[JV] Death Mark (2017, PS4)

Les habitants autour de Tokyo’s H City font circuler des rumeurs. Ceux qui se retrouvent avec une marque sur le corps ressemblant à une morsure de chien sont marqués et mourront dans les prochains jours. Plus la fin approche, plus vous souffrez d’amnésie. Une nuit, sans souvenirs et avec la marque sur l’avant bras, vous vous retrouvez dans un manoir et comprenez que vous mourrez à l’aube, sauf si vous trouvez l’esprit qui vous a donné la marque et parvenez à le faire reposer en paix.


Avis de Rick :
De plus en plus de visual novel débarquent en Europe et en Amérique, et ce n’est pas pour me déplaire. Certes en terme de gameplay, ce n’est pas souvent la folie, mais même à ce niveau là, les œuvres sont souvent si différentes qu’elles parviennent à avoir notre intérêt. Par exemple, Clannad (qui a enfin eu droit à sa sortie en Amérique sur Playstation 4 cette année, l’Europe attend toujours) va dans le drame et la romance, et la seule interaction qu’aura le joueur sera des choix lors des dialogues. Steins;Gate et sa suite ont des histoires bien plus matures et tortueuses, et encore une fois, la seule interaction du joueur sera de répondre (ou pas) à des sms pour faire dévier l’histoire. Mais dans le genre, on trouve aussi Danganronpa, qui contient du gameplay, de l’exploration, des moments funs et des moments grotesques, le tout dans une ambiance glauque et étrange. On trouve aussi Root Letter par exemple, qui outre les choix de dialogue, nous offre quelques mini jeux lorsque l’on interroge un personnage. Oui, le genre du Visual Novel en lui-même et très varié. Parfois, il nous fait lire beaucoup et c’est tout, et parfois, il nous pousse à avoir la manette en main également. Death Mark, qui était jusque là inédit en Europe et en Amérique, débarque sur Playstation 4 (mais aussi sur Vite et Switch) pour Halloween 2018. Parfait. Édité par Aksys Games (l’excellent Action RPG Tokyo Xanadu Ex+) et développé par Experience Inc, Death Mark a dans ses grandes lignes tout du Visual Novel dans sa forme la plus classique. Du texte, X pour faire défiler, des choix dans les dialogues. Mais, en s’attaquant au genre purement horrifique ici, l’aventure parfois échappe un peu au genre codifié du Visual Novel pour être finalement, malgré une interaction limitée, un vrai jeu d’aventure.

On y incarne un jeune homme que l’on appelle comme l’on veut puisque de toute façon, nous sommes amnésique (oui, le cliché numéro 1 des jeux vidéo, certes), donc appelons le Bobby, et nous nous trouvons devant un manoir. On frappe à la porte, personne. De la lumière à l’étage, on rentre donc, et à l’étage, un cadavre au sol, avec des plantes poussant à l’intérieur du corps. Voilà qui met dans l’ambiance. Death Mark explique très rapidement ces enjeux, avant même le commencement du premier chapitre. À savoir que dans sa version Européenne, le jeu contient le sixième chapitre bonus qui était au départ un DLC au Japon et se déroulant après l’aventure principale. Ainsi, nous avons une marque sur le bras, qui annonce notre future mort et est la cause de notre amnésie. Au fur et à mesure des chapitres, le joueur va devoir affronter différents esprits pour faire reculer la date fatidique jusqu’à être débarrassé de la marque, pendant que divers personnages eux aussi victimes de la malédiction viennent frapper au manoir et nous prêter main forte. Pour nous guider dans l’aventure, nous pouvons compter sur les conseils de Marie… une poupée taille réelle douée de parole. Et c’est donc parti pour six chapitres, et donc six esprits à vaincre, dans une narration certes qui peine parfois à se renouveler (nouvel esprit, nouveau lieu, enquête, recherche d’indices, premier frisson, enquête, affrontement) mais avec des lieux et des esprits assez variés qui relancent l’intérêt de manière constant. Et bon point, les chapitres ne se torchent pas en quelques minutes voir en une ou deux heures, non, puisque pour l’intégralité du jeu, il m’aura fallut 25 heures pour en venir à bout.

Mais là où Death Mark change des Visual Novel, c’est dans certains des codes qu’il utilise. Il ne sera pas rare que le joueur se retrouve à devoir choisir entre trois ou quatre choix. Rien d’inhabituel là pour le genre, on connaît la formule. Sauf que après quelques heures à faire des choix et à lire du texte, le jeu change la donne, et les choix peuvent alors amener la mort pure et simple du personnage. Oui, un game over en soit ! Dans le même ordre d’idées, chaque esprit va se présenter à nous en fin de chapitre et il faudra l’affronter, en utilisant les bons objets au bon moment. Il faut ainsi avoir lu les diverses notes, avoir trouvé les indices nécessaires pour savoir quoi faire pour battre l’esprit. Et là encore, le jeu peut nous amener à un game over. Et pour le genre, c’est plutôt inhabituel, ce qui rapproche alors bien plus Death Mark d’un Danganronpa que d’un Visual Novel classique à la Clannad ou Steins;Gate, ou un choix négatif nous amènera juste vers une fin différente. Ici la mort peut survenir, et parfois même très souvent, puisque le joueur possède des points d’esprits, 1000 en début de chaque chapitre, que l’on pourra faire augmenter jusqu’à 2500 environ dans certains chapitres, et que cela sera utile lors des réponses en temps limité. Parfois, voilà qu’un esprit plutôt meurtrier va venir nous poser des questions ou nous tenter d’une manière ou d’une autre, et le joueur va devoir répondre en temps limité à une série de questions. Deux voir trois parfois. Et ces points d’esprits, ils défilent à la vitesse de l’éclair.

