sa période hollywoodienne. Deux ans plus tard, la rétrocession passée, Hark remet le couvert avec un film d’action urbain, et urbanisé, où la légèreté précédente a laissé la place à un malaise palpable, une violence plus crue. Les courses folles de JCVD ont laissé la place au malaise de jeunes adultes se cherchant une identité dans cette nouvelle époque. Bien évidemment Tsui Hark ne va pas livrer un film existentialiste. Les quinze premières minutes dénotent fortement de la suite. Mais c’est parce qu’elles sont plus qu’une exposition. Alors OK, on y explique les motivations du personnage de Nic Tse. Mais Tsui Hark expose surtout brillamment un nouveau contexte tout en restant un peu en dehors de la critique sociale pure, genre auquel il ne touche plus depuis la censure appliquée à la truelle sur son L »enfer des armes » vingt ans plus tôt. Ceci fait, le réalisateur ne gardera que l’argument urbain pour le reste de son film, préférant se concentrer sur l’idée générale d’identité pour le coté scénaristique et une recherche visuelle constante pour le formalisme. Et là, Tsui Hark rappelle au monde qu’il est le Boss. Rien que sur l’introduction du film, ces fameuses quinze minutes, il y a plus de montage et de langage cinématographique que dans la majeure partie de la production internationale.

Tsui Hark fait du cinéma. Non, Tsui Hark pense cinéma. Et il prouve qu’il n’a rien perdu de son œil malgré les critiques sur ses derniers films. Exploitant pleinement les possibilités du montage, avec des cuts vifs sur des actions, il prépare doucement au déferlement à venir. Car Time and Tide oublie finalement très vite son scénario. Plusieurs visionnages successifs sont d’ailleurs nécessaires pour bien comprendre l’intrigue alors qu’il n’est en aucun cas complexe. Elle est même limpide. Mais Hark désacralise la narration, en l’éclatant complètement et parsemant des éclats de temps à autres, sans réellement s’attarder dessus. Ce qui l’intéresse dans son projet de Time and Tide, c’est clairement de retrouver ses sensations. Les mauvaises langues diront qu’il voulait aussi retrouver sa position à Hong Kong. On ne peut non plus leur donner tort tant Hark crache radicalement au visage de quelques grands noms. On pense à To, avec le coté mafia du film, mais on remarque bien plus l’oiseau en cage mourant cramé par une explosion. C’est pour toi John. Cependant cela reste mineur et Hark n’en fait pas trop. Pour retrouver sa position dominante, il livre juste l’actionner référence du 21eme siècle. Time and Tide a néanmoins été mal vendu. On parlait de fusillades de malade, d’action folle, faisant penser à un héroic bloodshed puissance 10. Non, Hark n’explose pas les compteurs du genre précité. D’ailleurs Time and Tide n’en est même pas un. Si ce sont des fusillades de malade c’est par la minutie de leur déroulement, le soin apporté au coté tactique et surtout la gestion extraordinaire de l’espace.
Et là, le réalisateur n’y va pas par quatre chemins. Quand on parle d’espace dans Time and Tide, on ne parle pas d’une maison ou d’une rue, mais par exemple d’une barre HLM gigantesque qui va être le terrain d’une chasse à l’homme proprement hallucinante entre des tueurs professionnels. Malgré la taille du lieu, et le nombre de protagonistes, Hark arrive à faire vivre le déplacement concret des différents personnages et rendre la scène d’une vingtaine de minute lisible et compréhensible. Et ce, malgré la caméra intrusive, virevoltante et volante d’un réalisateur au top de sa créativité et sa confiance en ses possibilités. Difficile de décrire les sensations ressenties lors de ce passage. Tout y est fluide, spectaculaire. Et souvent époustouflant comme ce plan où la caméra plonge dans le vide à la suite d’un personnage avant de se rétablir et explorer en plan large une fusillade en rappel. Et ce n’est qu’un morceau de bravoure parmi d’autres. Le plus significatifs formellement parlant, peut être. Même si la scène finale en reprend le gigantisme de lieu, avec une gare, en ajoutant la résolution pèle mêle de tous les arcs scénaristiques dont des accouchements au milieu des balles. Tsui Hark n’a alors peur de rien et cette surenchère constante arrive à ne pas verser dans le ridicule.

Un final explosif se concluant par des naissances. Celles de nouveaux nés, et celle d’un Tsui Hark revenant briguer son titre de meilleur réalisateur de l’archipel (du monde ?). Pari gagné. En un peu moins de 2H, le maitre met KO toute éventuelle concurrence. En plus de rendre crédible et potable Nic Tse et sa mèche. Et si tour de force il y a, c’est peut être là. Car le reste du film, c’est juste du Tsui Hark.

Note : innotable / 10

0 0 votes
Article Rating

Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
S’abonner
Notifier de
guest

20 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments