[Semaine « Exotique »] Jour 1 – 7 Cajas (2012)

Au Paraguay de nos jours, Victor a dix-sept ans et survit comme il peut en effectuant quelques livraisons avec sa brouette, dans un marché couvert. Un vendredi soir, il accepte une proposition inhabituelle contre de l’argent : livrer sept boîtes – dont il ne sait rien du contenu – en échange de la moitié d’un billet de cent dollars. L’autre moitié du billet déchiré ne lui sera remise qu’après la mission terminée. Mais ce qui ne devait être qu’une simple livraison se transforme rapidement en course-poursuite haletante à laquelle Victor se trouve fatalement mêlé, mais dont il ignore tout…


Avis de Cherycok :
Pour commencer cette semaine dite « exotique », quoi de mieux qu’un petit polar en provenance du Paraguay. Oui, toi au fond à côté du radiateur, ils font du cinéma là-bas aussi. Mais pas n’importe quel film paraguayen, puisqu’il s’agit ici du plus gros succès local de tous les temps, celui-là même qui a dépassé en termes d’entrées le Titanic de Cameron. Oui monsieur, rien que ça ! Et si je te dis qu’en plus, il a été sélectionné dans de nombreux festivals (Toronto, San Sebastian, Beaune,…) et qu’il y a même remporté des prix, ça ne te donne pas envie ? Comment ça « Non » ? Et bien tant pis, on va en parler quand même parce qu’un film paraguayen qui arrive chez nous, et bon qui plus est, ça ne se bouscule pas au portillon, et puis parce que je fais ce que je veux après tout nomdédiou !

Inspiré de courts métrages des deux réalisateurs du film, eux-mêmes inspirés de faits-divers qui se sont produits dans les bas-fonds du marché d’Asunción, l’histoire de 7 Cajas (7 Boxes par chez nous) se situe en 2005 et va nous narrer les mésaventures de Victor, jeune Ado qui, pour se faire un peu d’argent, effectue des livraisons dans le marché d’Asunción donc et qui va accepter un contrat qu’il n’aurait pas dû, celui de livrer sept boîtes sans jamais en découvrir le contenu. Une mission qui ne va bien entendu pas se passer comme prévu et qui, de scènes imprévisibles en moments décalés, va nous immerger en plein cœur des rues labyrinthiques d’Asunción.
Aux manettes d’une production sans aucune prétention, dotée d’une mise en scène nerveuse et tendue malgré un budget pourtant très serré (650000$), Juan Carlos Maneglia et Tana Schembori font preuve d’une grande débrouillardise et l’ensemble de leur film se tient sans aucun souci. Sous ses airs de thriller basique, 7 Cajas n’a beau aborder les sujets sociaux qu’en surface, il le fait pourtant très bien. Traitant de la pauvreté sans jamais tomber dans le pathos ou le misérabilisme, de la jeunesse livrée à elle-même, du gros bordel économique dans lequel le pays semble être empêtré, des classes défavorisées qui ont toutes été stackées ensemble en périphérie des grandes villes, ou encore de la fascination des « petites gens » pour les écrans (Tv, téléphones) qu’ils ne peuvent pas se payer, l’opposition entre la gravité de certaines situations et la légèreté relative du film apportent un plus non négligeable. La violence, physique et psychologique, est bien là mais elle n’est jamais mise en avant et l’humour a beau être omniprésent, il ne désamorce à aucun moment le sérieux de certaines scènes.

Si 7 Cajas s’impose comme une bonne surprise du cinéma paraguayen, c’est aussi en partie grâce à ses deux acteurs principaux, charismatiques à souhait et faisant preuve d’un naturel désarmant, devenant immédiatement attachants. Le duo que forment Celso Franco et la jolie Lali Gonzalez est touchant et chacune de leur dispute et autre chamaillerie à propos de la fameuse livraison est tout simplement un régal à tel point que pour une fois, la seule chose dont on a envie malgré les enjeux du film, c’est qu’une histoire d’amour naisse entre les deux. Problème par contre au niveau de certains seconds rôles qui eux font bien plus amateur, même si dans l’ensemble, cela ne gâche rien au plaisir du spectateur.
Le film a beau succomber à quelques facilités scénaristiques et/ou coïncidences un peu trop hasardeuses pour être vraies (ce marché semble être une vraie fourmilière mais pourtant ils arrivent toujours à tous se retrouver comme par magie), son rythme effréné nous tient en haleine tout le long et la caméra très mobile des réalisateurs sait respecter nos yeux contrairement à beaucoup de productions du même genre qui abusent un peu trop de la shaky cam. Le coté parfois un peu brouillon et naïf sert étrangement bien le film, lui donnant une certaine fraicheur et sincérité malgré l’originalité somme toute relative de la trame principale (on pense à Le Transporteur ou encore L’Instinct de Tuer).

Il est clair que 7 Cajas ne révolutionne rien. Pourtant, son cadre un peu particulier, son casting plein de peps et son rythme qui va crescendo permettent de passer un très bon moment dans les bas-fonds du Paraguay. Alors moi je dis Oui !

Note :


7 BOXES est disponible sur la plateforme de SVOD française OUTBUSTER.



Titre : 7 Cajas / 7 Boxes
Année : 2012
Durée : 1h45
Origine : Paraguay
Genre : Pour une poignée de dollars
Réalisateur : Juan Carlos Maneglia, Tana Schembori

Avec : Celso Franco, Victor Sosa, Lali Gonzalez, Nico Garcia, Paletita, Manu Portillo, Mario Toñanez, Nelly Davalos, Roberto Cardozo, Johnny Kim, Luis Gutierrez, Liliana Alvarez, Katia Garcia

 7 cajas (2012) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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