Si au final, cela ne reste que des choix à faire en fonction de la logique ou des notes lues auparavant, l’effort est louable. Surtout que certains éléments vont en effet faire dévier le jeu. Il est possible de sauver tous les personnages dans l’aventure… mais également de perdre quasiment tout le monde. Au delà de ça, Death Mark ressemble bel et bien à un Visual Novel, avec les personnages qui parlent qui s’affichent à l’écran, sur un fond souvent unique par lieu. Notons d’ailleurs malheureusement que si le jeu a été traduit en Anglais pour les sous titres (pas de Français, comme toujours), les dialogues sont pour la plupart uniquement écrits, et non parlés. Petite déception à ce niveau. Niveau sonore, ça se limitera souvent à quelques cris, ou quelques phrases types comme un « Konnichiwa » en début de journée. Beaucoup de texte, des choix, et aussi de l’exploration donc. Le joueur va devoir explorer à chaque chapitre un nouveau lieu (une école, une forêt, un bunker abandonné, un hôtel) pour trouver des indices. Cette partie reste en soit très limitée mais plutôt prenante. À savoir que l’on se servira de la croix directionnelle pour choisir là où l’on ira sur la carte (salle de gauche, de droite, ou tout droit), et que l’on se sert du stick analogique pour déplacer le viseur à l’écran et inspecter ce qui se trouve dans la pièce actuelle. Rien de bien compliqué. De l’inspection, des dialogues, quelques énigmes et des objets à utiliser, rien qui ne va, en soit, marquer le joueur. Sauf que Death Mark a une ambiance assez pesante qui fonctionne très bien.

Il faut dire que si le jeu ne contient quasiment aucune voix pour les personnages, l’habillage sonore, que ce soit les bruitages ou les musiques, sont d’un excellent niveau et contribuent à nous plonger dans une ambiance vraiment sombre. Explorer une école abandonnée de nuit, avec une musique d’ambiance pas du tout rassurante et le bruit du vent passant par la fenêtre juste à côté de nous, ça fait son petit effet. L’ambiance sonore est donc un des gros points forts du titre, mais pas seulement, puisque l’histoire en elle-même est plutôt prenante et bien vue. Les personnages sont pour la plupart attachants, et les différents esprits, six donc, sont pour la plupart très sympathiques, autant dans leur design (la mariée, l’enfant du miroir). Ceci dit, petit bémol à mes yeux pour le chapitre 4, qui nous fait revenir dans un lieu déjà visité (l’école du chapitre 1) et va nous faire, la plupart du temps, uniquement répondre à des questions dans des salles de classes. Assez redondant et décevant, en plus de pouvoir nous amener assez facilement vers un game over. Heureusement que le joueur pourra relancer la partie soit à sa dernière sauvegarde, soit juste au moment de sa mort pour reprendre les choix. Heureusement, les cinq autres chapitres sont tous très bien foutus, et bien prenants.

Techniquement, Death Mark est exactement ce que l’on peut attendre d’un Visual Novel, à l’exception de l’absence de voix pour les dialogues. Les différents dessins, que ce soit pour les personnages ou les décors sont bien fichus et nous plongent dans l’ambiance, et certains dessins pour des scènes en particulier, notamment graphiques, sont même impressionnants. Plutôt long, beau, plaisant et intéressant, avec un bon mélange entre horreur, suspense et aventure, Death Mark plaira aux amateurs du genre, c’est certain, malgré son absence de doublage, un chapitre un peu en dessous des autres, et parfois quelques éléments qui peuvent énerver, comme le fait que pour avancer dans le chapitre 2, il faudra absolument avoir un certain personnage avec nous en enquêtant afin de pouvoir avancer. Sauf que ça, le jeu ne nous le dit pas. Mais au-delà de ça, c’est du tout bon, et on plonge pendant un bon 20 à 25 heures dans cette histoire, et malgré quelques morts souvent injustes, on a du mal à décrocher avant d’avoir le fin mot de l’histoire. Quand au chapitre bonus, si au final il n’ajoute pas grand-chose à l’histoire, il nous propose encore une fois une histoire glauque avec un esprit sympathique à vaincre, et même une petite énigme tordue que j’aurais beaucoup apprécié. D’ailleurs, pour avoir ce chapitre bonus, il faudra avoir la bonne fin obligatoirement, et donc, avoir tous les personnages en vie.


GRAPHISMES
Visuellement, c’est plutôt beau et assez détaillé. Les personnages sont bien modélisés et parfaitement identifiables, les lieux visités sont beaux, et certains dessins pour des moments clés sont même très beaux.
JOUABILITÉ
S’il n’y a rien de bien compliqué, avec surtout de l’exploration, de la lecture et des choix, il faudra en tout cas savoir lire et parfois réfléchir pour éviter les très nombreux game over possibles.
DURÉE DE VIE
Suivant si vous galérez ou non aux énigmes, le jeu se boucle environ entre 20 et 25h, en ayant la bonne fin et en faisant donc le chapitre bonus qui offre 4 à 5 heures de plus.
BANDE SON
Si le jeu n’est malheureusement pas doublé (aucune voix ou presque), la bande son elle est parfaite pour créer l’ambiance et faire monter la tension.
CONCLUSION
Mix entre le visual novel classique (dialogues, choix) et le jeu d’aventure (enquêtes, choix amenant le game over, esprits à vaincre), Death Mark malgré quelques éléments plutôt dommages (l’absence de voix) est un très bon petit jeu horrifique qui tient en haleine sur la durée.

note65



Titre : Death Mark
Année : 2017
Studio : Experience Inc.
Editeur : Aksys Games
Genre : Visual Horror

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, PS Vita, Nintendo Switch
Support : dématérialisé


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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