[Film] The Legendary Tai Fei, de Kant Leung (1999)


Tai-Fei est le chef du gang Hung Hing. Il est respecté par tous et même par les membres des gangs rivaux. Shin, un jeune voyou, appartenant au gang rival dirigé en partie par Mike et King, apprend avec sa bande d’amis à jouer les caïds. Un jour, l’ex-amie de Tai-Fei, Ling, est hospitalisée, atteinte d’un cancer en phase terminale. Cette dernière apprend à Tai-Fei qu’il a un fils, lui qui refusait de monter une famille. Cet enfant n’est autre que Shin. Alors que Tai-Fei tente d’être un père modèle en ramenant Shin à la raison, la tension monte dans le milieu et certains jeunes loups complotent pour faire tomber les Hung Hing et supprimer par la même occasion leurs propres supérieurs…


Avis de Seb on Fire :
Ce film est tout simplement un autre sous-produit de ‘’films d’ado’’ qui tente de prolonger un effet de mode qui a piqué la production cinématographique hongkongaise depuis 1996, mais qui bien sûr, ne relève absolument pas le défi. The Legendary Tai Fei est tout simplement navrant. Le scénario et l’univers qu’il décrit frôle l’hérésie et les personnages présentés sont tour à tour niais et fort peu crédibles, mais surtout, ils sont véritablement dénués de toute consistance.

En effet, la première chose qui frappe, c’est le monde décrit. Ce dernier est lisse, surfait, complètement irréaliste. Les personnages sont propres sur soi et l’on retrouve cette mentalité qui faisait la marque de fabrique des Youngs and Dangerous : « C’est cool d’être un gangster ! ». Ici, on n’est pas méchant par nature ou par obligation, on joue au méchant pour être ‘’branché’’. Les triades sont une manière comme une autre de grimper dans la société et c’est un choix qui devrait être proposé dans le parcours scolaire d’ailleurs. Même le point de vue de la femme, défendue par Ling, s’accorde avec cette philosophie. Pour elle, il n’y a aucune différence entre un mafioso et un flic, on se ne sait jamais à quelles heures ils rentrent… Comme dans War of the Underground, le gang de Tai-Fei s’appelle Hung Hing. Ils sont gentils et eux non plus ne touchent pas à la drogue. Tai-Fei est respecté, mais aucune information ne nous est fournie sur son passé. Il ne fait rien durant tout le film, aucun excès ni brutalité, il ne fait que parler et le titre du film ose nous vendre le personnage comme légendaire… Les éléments du scénario sont aussi médiocres que l’histoire. L’humour ne vole pas haut et les idées sont mal exploitées. Par exemple, une des jeunes filles montre le haut de sa poitrine pour vendre des billets dans la rue. Des garçons se lèchent les lèvres tout en regardant et se précipitent naïvement pour payer la jeune fille. Une autre ment à un adulte en prétextant qu ‘elle a plein de frères et sœurs à nourrir. Son discours est faux, sourit bêtement et se moque littéralement de lui. Le troisième degré est ici raté par un mauvais jeu d’acteurs qui est plus puéril que crédible. Montrer une génération qui en remplace une autre et un conflit entre les individus fait partie des ingrédients récurrents du genre mais l’on retrouve ce facteur détestable qui est de prendre les adultes pour des crétins finis sans raisons et sans un discours valable. C’est un des signes évidents et trop faciles des mauvais films d’exploitations.

L’image reste quelconque et la mise en scène n’est pas non plus originale. Seule la séquence où Shin raconte à ses amis qu’il a finalement un père est techniquement intéressante. La caméra se promène entre les personnages en plan rapproché. Le fond est noir avec une seule percée discrète de la lumière en arrière-plan, rendant chaque portrait singulier et esthétiquement agréable. Mais cet effort est vite affaibli par l’aspect trop appuyé de la situation ; Chaque personnage, tout en pleurant, raconte son histoire et sa situation parentale. Cela fleure bon la guimauve, mais trop longue et maladroite, la scène perd de sa vraisemblance et s’enlise encore une fois dans un mélodrame inutile. A cette fumeuse et grotesque représentation du monde des triades, s’ajoute une absence totale de scènes d’actions. Celles-ci sont systématiquement évitées par une facilité scénaristique. Les personnages s’en vont du lieu où démarrait le conflit, un boss qui apparaît alors que les deux troupes, machettes aux poings, étaient prêtes à s’élancer l’une contre l’autre etc. La mort est présente dans le film, mais n’est jamais filmée, ce qui est un manque de respect pour ces guerriers urbains. Le sang peut se voir une fraction de seconde sur un tiers de l’image, le reste étant du noir, et sur un seul plan. Ce politiquement correct qui contribue à rendre cet univers propre et irréaliste consterne, agace, ennuie, puis finit par lasser.

LES PLUS LES MOINS
♥ Mise en scène correcte ⊗ Le scénario
⊗ Les personnages
⊗ L’ambiance

En fin de compte, même si ce film reste bien réalisé dans son ensemble – nous sommes loin d’un Nam Nai Choi, quoique au moins ce dernier a le mérite de divertir et de faire rire ce qui n’est pas le cas de ce film – The Legendary Tai Fei relève de la blague commerciale pour adolescents attardés qui en plus ne connaîtraient strictement rien au cinéma. À conseiller uniquement à ceux qui veulent compléter leur collection de films avec Anthony Wong sinon pour les autres passer son chemin et ignorer ce film serait la meilleure chose à faire.


Titre :The Legendary Tai Fei / 古惑仔激情篇洪興大飛哥
Année : 1999
Durée : 1h29
Origine : Hong Kong
Genre : Drame chez les gangsters
Réalisateur : Kant Leung
Scénario : Lee Siu-Kay, Siu Wah

Acteurs : Anthony Wong, Teresa Mak, Benny Lai Chun, Alex Lam, Maggie Lau, Chiu Lai-Yee, Samuel Leung, Chan Nam-Wing, Chat Pui-Wan, Tsui Ling-Ling

 Goo wak chai: Hung Hing Dai Fai Gor (1999) on IMDb


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Auteur : Vince2dub

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