[Avis] Dragon Gate – La Légende des Sabres Volants, de Tsui Hark (2011)

Perdue en plein désert, l’Auberge du Dragon est devenue le repaire des voleurs depuis que la rumeur en a fait un lieu incontournable pour bandits et aventuriers en tout genre : elle serait bâtie sur une ancienne cité recouverte par le sable en cachant un fabuleux trésor que seule une gigantesque tempête, se produisant tous les soixante ans, peut mettre à jour. Alors qu’une tempête de sable menace, les rivalités vont s’exacerber jusqu’à l’inévitable affrontement entre les factions opposées…


Avis de Postscriptom :
Une nouvelle réalisation de Tsui Hark est toujours un événement, même si son cinéma divise de plus en plus ses admirateurs et détracteurs, et comme pour son précédent film (DETECTIVE DEE ET LE MYSTERE DE LA FLAMME FANTOME) les avis contrastés sur FLYING SWORDS OF DRAGON GATE / DRAGON GATE – LA LEGENDE DES SABRES VOLANTS révèlent qu’il a peut-être bien perdu l’universalité qui faisait le prix de ses plus grandes oeuvres…

Car avouons-le DRAGON GATE – LA LEGENDE DES SABRES VOLANTS ne va pas faire retomber les passions tant il se révèle aussi fascinant que frustrant : en effet à l’analyse le film est assez facile à cerner : suite-remake de NEW DRAGON GATE INN / L’AUBERGE DU DRAGON (1992) de Raymond Lee (produit – et co-réalisé – par Tsui Hark à la grande époque, une merveille…), lui-même déjà un remake de certains classiques de King Hu, DRAGON GATE INN (1969) bien sûr, mais aussi et surtout le magnifique THE FATE OF LEE KHAN / L’AUBERGE DU PRINTEMPS (1973) avec tous ces personnages mystérieux qui se retrouvent, se trahissent et s’affrontent dans un espace clos, théâtre de la tragédie humaine toujours superbement mis en valeur.
Cet aspect constitue d’ailleurs une nouvelle fois l’aspect le plus « chinois » et le plus réussi de ce nouvel opus, Tsui Hark retrouvant pendant une heure la magie de L’AUBERGE DU DRAGON, même si j’ai toujours une préférence pour celui-ci, plus clair dans ses enjeux (les pauvres spectateurs occidentaux « non-initiés » vont se retrouver rapidement largués) et plus émouvant aussi, voir l’histoire d’amour Brigitte Lin – Tony Leung Kar-Faï autour de la flûte phallique qu’il essaie un peu maladroitement de reproduire, raté…

Auparavant nous avons droit à une présentation des protagonistes qui vont se retrouver à l’auberge, une première partie sympathique et rythmée qui ressemble à ce qu’on a pu voir dans DETECTIVE DEE, l’intrigue à la Agatha Christie en moins et les combats en plus, ce qui n’est pas pour nous déplaire, c’est un wu-xia quand même (ça fait plaisir de voir Gordon Liu et Jet Lee s’affronter à nouveau…), même si la façon de filmer de Tsui (toujours cette idée de montrer l’action « autrement ») s’avère frustrante martialement mais plutôt fun et décontractée au final avec des combats au bord de l’eau et sur un bateau en pleine mer, qui décoiffent bien (sans être inoubliables non plus), mis en valeur par la photographie somptueuse et des paysages magnifiques cadrés en plans larges pour bien voir qu’il y a du budget, bref là ça passe encore et le film se révèle globalement une bonne surprise pour les fans nostalgiques de la grande époque du maître et du cinéma de Hong Kong…

Mais au troisième tiers ça plonge un peu hélas, car quand il faut sortir de l’auberge et résoudre les multiples enjeux en se tapant dessus là rien ne va plus, la mise en scène devient brouillonne, manque de spatialisation, Tsui Hark étant visiblement un peu perdu au milieu de son désert numérique, allant même jusqu’à mettre la cohérence du film en danger (son défaut récurrent, il veut souvent en faire trop…) quand il envoie Jet Li et le méchant se battre dans un tourbillon lors de la tempête annoncée, le film flirtant alors dangereusement avec le ridicule, ce qui personnellement ne me gêne pas, mais certains risquent de tiquer fortement…
Mais ce n’est pas tout, car si on s’arrêtait là ça irait encore, mais peut-être pour faire original (ou faire oublier que c’est un énième remake) il se croît obligé d’ajouter un nouveau chapitre « inédit » à la fin, quand les protagonistes se retrouvent pour une chasse au trésor dans une cité perdue enfouie sous les sables, et alors là c’est le trou noir, on dirait le pire du cinéma « martial » de Chen Kaïge et Zang Yhimou réunis (j’ai oublié les titres, mais vous voyez ce que je veux dire…), et hélas plus rien à sauver ni à filmer si ce n’est à attendre la fin qui arrive péniblement, et qui hélas nous laisse sur une impression catastrophique, quel dommage alors qu’une demi-heure plus tôt on aurait eu un film certes sans génie (le Tsui de THE BLADE est mort, même si certains ne l’admettront jamais…) mais honorable.

L’honnêteté me commande cependant de dire que beaucoup trouvent la 3D (native) très réussie, notamment nos spécialistes maison Le Loup Céleste et Cedsifu (que ce soit au niveau de la profondeur de champ, des jaillissements d’objets et de personnages…), bref un vrai plus pour l’immersion qui en remontre à beaucoup de films occidentaux à ce niveau et l’impose instantanément comme une nouvelle référence du genre, comme le souligne également notre Yannick Dahan national (si) qui, dans sa critique récente du film dans son émission OPERATION FRISSON, décrit avec son emphase habituelle (et son accent toulousain) l’apport énorme du procédé au film, bref si vous le pouvez regardez-le dans ces conditions et nul doute qu’il se révèlera plus intéressant et vaudra largement l’investissement dans ce cas, même si en l’état (si on fait abstraction du dernier acte raté) il constitue un spectacle plus qu’honorable dans le genre malgré ces réserves…

A noter que le film est sorti chez nous fin juin chez Metropolitan / Seven Sept en DVD / BLU-RAY 3D mais que apparemment il est impossible de mettre la VOSTFR du film dans sa version 3D..

 

 


Titre : Flying Swords of Dragon Gate / Dragon Gate – La Légende des Sabres Volants / 龙门飞甲
Année : 2011
Durée : 2h02
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Wu Xia Pian / Action
Réalisateur : Tsui Hark

Acteurs : Jet Li, Zhou Xun, Chen Kun, Kwai Lun-Mei, Mavis Fan, Fan Siu-Wong, Gordon Liu, Li Yu-Chun, Du Yi-Heng, Dillon Wu Di, Zhang Xin-Yu, Sheng Jian, Sun Jian-Kui


Galerie d’images :

3 1 vote
Article Rating

Auteur : Postscriptom

S’abonner
Notifier de
guest

3 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments