[Film] Kodoku Meatball Machine, de Nishimura Yoshihiro (2017)


Travaillant pour une société un peu louche, croulant sous les dettes, Yuji apprend qu’il a en plus un cancer. Rien ne pourrait être pire, sauf que les aliens sont de retour à Tokyo pour se livrer à un nouveau petit jeu de massacre.


Avis de Rick :
2018 est terminée, et il fallait commencer 2019 avec du bon gros cinéma. Celui qui tâche ! L’annonce d’une suite à Meatball Machine, et bien moi, j’étais pour dés le départ. Meatball Machine était en effet un excellent film, gore à souhait, mais qui n’oubliais pas de raconter quelque chose également, ce qui en faisait dans le fond un film gore légèrement dépressif. Yamaguchi Yudai certes ne revenait pas pour réaliser le film, s’occupant juste de produire, mais le poste tombe entre les mains de Nishimura Yoshihiro. Et pour ceux qui l’ignorent, j’adore le monsieur depuis son Tokyo Gore Police. Même son Vampire Girl VS Frankenstein Girl qu’il avait co-réalisé par Tomomatsu (un bon tâcheron) m’avait amusé sur toute la ligne. Et que dire de son Helldriver, 2 heures totalement épuisantes avec 15 idées à la minute ? Là où un Iguchi semble ne rien contrôler passé son idée de départ fun et laisse sur sa faim, Nishimura lui fait dans la générosité et le trop plein d’idées. Jusqu’à overdose parfois. Car oui, Helldriver sur la fin, c’était épuisant, et du coup la dernière partie était moins convaincante. Mais du coup, voir Nishimura à la tête du projet, je validais, surtout que quand Nishimura réalise, il est loin de rester à cet unique poste. Sur Kodoku Meatball Machine, il se laisse aller, en étant réalisateur oui, mais également scénariste, monteur, et en s’occupant du design des créatures, des effets spéciaux de maquillage et du maquillage tout court. Ça fait un paquet de poste. Et fort heureusement, il ne déçoit pas, car après les 1h40 du métrage, et bien moi j’avais une patate d’enfer ! Le film, basiquement, reprend le concept du premier, avec des parasites venant s’inviter sur Terre pour contrôler des humains et se foutre joyeusement sur la gueule à coups de tentacules, d’armes démesurées totalement folles et de giclées de sang XXL.

Et après notre jeune ouvrier coincé, vivant seul et fantasmant sur une ouvrière tout aussi timide, cette suite nous présente un homme de 50 ans qui a lui aussi une belle vie de merde. Travaillant pour une entreprise louche de récupération de dettes, endetté lui-même, timide et craquant pour la jeune bibliothécaire du coin, notre héros n’a rien pour lui. Alors si on ajoute que sa mère lui réclame elle aussi toujours de l’argent, qu’il se fait arnaquer dans un bar cabaret glauque et que son médecin lui diagnostique un cancer en phase terminale ne lui laissant que trois mois grand max à vivre, et bien, voilà, la définition même d’une vie de merde. En fait, cette suite reprend pas mal d’idées, en matière de structure, venant tout droit de son prédécesseur. Ce qui change la donne, c’est que Nishimura y amène son univers bien à lui, sa folie, ses idées, la structure même du récit ressemblant à du Helldriver (une intro de 30 minutes avant l’apparition du titre puis du gore non stop). Du coup ne cherchons pas trop loin, cette suite malgré des idées similaires et un point de départ tout aussi similaire est très éloignée du premier film. Il lui manque également d’un côté sa noirceur et son message. Non pas que Kodoku Meatball Machine n’a aucun message, c’est mal connaître Nishimura, mais la manière de l’amener est bien plus radicale et « in the face ». Car c’est ça ce nouvel opus, tout est direct dans la face du spectateur, avec au mieux une scène de quelques secondes pour souffler avant de repartir pour un tour. La première partie est limite sobre du coup comparé au reste, avec le quotidien de notre personnage principal, puis lorsque les envahisseurs débarquent, plus rien ne retient le réalisateur qui se laisse aller à tous les délires. Pour le meilleur et pour le pire, car évacuons d’emblée ce qui ne va pas. Oui les CGI lorsque le réalisateur en utilise sont hideux. Ça pique les yeux. L’action, qui est frénétique, est par moment filmée de manière un peu trop proche pour totalement convaincre. Et le comble, c’est bien la course poursuite mi-parcours, filmée sur fond vert probablement, et qui au final n’est ni très jolie ni franchement marquante.

Est-ce grave ? Non, car on en prends plein la gueule, on s’éclate, le temps passe vite, et au final, on a bel et bien vu un nouveau film ultra généreux de Nishimura. Il s’entoure de son équipe habituelle, jusqu’à son compositeur, et bien entendu, la plupart de ses acteurs fétiches, qui s’invitent dans le récit pour s’éclater eux-aussi. Et ce côté bon enfant ultra fun est communicatif, on s’éclate avec eux. Il faut dire que malgré quelques ratés, le film regorge d’idées, parfois débiles, parfois géniales, et le tout s’enchaîne à vitesse grand V. Si bien que même lorsqu’un raté survient, il est presque oublié la seconde d’après. Comment ne pas s’extasier face à l’arrivée des emmerdes, lorsque le tout nous montre déjà des corps sectionnés, des pénis coupés, des giclées de sang bigger than life, le tout sur une musique aux accents Russes hyper entrainants ? Alors quand par la suite, on nous présente des combats en pagaille, des corps coupés aux ciseaux géants, des gueules bien connues qui ne font pas toujours long feu, et même un clone de Jackie Chan qui ira jusqu’à refaire des coups de Drunken Master 2, et bien moi je valide le tout. Mieux, si l’ensemble n’est pas finalisé au même degré (encore une fois, ah, ces CGI dégueulasses), Nishimura semble avoir eu malgré tout un budget plus confortable que sur ses précédents métrages, donnant un côté plus pro à l’ensemble et surtout à la photographie du film. Et ça c’est toujours agréable à l’œil, même si les acteurs, le décors et l’objectif de la caméra se retrouvent la plupart du temps recouvert de sang. Ah, et ai-je précisé que le métrage contient le plan seins le plus ridicule que j’aurais vu depuis des années, si bien qu’il en devient indispensable au métrage ? Maintenant si vous voulez bien m’excuser, après 4h de Nishimura, il est l’heure de la sieste.

LES PLUS LES MOINS
♥ On l’attendait cette suite !
♥ Un déluge de gore
♥ Des idées, partout, tout le temps
♥ Dynamique, entrainant
♥ Ultra fun
♥ La touche Nishimura, jusqu’à une fausse pub
⊗ Quelques CGI bien ratés
⊗ Certaines idées moins bonnes
Si vous aimez le premier film, et que vous aimez le gore made in Nishimura, foncez voir son nouveau délire. Car passé sa longue introduction, Kodoku Meatball Machine est un spectacle gore et fun qui ne veut jamais s’arrêter avant son générique de fin. Du coup oui, c’est épuisant, comme l’était Helldriver avant. Mais que ça fait du bien !



Titre : Kodoku Meatball Machine – Kodoku : Mîtobôru Mashin – 蠱毒 ミートボールマシン
Année : 2017
Durée : 1h40
Origine : Japon
Genre : Attention ça gicle
Réalisateur : Nishimura Yoshihiro
Scénario : Nishimura Yoshihiro et Satô Sakichi

Acteurs : Tanaka Yôji, Yurisa, Shimazu Kentarô, Nishina Takashi, Mizui Maki, Mimoto Masanori, Shiina Eihi, Tanaka Demo, Abe Tomori, Ashihara Kensuke, Sasano Liline, Torii Miyuki, Eishima Satoshi, Goki, Kawase Yôta, Kôda Riri, Matsuda Rima, Murasugi Seminosuke et Saitô Takumi

 Meatball Machine Kodoku (2017) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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