[Avis] Ninja 2 : Shadow of a tear, de Isaac Florentine (2013)

Casey Bowman (Scott Adkins) et Namiko (Mika Hijii) vivent à Osaka en enseignant les arts martiaux dans leur dojo. Un soir, Namiko est sauvagement assassinée, étranglée avec un fil barbelé. Un de ses amis, Nakabara (Kane Kosugi), renseigne Casey en lui expliquant que ce crime porte la marque de Goro, un baron de la drogue qui sévit en Birmanie. Casey rejoint Nakabara dans son école d’arts martiaux de Bangkok pour se préparer à affronter Goro.


Avis de Pti Denis :
Entre les deux Undisputed, le réalisateur Isaac Florentine et son acteur fétiche Scott Adkins se sont associés en 2008 pour faire un film de Ninjas, genre qui, aux U.S.A., a connu son heure de gloire dans les années 80 (en particulier les productions Cannon avec Sho Kosugi en tête d’affiche). Le film de Ninjas Occidental, à défaut d’avoir produit des grands films d’arts martiaux, représente pour beaucoup un sous-genre particulièrement plaisant.

Voulant rendre hommage à ces types de films qui ont nourri leur adolescence, Ninja n’a pourtant pas donné entière satisfaction au tandem. Réécrit peu de temps avant le début du tournage par le scénariste Boaz Davidson (un nom familier des génériques Nu Image, studio producteur du film), Ninja pêchait, il est vrai, par un scénario bancal. Mais cela n’a pas empêché au réalisateur de nous offrir une grosse quantité d’action spectaculaire mettant en scène le féroce Scott Adkins, seul star non Asiatique avec Michael Jai White capable de rivaliser avec les ténors de la savate made in Orient.

Depuis 2009 et le tournage du troisième Undisputed, les deux hommes n’avaient pas retravaillé ensemble. Scott Adkins a multiplié les films (Expendables 2, Universal soldier : Le jour du jugement, Bad Yankee…) devenant une grosse valeur sûre des Direct To Video. Fin 2012, le projet Ninja 2 est lancé pour un tournage début 2013. Un an plus tard, voici donc ce Ninja 2 : Shadow of a tear, nouvelle tentative des deux hommes de rendre un vibrant hommage au genre Ninja.
Encore une fois, le résultat est en demi-teinte, cette suite comprenant les mêmes défauts et les mêmes qualités que son prédécesseur. Si le premier film faisait cheap au niveau des décors, ce n’est pas le cas pour cette séquelle. Japon, Thaïlande, Birmanie, les lieux sont variés, l’image est belle. Florentine nous offre une direction artistique supérieure à ce que l’ont peut voir dans le monde du Direct To Video.

Mais le scénario en revanche est encore plus faible que pour le premier opus. Twist qui n’en n’est même pas un, enchaînement de combats non utiles au déroulement de l’histoire, Ninja 2 : Shadow of a tear est une œuvre à l’intrigue décousue (on ne rentre jamais vraiment dans le film). Les réactions et tourments de Casey dans l’école de Nakabara représentent du point de vue de l’histoire le meilleur passage du film. Ne pouvant laisser déborder sa colère, le personnage, bien que pur stéréotype de série B, s’avère intéressant à suivre.
Une fois parti à la recherche du baron Goro, le reste de l’intrigue s’apparente trop à du remplissage et oublie toute notion de crédibilité ou de cohérence. Le film reprend du poil de la bête dans sa dernière partie, en particulier lors d’un passage en jungle Birmane qui fleure bon l’esprit Cannon des 80’s.
Si l’histoire et les acteurs (leurs rôles ne sont que des archétypes de série B) laissent à désirer, niveau action, cette suite surpasse totalement son prédécesseur (qui pourtant excellait dans le domaine).

