[JV] Judgment (2018, PS4)

Takayuki Yagami est un ancien avocat qui a quitté le barreau suite à une affaire ayant abouti à la libération en 2015 de Shinpei Okubo, ce Tokyoïte responsable du meurtre de sa petite amie et d’un incendie. En 2018, Yagami est devenu détective privé dans son quartier natal de Kamurocho. Avec l’aide de Kaito, un ancien yakuza qui travaille désormais pour lui en tant qu’enquêteur, Yagami va devoir enquêter dans Kamurocho sur une affaire de meurtres et énucléations de yakuza par un tueur en série. Cette mystérieuse affaire semble avoir un lien avec son passé d’avocat et sa dernière affaire…


Avis de Rick :
Sega avait mit fin à la carrière du dragon de Dojima, alias Kiryu Kazuma, avec Yakuza 6. Oui, le joueur ne jouera plus Kiryu, après pourtant plus de 10 ans d’aventures ensembles. Il était temps de passer à autre chose, ce que le studio n’a pas tardé à faire, puisqu’en Décembre 2018 débarquait au Japon Judge Eyes. Et pour une fois, l’annonce d’une sortie Américaine et Européenne ne tarda pas, le jeu sera renommé Judgment et sortira en Juin. Une petite polémique plus tard en Mars avec l’arrestation pour usage de cocaïne de l’acteur Pierre Taki qui prêtait sa voix et sa ressemblance à un personnage clé, un remodelage et un redoublage plus tard, et voilà Judgment qui débarque en France, avec, pour les joueurs qui adorent se plaindre, des sous titres français pour une fois ! Après avoir pété des dents au clan Tojo dans les jeux Yakuza en ayant joué le Yakuza le plus célèbre de Kamurocho, le studio change la formule. Mais pas tant que ça heureusement. Ou malheureusement parfois. Dans Judgment donc, on ne joue pas un Yakuza, ni un délinquant quelconque, mais Takayuki Yagami, un ancien avocat de la défense qui s’est retiré après avoir libéré un homme trois ans plus tôt. Homme qui, une fois libéré, fut retrouvé et arrêté pour avoir poignardé sa petite amie et brûlé son corps. Ah ça forcément, en replaçant encore une fois son intrigue dans Kamurocho, on va avoir droit à une intrigue sombre, des meurtres, des faux semblants, et bien entendu un paquet d’inconnus qui vont nous chercher des emmerdes dans la rue.

Le jeu prend place en Décembre 2018, et notre personnage est passé d’avocat de la défense à détective privé. Et nous voilà embarqué dans une sombre histoire de meurtres en série, avec à la clé, une famille de yakuza, un mystérieux médicament pour soigner Alzheimer, le ministère de la santé, un rachat immobilier, des meurtres sauvages avec des victimes aux yeux arrachés, des complots, des gangs et j’en passe. Judgement reprend la formule de Yakuza, en changeant quelques petits aspects, mais sans chambouler pour autant les habitudes des joueurs. Car oui, on retrouve encore et toujours le fameux quartier de Kamurocho, on retrouve certains éléments clés, on a encore des combats de rues, des compétences à débloquer, des activités annexes, des PNJ en pagaille, on a encore le Dragon Engine pour ce qui est du graphisme, le clan Tojo est toujours de la partie même si on y découvre une nouvelle famille. D’ailleurs, soyons clair, le premier élément (et en réalité, un des seuls) qui pourra décevoir dans ce Judgment, ce sera ce côté trop familier. Kamurocho, on le connaît depuis le temps, un peu trop même, depuis 2005. Ce quartier a changé certes. Le bowling avait fermé par exemple et fut remplacé par une salle de gym dans Yakuza 6, avant d’être encore changé par une nouvelle enseigne dans ce Judgment. Mais en l’état on traverse un quartier que l’on connaît un peu par cœur, même s’il évolue au fur et à mesure des années et des jeux. Mais à ce niveau, il faut avouer que l’on aurait aimé sans doute un peu plus de nouveauté, ou de prise de risque. Un nouveau quartier, une seconde ville peut-être. Après tout, Yakuza 6 proposait deux quartiers dans deux villes, et Yakuza 5…. Oui beaucoup beaucoup plus.

Mais non, nous voilà encore une fois à arpenter Kamurocho. Un petit côté redite certes, mais au final pas si désagréable que ça, dans le sens où de nouvelles boutiques sont là, quelques rues bloquées dans Yakuza 6 (tout le Nord avec la rue des Love Hotel) sont de retour, et que comme toujours, certains chapitres vont nous emmener en dehors du fameux quartier. Et puis, le fait que l’on connaisse le quartier comme notre propre ville aide également à ne pas afficher la carte en permanence. Après plus de 10 ans à Kamurocho, si l’on nous donne rendez vous à Theater Square ou sur Pink Avenue, nous savons immédiatement où nous rendre, et ça c’est un gros plus malgré tout. On se sent, comme les personnages, chez nous. De toute façon, au delà de ce quartier emblématique, Judgment fait bien les choses pour être un nouveau jeu à part. Et il y a tellement de choses à en dire. L’intrigue du jeu, encore découpée en 13 chapitres, est comme toujours soignée au possible, et tient en haleine. La profession de notre héros, détective privé donc, permet de varier le gameplay même si tout n’est pas convaincant. Il faudra enquêter, trouver des preuves, et du coup, on pourra alterner des scènes de courses poursuites pour attraper des suspects (élément présent depuis Yakuza 4), des séquences de filatures (malheureusement un peu trop faciles et un peu trop longues), des recherches d’indices en vue subjective, de la surveillance grâce à notre drone, de la baston pure et dure, des choix dans les dialogues, sans oublier les dialogues nombreux en cinématiques et toujours aussi bien écrits.

Oui il y a de quoi faire avec Judgment. Et cette variété est la bienvenue. On ne parlera pas tant que ça de l’intrigue, riche en rebondissements et en moments épiques, car avouons que ce serait dommage de spoiler. Mais voilà, basiquement, on enquête sur une série de meurtres, cherchant à trouver le coupable, surnommé la Taupe et travaillant probablement pour le compte des Yakuza. Si l’intrigue principale est longue et bien ficelée, tenant en haleine entre 20 et 25 heures, il ne faut pas oublier le contenu annexe. Là où Yakuza 6 m’avait un poil déçu dans son contenu annexe, manquant un peu de folie et sans doute parfois un poil répétitif (sur 50 quêtes annexes, 5 concernaient des hôtesses, et 5 concernaient des amitiés dans les bars), Judgment fait bien les choses, n’hésitant pas à partir dans le second degré le plus total. Le studio a en fait beaucoup travaillé le contenu annexe, donnant à Kamurocho un aspect plus vivant qu’habituellement. Là où d’habitude, on ne faisait qu’arpenter les rues et être témoin d’événements qui au départ ne nous concernent pas, Judgment pousse le concept bien plus loin pour diversifier le tout. On trouvera toujours quelques événements aléatoires sur le map, comme un braquage dont nous sommes le témoin, mais pour le reste, il faudra accepter des missions de détective à notre bureau ou au bureau d’avocat du coin, pour prendre en filature des hommes infidèles et j’en passe. Mais il y a aussi un nouveau système dans Judgment. Il sera possible de se lier d’amitié avec pas mal de personnages secondaires, rencontrés parfois par hasard, et par moment non. Ces amitiés, au nombre de 50, nous donneront parfois des petites missions annexes (qui ne sont pas considérés comme telles, mais comme des événements d’amitié). Si sur le papier, cela ne change pas grand-chose, dans les faits c’est différent.

Sur ces 50 amitiés, certaines seront plus avantageuses que d’autres par exemple. Etre ami avec un Yakuza ou bien un bagarreur né pourra nous apporter un soutien non négligeable, puisque si ses personnages passent dans la rue lors d’un combat, ils viendront tout simplement se battre à nos côtés. D’autres amis en nous croisant nous donneront de précieux objets, gratuitement. Tandis que parfois, une quête secondaire nous permettra de nous lier d’amitié avec une jeune femme, qui voudra devenir notre petite amie et qui nous donnera accès à des rendez-vous. Le tout bien entendu avec toujours des points de compétences à la clé. Et puis, certaines amitiés vont débloquer des mini jeux également, certains moins bons que d’autres, certains classiques. On retrouvera par exemple toujours les cages pour faire des home run, les bars pour se saouler, le casino, mais nouveautés, on trouvera également des courses de drones, ainsi qu’un parcours VR dans un Kamurocho virtuel, sorte de jeu de société grandeur nature, avec un dé pour avancer, un nombre de cases avant le final, et des cases sur la route qui nous donneront des petits épreuves, allant du combat au crochetage de coffre pour gagner plus de bonus. Le VR d’ailleurs, ce sera l’activité principale pour gagner vite un max d’argent dans Judgment, en plus d’être plutôt fun et plutôt hard dans les dernières épreuves. Et si l’intrigue principale est tendue et sombre, le contenu annexe est lui beaucoup plus léger, voir fou, avec des pervers à arrêter portant des noms ridicules par exemple. Ça va parfois loin, et ça fait rire. Seule ombre au tableau de ce gigantesque contenu annexe pouvant amener la durée de vie jusqu’à 60 heures (j’ai maximisé les 50 amitiés et terminé les 50 quêtes annexes, en finissant le jeu en 56h), Judgment semble régresser sur un point comparé à Yakuza 6.

Yakuza 6 faisait le choix du doublage intégral, même en ce qui concerne le contenu annexe, alors que Judgment nous redonne les fameux dialogues annexes à lire uniquement. Et ça fait bizarre d’y retourner si peu de temps après Yakuza 6. Mais passons. En ce qui concerne les nombreux combats, si on ne joue qu’un seul personnage, le jeu nous propose de switcher quand on veut entre deux styles de combat, le style de la grue plus efficace contre les ennemis nombreux, et le style du tigre, dévastateur contre les ennemis seuls. Le style de combat est dans tous les cas beaucoup plus souple et athlétique, voir parfois aérien que ce que le studio nous avait habitué. On court, on fait des glissades au sol, on prend appuie sur un mur avant de faire un coup de pied retourné, voir on n’hésite pas à s’élancer en l’air avant de faire retomber un coup de pied dévastateur sur la tête de l’ennemi. Mais Yagami n’est pas un gros dur musclé comme Kiryu, et les combats, bien plus souples, cachent également une difficulté bien plus élevée, et bienvenue. Surtout que les combats de boss, nombreux, sont venus avec une petite nouveauté, à savoir les coups mortels. Un ennemi enragé peut maintenant, en plus de nous faire de très lourds dégâts, faire diminuer la taille de notre barre de vie de manière définitive. Pour récupérer l’intégralité de sa barre de vie, deux solutions seulement. Avoir une trousse de secours sur soit, ce qui coûte un bras en début de jeu, ou aller voir un docteur qui nous soignera, mais au début, ça coûte un bras aussi. Autant dire qu’il vaudra mieux accepter quelques enquêtes pour faire augmenter notre argent, ou oser de longs parcours en VR pour gagner de l’argent. Car vers la fin du jeu, on va les enchaîner les combats bien difficiles.

Judgment donc, c’est à la fois très proche et très différent de Yakuza. Et au final, grâce à une vraie rigueur d’écriture, un contenu annexe fun et long, des personnages intéressants et charismatiques, c’est tout aussi bien. La ville en met toujours pleins les yeux, surtout de nuit, on se prend au jeu avec son intrigue pleine de rebondissements et ses personnages hauts en couleur, on se perd dans son contenu annexe souvent fun et décomplexé, et on ne voit pas les heures passer. Les ombres au tableau sont finalement minimes. Encore Kamurocho oui mais on connait tellement bien ce quartier que l’on s’y fait vite, le contenu annexe non doublé nous ramène quelques années en arrière mais on s’y fait également. Quelques activités annexes sont également un peu moins fun comme les courses de drones par exemple, mais à part gagner quelques courses, le reste est optionnel (sauf pour ceux voulant débloquer le saint 100%). Judgment aura été au final une expérience addictive, et on s’accroche très vite aux nouveaux personnages que l’on découvre, que ce soit notre héros Yagami, ou bien Kaito qui nous aide dans nos enquêtes ou le jeune avocat Hoshino. Les combats sont parfois un poil plus techniques et plus durs, mais il faut également avouer que certains combats sont purement épiques. Et cette fois-ci, tout le monde peut en profiter, le jeu étant sous titré en français (et possédant même… un doublage anglais, même si je ne vois pas l’utilité de la chose). Reste à voir si Yagami réussira à conquérir le cœur des joueurs comme a pu le faire Kiryu au fur et à mesure des années, notamment récemment depuis Yakuza 0.


GRAPHISMES
Si certains éléments semblent un peu datés, le jeu se fait malgré tout très beau. La ville de nuit est magnifique, les personnages et leurs animations faciales sont toujours au top, et le monde paraît plus vivant qu’avant.
JOUABILITÉ
Les connaisseurs de Yakuza seront en terrain connu. Basiquement, le gameplay est le même, avec quelques ajouts pour diversifier le tout (les enquêtes, les filatures, la recherche de preuve).
DURÉE DE VIE
Une intrigue en 13 chapitres qui tient en haleine sur plus de 20 heures, et un contenu annexe énorme, avec 50 amitiés, 50 missions annexes, des petits événements, le casino, des parcours VR, le baseball, 4 possibles petites amies et j’en passe.
BANDE SON
Des doublages excellents, une musique qui alterne les moments de tension, les ambiances un peu plus jazzy et les moments musclés. De l’excellent travail, dommage juste que certains contenus annexes ne soient pas doublés.
CONCLUSION
Judgment est le digne successeur de Yakuza. Même quartier certes, et quelques petits défauts, mais une aventure riche en rebondissement, portée par une intrigue excellente et sombre, et blindée de contenu annexe souvent très fun dont la plupart des éléments se font naturellement. Plus de 50h de bonheur, d’enquêtes, de faux semblants, et de coups de pieds dans la face !

note8



Titre : Judgment – Judge Eyes
Année : 2018
Studio : Ryu Ga Gotoku Studio
Editeur : Sega
Genre : Objection !

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4
Support : un disque


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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