[Semaine Nanar] Jour 5 : Ken le Survivant, de Tony Randel (1995)

Des temps futurs, une planète réduite au chaos après le passage de l’Apocalypse. La population de Southern Cross est gouvernée par un maître des arts martiaux, Lord Shin. Quand le maître de la galaxie North Star est tué, les choses vont changer à Southern Cross…


Avis de Cherycok :
Ken le Survivant est un manga / animé culte que les trentenaires connaissent bien puisqu’il a été popularisé chez nous par le Club Dorothée. Et il faut avoir de sacrées boulasses pour se dire un jour « Hey, on va adapter Ken, et ça va être de la balle ! » surtout lorsque le budget qui nous a été alloué ne dépasse pas les 7M$US. Parce que malgré tout, c’est assez compliqué d’adapter Ken Le Survivant tout en étant fidèle et sans tomber dans le kitch. Entre son monde dévasté, nihiliste, et son côté ultra violent où les hectolitres de sang coulent à flot, faut être bien accroché, d’autant qu’il y a toute une tripotée de fans qui risquent d’attendre la bête au tournant. Celui qui se lance dans l’aventure, c’est Tony Randel, que les amateurs de pellicules horrifiques connaissent peut-être puisqu’il est le réalisateur de Hellraiser II (1988) Amytiville 6 (1991) et Ticks (1993). Bon, et aussi de deux épisodes des Power Rangers dans l’Espace (1998) mais ça faut pas trop s’en vanter tout de même car t’es tombé bien bas Tony… L’exemple même du réalisateur dont la carrière part en sucette… Et au final, qu’en est-il de cette adaptation live de Ken le Survivant ? Et bien ça surfe entre nanar et navet, mais une chose est sûre, ce n’est pas bon…

La première chose qui saute aux yeux, c’est que le manque de pognon est visible chaque instant. L’univers en lui-même pourrait être pas trop mal retranscrit, des bâtiments détruits, du désert,… Mais les décors font sacrément carton pâte tout de même, le film semblant avoir été tourné entièrement en studio. On est certes dans une série B, voire Z, mais tout de même, tout sonne faux. On a l’impression que tout se passe uniquement dans deux ou trois lieux mais qu’on aurait filmés sous des angles différents afin de faire croire à un peu de variété. Mais le spectateur un minimum observateur verra rapidement la supercherie, oh que oui ! Et ce ne sont pas les 15 pauvres figurants qui feront illusion. Oui 15. Allez, 20, mais c’est vraiment pour être gentil.
C’est dommage car le film respecte un minimum l’histoire du manga, tout du moins du premier volume dont il reprend la trame scénaristique. Certes, il ne s’attarde pas sur certaines histoires secondaires mais on retrouve le principal. Le personnage de Ken est lui aussi à peu près respecté. Ses cicatrices sur le torse, sa musculature de manière générale, les prouesses martiales de Gary Daniels,… Mais ce dernier n’est pas ce qu’il y a de plus performant en termes de jeu d’acteur. Alors ceux qui me connaissent savent que j’ai toujours aimé le bonhomme, on l’avait même interviewé à l’époque de HKMania V1, et donc j’ai toujours plaisir à le retrouver… Mais là, il atteint les tréfonds obscurs… L’inexpressivité à l’état pur… Quand l’acteur devient bulot… Ken n’est pas le personnage le plus expressif qui soit, mais notre bon vieux Gary arrive à le rendre encore plus monolithique. Mais OMFG, ce plan zoomé à la 32ème minute, lorsqu’il doit jouer la surprise, je crois qu’il restera longtemps gravé dans ma mémoire.

Le très gros problème de cette adaptation selon moi, c’est qu’il lui manque tout le côté délirant de l’animé dans son ultra violence. Ici, on a bien quelques têtes et corps déformés suite aux coups, mais tout le côté ultra gore a disparu. Sans déconner, c’était l’un des gros atouts du matériau d’origine pour les ados boutonneux que nous étions ! Et ne pas le retrouver dans le film à part deux ou trois micro giclées de sang, c’est preuve qu’ils n’ont absolument rien compris à ce qu’attendait le public d’une adaptation live. Heureusement, Ken nous sort son fameux « Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort ». Sauf qu’il était précédé auparavant de la fameuse attaque ultra rapide où Ken touche tous les points vitaux de son adversaire. Dans l’animé, ça claque. Dans le film ben… voir Gary Daniels agiter les bras un peu n’importe comment à vitesse réelle, c’est juste… ridicule et franchement très nanar. Des incursions nanardesques, le film en est d’ailleurs farci, à commencer par ces magnifiques coupes mulet que plusieurs acteurs sont fiers d’arborer… Et quand en plein combat, alors que le grand méchant balance une vieille punchline pourrie, il se met un petit coup de main dans les cheveux au niveau de la nuque, façon « L’Oréal, parce que je le veux bien », ça a beau être discret, ça en devient tout de suite épique ! Et le maitre de Ken qui sort de terre tout d’un coup, zombifié, mais What ????? C’est quoi ce craquage de slibard !?!

La mise en scène n’est par contre pas dégueux, avec par exemple un très chouette plan séquence de bien une minute, au ralenti, sur l’attaque d’un village par des bandits. Mais le problème, c’est qu’elle ne fait que mettre en valeur le manque de budget flagrant du film. Les scènes d’action sont dans le même esprit, pas aidées par un montage pachydermique et une façon de filmer les chorégraphies à l’américaine. Qu’on soit clair, on ne remet pas en cause les capacités martiales de Gary Daniels qui a prouvé maintes fois dans des films tels que Bloodmoon, Niki Larson ou Rage qu’il savait ce qu’il faisait. Mais pourquoi pourrir ses superbes coups de pieds retournés par exemple par des angles de vue ne les mettant pas du tout en valeur tant on les voit passer à bien 30cm de son adversaire… Et c’est quoi ses matraques qui semblent molles telles des godemichés en silicone ? Heureusement que ce bon vieux coup de pied dans les roustons revient à plusieurs reprises histoire de nous esquisser un petit sourire bienvenu dans des combats qui ne nous apportent ni jolies chorégraphies, ni bain de sang comme on l’aurait espéré…

LES PLUS LES MOINS
♥ Jeu d’acteur épique de Gary Daniels
♥ Quelques moments bien WTF
⊗ Pas mal navet quand même…
⊗ Trop peu de gore
Note nanar :
Cette adaptation de Ken le Survivant aurait pu s’appeler n’importe comment, ça n’aurait rien changé car dans le fond ça ressemble à n’importe quelle série B d’arts martiaux où un mec va sauver la femme qu’il aime et qui a été capturée par son ancien ami. Une bobine à mi chemin entre le navet et le nanar. Bof bof…



Titre : Ken le Survivant / Fist of the North Star
Année : 1995
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : C’est Ken même dommage…
Réalisateur : Tony Randel
Scénario : Peter Atkins, Tony Randel

Acteurs : Gary Daniels, Costas Mandylor, Downtown Julie Brown, Dante Basco, Clint Howard, Chris Penn, Nalona Herron, Melvin Van Peebles, Paulo Tocha, Andre Rosey Brown, Tracey Walter

 Fist of the North Star (1995) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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