[Jeu Vidéo] WipEout 2048 (2012 / PS Vita)

Pour revenir aux origines des courses utilisant le système d’antigravité, on pensait devoir remonter jusqu’en 2052, et le premier WipEout. Mais en réalité les échauffourées futuristes lancées au-delà de Mach-1 ont commencé plus tôt : en 2048, pour être précis. Le challenge était déjà au rendez-vous, et circuits en devenir et autres prototypes à la technologie secrète affolaient déjà un public friand de sensations fortes…très, très fortes.

Avis de Oli :
Oui, les vieux de la vieille seront ravis de retrouver la franchise culte de feu Psygnosis en 2048, aux origines de ce sport furieux et impitoyable. Le jeu reprend la recette des précédents, à savoir une campagne à la vitesse (et donc difficulté) progressive, des vaisseaux qui se débloquent au fur et à mesure de votre progression, des contrôles qui font la part belle au side shifting (deux coups rapides sur les gâchettes droite ou gauche) et certains records plus difficiles que d’autres à atteindre vous permettant de décrocher quelques trophées.

Faire du neuf avec des vieux ?

Du coté des nouveautés, tout d’abord un mot sur les bonus : vous avez à présent le choix, durant les courses, entre des pads jaunes et verts. Les verts vous donneront accès à un bonus défensif (leach beam, boost, mines…), tandis que les jaunes vous offriront un bonus offensif (canon, missiles, plasma…). Pas une mauvaise idée en soi, mais cela contribue, à mon sens, à rendre les courses un peu plus faciles qu’auparavant (mais j’y reviendrai).
Du coté des nouveaux vaisseaux, impossible de passer sur les prototypes : ils sont déblocables dans des courses parallèles à la campagne principale, et proposent des véhicules aux statistiques secrètes et souvent très originales (par exemple le prototype Auricom ne bouge pas d’un centimètre même lorsqu’il heurte une mine ou reçoit une volée de missiles).
Les circuits, quant à eux, sont au nombre de dix. Ils sont tous originaux, voire précurseurs de pistes à venir (Sol, Altima). Longs et variés (à flanc de building, dans le ciel, le métro, sur l’herbe…), ils proposent aussi pas mal de raccourcis et de passages parfois très bien cachés (atteignables seulement avec un boost). Une réussite.
Au niveau des modes de jeu…là les dents risquent de grincer : on retrouve en effet les courses proprement dites, les Time Trials, Speed Laps, le mode Zone (toujours aussi jouissif) et un mode Combat (Eliminator). Et c’est tout ! La plupart des bonnes trouvailles de WIPEOUT HD FURY passent donc à la trappe (Combat Zone et Detonator). Pire, les tournois ont aussi disparu de la circulation…pour un jeu de course, ça fait tache…en vous la simplifiant…car tout comme moi, vous devez garder en mémoire la difficulté de certains tournois dans les précédents WIPEOUT. Et bien ce challenge si stressant et si valorisant n’est plus, dans WIPEOUT 2048.

Vous remarquerez que, parmi les nouveautés, je ne parle pas vraiment du tactile, de la réalité augmentée ou du motion sensor de la PS Vita…pour la simple et bonne raison qu’il s’agit clairement de gadgets sur un jeu aussi exigeant que WIPEOUT. Un titre comme celui-ci se joue avec des boutons et un stick (ou une croix directionnelle). Pas en remuant sa console dans tous les sens. Un regret d’ailleurs : on ne peut pas configurer librement ses boutons (trois configurations sont prédéfinies, seule la première nommée «WIPEOUT» me semble valable). C’est dommage, j’aurais bien aimé, par exemple, utiliser l’écran tactile arrière pour activer un bonus durant la course.

2048…et pourtant WipEout est sur son 31

D’un point de vue technique, coupons court à tout suspense : WIPEOUT 2048 est sublime. Graphiquement tout d’abord, il est magnifique et fourmille de milliers de petits détails qui ont une part non négligeable dans l’immersion du joueur : des écrans sont présents au bord des circuits et passent des pubs ou des interviews, quand parfois, quelque part au fond du décor, vous pouvez apercevoir des voitures (oui j’ai bien dit des voitures !) qui roulent sur des routes lointaines (sans doute pour nous rappeler que 2048…c’est presque demain). Vous me direz alors que lorsque l’on est lancé à toute vitesse, on n’a généralement pas le temps d’apprécier ce genre de petits détails savoureux. Certes. Mais on les aperçoit facilement quand on attend sur la ligne de départ, par exemple. Du coup tout cela n’est pas négligeable, à mon sens, surtout que c’est parfois en pleine course que vous pourrez en prendre plein les yeux…et lorsque vous vous envolerez sur le circuit Sol (précurseur de Sol 2 bien connu des joueurs furieux) vous risquez bien de vous fendre d’une petite larme d’émotion…tant l’ensemble se révèlera extraordinaire : votre vaisseau naviguera en effet dans les méandres d’un circuit aérien dont certaines pistes sont translucides, vous permettant ainsi de voir le plancher des vaches situé quelques centaines de mètres plus bas ! Cette maestria visuelle (et sonore) a malgré tout un prix : les temps de chargement. Un exemple : j’ai chronométré le temps de chargement pour le circuit Altima. Il faut 44 secondes, mais « seulement » 15 quand il a déjà été chargé une première fois. C’est clairement trop long…même si moi ça ne me dérange pas vraiment (et prendre le temps de souffler entre deux courses dangereuses pour votre cœur, ça peut être vu comme une obligation de santé publique !).

Au niveau de la fluidité, c’est également fabuleux : si le jeu débute assez lentement, vos vaisseaux iront plus vite à mesure que vous progresserez dans la campagne offline…pour finalement atteindre la classe A+, dont la vitesse quasiment abusée décoifferait Don King et arracherait les barbes des ZZ Top dans une seule et même seconde. Attachez donc votre ceinture, car dans WIPEOUT les dérapages ne sont pas toujours contrôlés ! Les sensations sont donc bien là, et c’est d’ailleurs la très grande force de WIPEOUT 2048. On prend du plaisir, on sue parfois à grosses goutes quelques centaines de mètres avant la ligne d’arrivée, et on hurle de joie quand on finit par vaincre dans les courses les plus difficiles. En ce sens, ce nouvel opus ne décevra pas les fans de la franchise : on prend son pied et ça va vite, très vite.

WIPEOUT 2048 : un reboot ou un retour à la casual départ ?

Certains vont me traiter d’élitiste, je leur répondrai que je suis plutôt un puriste. Quoi qu’il en soit, voir ainsi la franchise WIPEOUT perdre son petit coté hardcore gaming (virage déjà légèrement opéré sur WIPEOUT HD)…ça m’embête. Le jeu est en effet plus simple que les précédents à prendre en main : sans être outrageusement facile, il est plus abordable. Ce constat est le résultat de l’accumulation de nombreux micro-détails qui, mis bout à bout, tirent la difficulté vers le bas.
Je l’ai déjà dit un peu plus haut, mais l’absence des tournois simplifie la campagne offline. La possibilité de choisir entre un bonus offensif et défensif durant les courses vous permet également de maitriser plus aisément votre destin. Et si vous trouvez malgré tout la difficulté trop élevée, oui si vous échouez plusieurs fois de suite dans une même épreuve, le programme vous demandera si vous souhaitez la zapper pour passer directement à la suivante (on a déjà vu ce triste stratagème dans des jeux Nintendo, ou même UNCHARTED 3 pour les énigmes). Idem pour le mode Zone (mon préféré) : cette fois-ci les statistiques de vos vaisseaux restent, et ne sont pas remises à plat avant le challenge. Je vous conseille donc de choisir le véhicule ayant la meilleure manœuvrabilité. Ça peut aider car dans WIPEOUT 2048 les courbes ne sont pas sexy : elles sont mortelles !
Autre exemple de ce nivellement par le bas : des trophées qui étaient extrêmement durs à débloquer dans WIPEOUT HD sont à présents atteignables en deux-temps trois-mouvements. J’ai par exemple battu Zico en moins d’une heure, et la Zone 75 n’est même plus nécessaire pour obtenir un trophée : on vous demandera seulement de franchir la Zone 65…un jeu d’enfant pour un joueur plus ou moins confirmé. Et c’est bien là que le bât blesse, car à mon sens (et en jouant un peu sur les mots), WIPEOUT ne doit pas être un jeu d’enfant.

Hélas…trois fois hélas, les développeurs sont encore allés plus loin que ce que j’avais pu imaginer : il y a maintenant trois niveaux de conduite. Sans l’assistance, avec l’assistance au pilotage, et avec l’assistance au pilotage extrême (qui vous éloigne automatiquement des murs). Cette option était déjà présente dans WIPEOUT HD par exemple, mais celles et ceux qui l’utilisaient ne pouvaient pas battre les records les plus difficiles du jeu, voire même simplement vaincre dans les courses en difficulté élite. En gros le jeu s’ouvrait à un plus large public, mais ne donnait les clés de toutes ses portes qu’aux seuls joueurs confirmés conduisant sans l’assistance au pilotage. Dans WIPEOUT 2048, il en va tout autrement : l’assistance au pilotage n’est plus un aussi gros malus que dans WIPEOUT HD. J’ai ainsi procédé à plusieurs tests, et ai pu vaincre dans toutes les épreuves (difficulté élite) sans l’assistance. Normal. Plus surprenant : avec l’assistance en mode extrême, j’ai également réussi à gagner ! J’ai ainsi battu plusieurs courses de la dernière division en difficulté élite, et même obtenu des médailles (élites, toujours) dans les challenges réputés les plus difficiles du jeu : les A+ ! Une certaine catégorie de joueurs devrait prendre cette nouvelle avec le sourire…tandis que d’autres risquent de sérieusement râler. A chacun de choisir son camp…

La communauté…devrait faire du lobbying ?