Le chorégraphe du premier opus, Akihiro Noguchi, a laissé place au cascadeur Tim Man (Ong Bak 2, Bangkok Adrealine, Mortal Kombat : Legacy) qui s’est surpassé. Le résultat est réellement prodigieux. Les combats, (approchant facilement la dizaine) constituent le haut du panier actuel en matière de films d’arts martiaux. Scott Adkins se bat comme une bête sauvage, pulvérisant littéralement tous les adversaires se présentant à lui.
Utilisant le Taekwondo avec quelques techniques de Free fight, l’acteur, plus rapide et athlétique encore que dans le premier opus, est fort bien servi par un Isaac Florentine qui n’a peut-être jamais aussi bien mis en scène l’action. Rentrant au cœur des combats, avec des postures graphiques évoquant le meilleur du cinéma martial Japonais et Hongkongais (clin d’œil sympathique à la descente de Jet Li dans le dojo Japonais dans Fist of Legend) et utilisant le ralenti au bon moment, le réalisateur est à son meilleur niveau (il réussit même parfaitement un combat en plan séquence où Adkins s’oppose à plusieurs élèves d’un dojo). A main nue ou à l’arme blanche, les joutes s’enchaînent à vitesse grand V (maximum 10 minutes d’attente entre les scènes).

Trois séquences se détachent particulièrement : l’altercation dans un bar extérieur entre un Adkins rongé de colère et des clients trop chahuteurs (excellent « un contre plusieurs » qui se différencie par son décor et ses accessoires de la scène similaire du premier film où l’acteur affrontait une secte) et deux « un contre un », pures merveilles chorégraphiques : dans la première scène, Adkins affronte l’homme de main de Goro qui est joué par le chorégraphe lui-même, Tim Man.
Rempli de coups de pied retournés et sautés spectaculaires, le combat est un réel bonheur pour l’amateur. Quand au deuxième face à face, avec un affrontement Scott Adkins – Kane Kosugi (parfaire filiation avec les films de Ninjas de son père), l’attente était assez élevée.
Kane Kosugi dévoile enfin tout son potentiel martial, son haut niveau en Taekwondo en faisant un adversaire de choix face à Scott Adkins. Leur combat est un pur morceau d’anthologie (tout comme le duel face à Tin Man). Rapide, précis, les deux hommes enchaînent les coups dans un timing parfait avant de poursuivre leur duel à l’arme blanche. Le clou d’un spectacle martial total qui se permet de supplanter nombre de concurrents actuels (Tom Yum Goong 2 en tête).
Tout comme pour le premier opus, on peut juste regretter qu’il n’y ait pas plus de ninjas (le héros lui-même ne revêtant l’habit que lors d’une séquence).

Ninja 2 : Shadow of a tear est une séquelle qui n’a pas retenu les défauts de son modèle. Handicapé par une trame scénaristique bancale, le métrage est de moins bonne tenue que le premier opus. Mais étant destiné avant tout aux amateurs de bandes martiales, il constitue un spectacle de choix en enchaînant des joutes de haut niveau. L’association Florentine-Adkins atteint ici des sommets et délivre même deux combats d’anthologie.
Encore une fois, leur film représente le haut du panier des Direct To Video actuels.

 


Titre : Ninja 2 : Shadow of a tear
Année : 2013
Durée : 1h35
Origine : U.S.A
Genre : Arts Martiaux
Réalisateur : Isaac Florentine

Acteurs : Scott Adkins, Kane Kosugi, Mika Hijii, Shun Sugata, Tim Man, Mukesh Bhatt, Jawed El Berni, Shogo Anikawa


Galerie d’images :

0 0 votes
Article Rating

Auteur : Pti denis

Fan de cinéma de genre depuis tout gamin, le film d'arts martiaux HK est par-dessus tout le genre que j'affectionne le plus. Mais j'adore également l'horreur, le cinéma populaire Italien des années 60 aux 90's, le polar (d'où qu'il vienne), je prends autant de plaisir devant un gros blockbuster bien fait qu'un film de zombies fauché comme L'avion de l'apocalypse.
S’abonner
Notifier de
guest

8 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments