[Série] Premières impressions : Preacher (2016)

Jesse Custer est prêtre malgré lui d’une petite ville du Texas. Cette dernière est habitée par une mystérieuse entité qui donne le pouvoir à Jesse, de plier les gens à sa volonté. Jesse décide donc, avec sa petite amie un jour sur deux, Tullip et un vampire irlandais nommé Cassidy, de se lancer dans une quête pour littéralement trouver Dieu.


Impressions de Cherycok :
Cela fait presque trois ans que l’annonce d’une adaptation du célèbre comics Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon avait été diffusée, rapidement suivie par les noms de Seth Rogen et Evan Goldberg pour l’écriture du pilote, les deux inséparables trublions à l’origine de Supergrave, Délire Express, This is the End, Mes Pires Voisins ou encore L’Interview qui Tue. Le pilote est tourné, plait à AMC qui commande 9 épisodes supplémentaires pour cette première saison, et voilà que déboule ce tout nouveau show pour le plus grand plaisir des amateurs de séries barrées. Il s’agit certes ici d’une adaptation libre mais les deux créateurs du comics restent associés à la série en tant que coproducteurs exécutifs, histoire sans doute qu’on ne fasse pas n’importe quoi avec leur bébé. Mixant allègrement comédie noire, drame, surnaturel et gore, le show prend immédiatement sur le public, à tel point qu’à peine au bout de quelques épisodes, une saison 2 de treize épisodes est commandée. Et après sept épisodes visionnés, le verdict est sans appel : Preacher est une excellente série qui, si elle continue sur sa lancée, peut rapidement devenir culte. Attention, le texte qui va suivre est rempli de spoilers, je me vois donc contraint de mettre en place la balise [SPOILERS ALERT].

Le premier épisode de 1h plante le décor et donne le ton de la suite. On pose l’ambiance, avec des paysages désertiques, une petite bourgade de l’Amérique bien profonde, ses habitants à la fois étranges et inquiétants, et on nous présente les héros. Mais pas de véritable intrigue. Certaines scènes ne semblent pas avoir de rapport entre elles. On passe d’une chapelle en Afrique où un prêtre explose littéralement, déversant des hectolitres de sang sur ses fidèles, à une scène d’action dans un avion où un vampire va déchiqueter ses passagers qui semblaient en avoir après lui. Puis retour sur notre petite bourgade, avec sa chapelle, son prêtre un peu désabusé de la fréquentation de son établissement qui va à la baisse, des petits malins qui s’amusent à changer l’ordre des lettres sur le panneau de bienvenue afin d’y écrire des messages salaces,… Bref, tout cela semble un peu décousu mais au moins le job est fait et on sait à quoi on va avoir affaire : des scènes barrés, des personnages un peu fous, un humour caustique qui fait mouche, et du bon gros gore qui tache ! Oui, l’amateur de séries un peu à part que je suis a envie de voir la suite, en espérant que la série arrive à développer malgré tout une vraie intrigue et ne se contente pas d’aligner de la scène un peu folle juste pour aligner de la scène un peu folle.
Heureusement, les épisodes suivants vont vite nous rassurer. Outre l’histoire principale qui se profile petit à petit, des sous intrigues naissent, de nouveaux personnages débarquent (le duo « d’inspecteurs ») et d’épisodes en épisodes, la série gagne en profondeur et encore plus en intérêt à tel point que, à peine l’épisode fini, on a envie de lancer le suivant. Et ça c’est bien preuve qu’une série fonctionne !

Cette première moitié de saison alterne les épisodes presque hystériques et ceux bien plus lents. Les personnages se développent petit à petit, les flashbacks nous en apprennent un peu plus sur eux, leurs traumatismes, leurs relations, les affaires dans lesquelles ils sont mêlés, leurs secrets, et cette lenteur assumée (comme dans l’épisode 7) pourra rebuter ceux qui aiment un minimum de rythme. Mais comme dit juste avant, cela permet de souffler un peu entre deux scènes bien barrées. Elles sont nombreuses et à l’image des personnages. Qu’elles soient gores, d’action, faisant appel au surnaturel, voire les trois à la fois (la grosse baston avec les anges dans la chambre de motel de l’épisode 6), leur capital fun est bel et bien là, avec un montage énergique et surtout un humour tantôt second degré, tantôt noir, tantôt corrosif. Cet humour se retrouve par ailleurs dans les dialogues, souvent très bien écrits, donnant lieux à des moments parfois WTFesque comme ce repas commençant doucement avec une discussion sur le cinéma des frères Coen et virant rapidement au règlement de compte entre individus.

Il faut dire que le casting est absolument génial. Autant en roi de Hurlevent dans le film Warcraft, Dominic Cooper était complètement transparent, sans aucun charisme, autant ici il est tout simplement parfait dans le rôle de ce prêtre pouvant à tout moment basculer dans la folie et la violence. Ruth Negga (Loving, Warcraft, la série Misfits) incarne parfaitement cette jeune fille un peu torturée par son passé, animé d’un très fort désir de vengeance. Mais celui qui tire son épingle du jeu, c’est Joe Gilgun (Pride, la série Misfits). Acteur irlandais farci de tatouage et à l’accent ultra prononcé, son rôle de vampire déglingos lui va comme un gant. N’ayant pas lu l’œuvre originale (mais ayant pour le coup une très forte envie de m’y mettre), il me sera impossible de dire si leurs personnages sont fidèles. Mais quoi qu’il en soit, ils sont clairement un des points forts de la série.
Les trois trublions à la barre n’ont heureusement pas oublié en chemin la mise en scène. AMC avait demandé une série qui avait de la gueule, et Preacher a sacrément de la gueule. Couleurs saturées, scènes intégralement en sépia, la photographie fait bien ressortir cet univers redneck typique du fin fond du Texas. Les scènes d’action passent étrangement bien, malgré un découpage parfois un peu trop rapide, et certaines idées font mouche comme lorsque, par exemple, une scène de bagarre est filmée en (faux) plan séquence depuis un trou de la chambre d’à côté. Tout n’est certainement pas parfait, à commencer par certains effets spéciaux un peu limite (lorsque le personnage de Cassidy prend feu par exemple), ou un début de série qui part un peu dans tous les sens et qui du coup peut perdre d’entrée de jeu le spectateur. Mais sincèrement, si la série continue sur sa lancée, il y a fort à parier qu’elle devienne une série phare de la chaine AMC au même titre que Breaking Bad ou The Walking Dead.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les acteurs et leurs personnages
♥ Techniquement bon
♥ C’est gore !
♥ C’est barré
⊗ Certaines intrigues moins intéressantes
⊗ Certains effets spéciaux
Avec ses personnages « pittoresques », son humour caustique, son délire biblique et son gore assumé, ce début de saison de Preacher n’augure que du bon. Certes, son coté barré ne plaira pas à tout le monde et la série n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains, mais on prend son pied à chaque nouvel épisode.



Titre : Preacher
Saison : 1 (2016)
Episode : 1 à 7
Format : 0h43
Origine : U.S.A (diffusé par AMC)
Genre : Barré
Créé par : Seth Rogen, Evan Goldberg, Sam Catlin

Acteurs : Dominic Cooper, Joe Gilgun, Ruth Negga, W. Earl Brown, Tom Brooke, Anatol Yusef, Ian Colletti, Lucy Griffiths, Elizabeth Perkins, Dereck Wilson

 Preacher (2016) on IMDb















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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