Lobby ou lobbying…là est la question. Car le mode online de WIPEOUT 2048 est très décevant, et la communauté de joueurs passionnés devrait peut-être donner de la voix pour faire changer les choses…dans les lobbys. En gros, la campagne online ne vous permet pas de choisir votre lobby, ni votre course (un vote est néanmoins organisé avant le lancement pour décider du mode : Race ou Combat > hélas c’est souvent le Combat qui est choisi). C’est vraiment rachitique, n’est-ce pas ? Ce régime drastique imposé aux options est tout simplement incompréhensible, surtout quand on connaît leur surabondance dans WIPEOUT HD (tous les modes de jeu dispo online, possibilité d’ouvrir un lobby pour les seuls joueurs n’utilisant pas l’assistance au pilotage, organisation de tournois, etc.). Ajoutez à cela des objectifs assez inintéressants pour progresser dans cette campagne online (toucher deux ennemis différents dans la même course, ne pas finir dernier, etc.), et vous obtenez à mon sens le plus gros raté du jeu : cette campagne en ligne avec son manque de simplicité dans les objectifs, et son absence sidérante de toute customisation possible.

Heureusement, Near est aussi de la partie : en croisant un joueur sur Near (l’application communautaire de la PS Vita) qui joue aussi à WIPEOUT 2048 (je veux dire, dans la vraie vie, hein), vous pourrez downloader l’un de ses records (Speed Lap) et tenter de battre son ghost. De la même manière, il vous sera possible d’uploader vos propres records de Speed Laps afin que vos voisins (pas si virtuels) tentent de les battre (et ainsi remporter des XP). Sympa, simple, efficace et surtout vraiment valorisant. Tout le contraire de la campagne online !

En plus du Wi-Fi le jeu est aussi jouable en connexion ad-hoc…mais quid du cross-platform annoncé entre la PS3 et la PS Vita ? A l’heure où j’écris ces lignes, soit un mois après la sortie du jeu au Japon, le cross-platform est toujours une chimère. Nul doute qu’il arrivera un jour…espérons simplement que ce ne sera pas via un DLC payant.

WIPEOUT 2048 souffle donc le très très chaud (techniquement ahurissant malgré un framerate perfectibe, super circuits, sensations intenses) et le très froid (temps de chargement, options et stats en berne, stick droit légèrement trop haut, campagne online peu intéressante et une difficulté revue à la baisse). Les nouveaux joueurs accueilleront sans doute la plupart de ces changements les bras ouverts. Les puristes pourraient, au contraire, être d’un tout autre avis. Pour ma part, je ne peux m’empêcher d’être déçu : il manque en effet très peu de choses à cet opus 2048 pour être un grand jeu…c’est rageant. Malgré tout, difficile de ne pas reconnaître le potentiel fun et adrénaline du nouveau titre de Studio Liverpool…car quand bien même le joueur confirmé retournera tous les records élites et les trophées en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « le casual c’est le mal », celui-ci devrait malgré tout passer du temps à peaufiner ses records et à défier ses potes en mode ad-hoc (comme tout bon capitaine de navire futuriste qui se respecte), voire ses voisins via l’interface Near. En tous les cas, c’est maintenant une certitude : la Vita en a dans le ventre. La preuve : WIPEOUT 2048 lui fait déjà cracher ses tripes !


Conclusion :
J’ai vraiment hésité avant de donner une note à WIPEOUT 2048 (surtout qu’il devrait être mis à jour dans un futur plus ou moins proche). Pour certains, il s’agira sans doute d’un grand jeu : plus abordable, moins difficile que les précédents avec notamment une assistance au pilotage beaucoup moins handicapante pour battre les différents records proposés. Au contraire, les joueurs plus pointilleux prendront ce nivellement de la difficulté vers le bas avec de grosses pincettes. Ils se rabattront néanmoins sur les duels en ad-hoc ou via l’interface Near…puisque la campagne online est mauvaise (pas de customisation possible et un manque criant d’options en général…pour l’instant ?).
WIPEOUT 2048 propose malgré tout son lot de sensations fortes, et sa réalisation technique ahurissante couplée à une IA très agressive (mais cheatée, comme toujours dans cette franchise) devraient vous passionner durant des heures et des heures…et reléguer Mach-1 loin, très loin dans votre rétroviseur.

 

  

  
Titre : WipEout 2048
Année : 2012
Studio : Studio Liverpool
Editeur : Sony
Genre : courses de vaisseaux…très sanguins

Joué et testé sur : PS Vita
Support : NVG Card


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Auteur : Oli

Amateur de cinéma japonais mais de cinéma avant tout, de Robert Aldrich en passant par Hitchcock, Tsukamoto, Eastwood, Sam Firstenberg, Misumi, Ozu, Claude Lelouch, Kubrick, Oshii Mamoru, Sergio Leone ou encore Ringo Lam (un intrus s'est glissé dans cette liste, sauras-tu mettre la main dessus - attention il y a un piège).
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