
Des nazis sont envoyés pour garder une vieille et mystérieuse forteresse roumaine. L'un d'eux, par erreur, laisse s'échapper une force inconnue qui était prisonnière des murs...
J'avais vu le film il y a hyper-longtemps. Tellement que je ne m'en souvenais, en fait, quasiment plus. Ne gardant vaguement en tête que quelques plans et le souvenir de quelque chose d'un peu confus. Le film étant dispo sur le replay de Paramount Channel (qui plus est dans une copie plutôt pas mal et en tous cas nettement meilleure que bien des rips VHS moisis trouvables sur le net), j'ai sauté sur l'occasion de rattraper mon retard et enfin me faire plus juste idée de la chose.
On connait le contexte : tournage très compliqué, mort du spécialiste des effets spéciaux qui a laissé toute l'équipe dans l'embarras et studio qui a allégrement sabré dans le résultat final (qui excède à peine l'heure et demie, générique compris). Pour autant, je partais presque conquis d'avance. Parce que le film s'inscrit pile dans ma période préférée de Mann et même entre mes deux favoris du réal (Thief et Manhunter). Que la proposition, qui mêle film de guerre et film d'horreur représente, à priori, tout ce j'aime au ciné. Que le cast quatre étoiles (Scott Glenn, Ian McKellen, Jürgen Prochnow, Gabriel Byrne) fait saliver d'avance. Et que la réputation de l'objet (qui ne cesse d'enfler avec les années) laissait espérer quelque chose de peut-être inabouti mais riche de promesses.
Et le fait est que ça démarre pas mal, sous haute influence du Sorcerer de Friedkin - même image verdâtre, même ambiance sombre et boueuse, même score synthétique de Tangerine Dream. Mann pose ses jalons, le récit se met en place, on se frotte les mains en anticipant ce qui va arriver. Sauf que ça va rapidement se gâter...
Une fois le contexte exposé, l'histoire se met à avancer à pas de géants, comme s'il manquait des pans entiers du film (et, de fait...). Ce qui serait un moindre mal (encore que) si ce qu'on voyait affichait une certaine tenue. Sauf qu'arrivé à la moitié, ça dérape dans le n'importe quoi et le kitsch absolu. Que ce soit au niveau des SFX d'un autre temps, des dialogues philosophico-existentialistes niveau CE2, du cabotinage éhonté de certains acteurs (Ian McKellen : c'est de toi que je parle) ou de l'emphase de Mann qui se retrouve, plus que de raison, à enchaîner les ralentis sur fond de nappes vaporeuses de Tangerine Dream. Et puis ça se termine de manière abrupte et c'est tout. Euh... O.K.

Comme j'ai trop de respect pour Mann (surtout celui de cette période) pour prononcer des mots comme "nanar", on parlera, selon la bien commode expression consacrée, de "grand film malade". Et sans doute y avait-il, effectivement, quelque chose de potentiellement passionnant dans le sujet. Pour autant et malgré tout l'amour qu'on peut porter au réal, on a aussi le droit de penser qu'il s'est loupé, même si les circonstances ne l'ont pas aidé. Quant à l'hypothétique version longue fantasmée par les fans depuis bientôt quarante ans, ayant cru comprendre que Mann ne voulait plus entendre parler du film (ne le mentionnant d'ailleurs, sauf erreur, jamais), on peut raisonnablement dire qu'elle restera au rayon des rêves cinéphiliques humides. À moins que surgisse un de ces quatre un #RestoreTheMannCut sur Twitter ?
