[Film] Bons Baisers de Bruges, de Martin McDonagh (2008)

Après un contrat qui a mal tourné à Londres, deux tueurs à gages reçoivent l’ordre d’aller se faire oublier quelques temps à Bruges. Ray est rongé par son échec et déteste la ville, ses canaux, ses rues pavées et ses touristes. Ken, tout en gardant un œil paternaliste sur son jeune collègue, se laisse gagner par le calme et la beauté de la cité. Alors qu’ils attendent désespérément l’appel de leur employeur, leur séjour forcé les conduit à faire d’étranges rencontres avec des habitants, des touristes, un acteur américain nain tournant un film d’art et essai européen, des prostituées et une jeune femme qui pourrait bien cacher quelques secrets aussi sombres que les leurs… Quand le patron finit par appeler et demande à l’un des tueurs d’abattre l’autre, les vacances se transforment en une course-poursuite surréaliste dans les rues de la ville…


Avis de Iris :
On connait la capacité du cinéma britannique à nous livrer de petits films déjantés, basés sur les dialogues, les jeux d’acteurs, les situations improbables, relevés de cet humour si particulier auquel certes on adhère ou pas mais qui donne aux films anglais cette saveur si atypique. Bons baisers de Bruges, c’est six nominations et deux prix en 2009 (le Golden Globe du Meilleur acteur dans une comédie ou une comédie musicale pour Colin Farrell et BAFTA Awards / Orange British Academy Film Awards 2009 du meilleur scénario original pour Martin McDonagh), une reconnaissance internationale pour son réalisateur qui s’était déjà distingué avec son film Six Shooter en 2006 en recevant l’Oscar du meilleur court-métrage. Alors tous ces lauriers, mérités ou pas ?

Un peu partagée en réalité au visionnage de ce film… Loin de le trouver mauvais, au contraire, il est assez bon, beau, le casting encore une fois génial, des sentiments ambivalents sur presque chaque sujet évoqué, mais pas non plus à classer parmi les films cultes ou à devenir cultes ! Et encore une fois, avec une thématique légèrement déjà vue et déjà traitée. Ce coup-ci, pas de référence au cinéma type Tarantino ou Frères Cohen comme dans 7 psychopathes du même réalisateur (quoi que certains dialogues encore une fois pourraient rappeler les digressions à propos du Royal cheese ou des massages de pieds ^^) mais une énième intrusion dans le monde des tueurs à gage à base de regrets, de seconde chance, de dernier « cadeau avant de mourir ». Et en surbrillance, le duo Colin Farrell/Brendan Gleeson tous deux géniaux dans ce rapport vieux tueur à gage paternaliste envers la recrue qu’il a présentée à son employeur et qu’il va essayer d’aider à exorciser ses démons, l’un qui va adorer Bruges et le petit séjour touristique, l’autre qui va détester ça : détester la ville, détester jouer les touristes, détester la promiscuité, détester parler… Avec en toile de fond la Venise du Nord : Bruges. Je ne veux en aucun cas blesser qui que ce soit et je n’ai jamais mis les pieds à Bruges donc tout ce qui va suivre n’est absolument pas objectif mais en effet, Bruges c’est tout à fait au Nord de la Belgique, juste avant les fêtes de Noel, autant dire froid/gris, des églises à visiter, des balades sur les canaux bref… On peut comprendre la tête de Colin Farrell quand on lui dit que Bruges a été choisi car destination jugée idyllique… Ce qui vaut le récurrent « in fucking Bruges ? » running gag du film…

Et c’est ce qui fait la force de Bons baisers de Bruges : ses dialogues savoureux. Que ce soit à propos de la ville elle-même, de la taille de leurs flingues, des guerres blancs vs noirs, mélange d’humour, de « ronchonnerie », de détails improbables, ils font clairement la force du métrage. Dialogues portés par des acteurs parfaits et franchement dirigés au poil : Colin Farrel vraiment bon tant dans l’émotion que dans les mimiques ou expressions, Brendan Gleeson toujours excellent et ici encore une fois, Ralph Fiennes parfait en tout et dans tous ses films qui campe un excellent employeur de tueurs à gage et tueur à ses heures perdues… Et c’est vraiment la force de Martin McDonagh, c’était en effet déjà le cas dans les 7 psychopathes, de pouvoir avec des budgets moyens (15 M$ par film) se permettre des acteurs bons, peut-être pas ou plus ou pas encore aussi bankables qu’à d’autres périodes de leurs carrières, mais au talent indéniable et de pouvoir les faire évoluer dans des endroits et des situations qui ressortent merveilleusement bien à l’écran. Bons baisers de Bruges fait ressortir à merveille l’ambiance du Nord au moment des fêtes et les images sont belles, les éclairages également, les plans séquences parfaits, bref, casting parfait et esthétique réussie : deux points trèèèèès forts pour ce film ! Et la seconde partie est également bien rythmée, ça se décoince, le film avance, nous a présenté tous les personnages, on peut donc y aller : rencard qui tourne mal, séance de défonce à la coke, tentative de meurtre, de suicide, course poursuite, gunfight, recourse poursuite bref ça bouge pas mal en seconde partie et le côté fun est bien présent (surtout avec l’arrivée d’Harry, personnage improbable mélange de père de famille aux principes rigides et tueur froid mais un tantinet ridicule…) Vraiment très bonne seconde partie.

Et c’est là que le bât blesse dans ce film : la lenteur et la quasi immobilité de sa première partie. Même avec des dialogues très drôles, même avec de beaux décors, même avec la découverte des personnages et des liens qui les unissent, le début pendant presque 45 minutes est lent, très lent, trop lent. Sans vraiment s’ennuyer pour autant mais sans vraiment prendre un grand plaisir non plus… Plutôt en attente du déclenchement, voilà, c’est ça ! Une attente de mieux en fait ^^. Et c’est vraiment dommage parce qu’en nous donnant matière dès le début et ce rythme qui fait la force et le crescendo de la deuxième partie, ce film aurait peut-être pu en effet devenir une œuvre plus marquante que ce qu’elle est au final. Mais encore une fois, loin d’être mauvais c’est un film qui se laisse regarder avec un vrai sourire au coin des lèvres mais peu de franche rigolade et une première partie un peu molle ce qui gâche notre plaisir… un peu.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ Les dialogues
♥ Bruges (non, je déconne)
⊗ Une première partie trop lente
⊗ Une première partie trop longue
Bon baisers de Bruges fait passer un bon moment, on sourit, on se marre parfois, on savoure les décors, les acteurs, les dialogues, mais on n’est réellement pris et on assiste à un thriller loufoque qu’à partir de la seconde partie : un poil dommage.



Titre : Bons Baisers de Bruges / In Bruges
Année : 2008
Durée : 1h47
Origine : Angleterre
Genre : Ils sont compliqués ces tueurs à gage
Réalisateur : Martin McDonagh
Scénario : Martin McDonagh

Acteurs : Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes, Clémence Poésy, Jérémie Renier, Eric Godon, Jordan Prentice, Thekla Reuten

 Bons baisers de Bruges (2008) on IMDb


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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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