[Film] Warcraft – Le Commencement, de Duncan Jones (2016)

Le pacifique royaume d’Azeroth est au bord de la guerre alors que sa civilisation doit faire face à une redoutable race d’envahisseurs : des guerriers Orcs fuyant leur monde moribond pour en coloniser un autre. Alors qu’un portail s’ouvre pour connecter les deux mondes, une armée fait face à la destruction et l’autre à l’extinction. De côtés opposés, deux héros vont s’affronter et décider du sort de leur famille, de leur peuple et de leur patrie.


Avis de Cherycok :
Ca fait bien longtemps que Blizzard a envie d’adapter sa juteuse licence Warcraft sur le grand écran. Ca fait bien longtemps que les fans de cette licence attendent cette adaptation, priant que si un jour elle se fait, elle ne subisse pas le même sort que les autres adaptations de jeux vidéo, le plus souvent des ratages complets. Oh oui, car nombreux s’y sont essayés et nombreux s’y sont cassés les dents. Alone in the Dark, Mario Bros, Far Cry, Street Fighter, Hitman, Max Payne, Montal Kombat,… La liste est longue et les joueurs tous dégoutés du résultat. Il faut dire qu’il n’est parfois pas facile de transposer un jeu en long métrage. Les codes ne sont pas les mêmes, la façon d’y aborder les choses non plus. C’est sans doute pour ça que Blizzard a attendu aussi longtemps avant de réellement se lancer. Premier pressenti pour la réalisation, Sam Raimi (Evil Dead, Spiderman 1, 2 et 3), qui au bout de 3 ans de stand by préfère lâcher l’affaire pour réaliser son Monde Fantastique d’Oz. C’est finalement le talentueux Duncan Jones (Moon, Source Code) qui est mis sur l’affaire, et ça tombe bien car le bougre est un vrai joueur de jeux vidéo et connait surtout très bien l’univers de Warcraft. Avec les concepteurs du jeu supervisant le tout, histoire qu’un désastre ne soit pas commis, et un réalisateur qui aime le projet qu’on lui donne, Warcraft – Le Commencement avait toutes les cartes en main pour réussir son pari. N’y allons pas par quatre chemins, non ce n’est pas parfait, mais oui c’est un très bon divertissement !

Il est nécessaire de préciser que je suis un fan de Warcraft de la première heure, que les trois jeux de stratégie et leurs extensions sont passés plusieurs fois sous mes clics de souris et que je suis un joueur de World of Warcraft depuis plus de huit ans. Je connais donc parfaitement l’univers et il est certain que quelques travers que j’ai pu remarquer passeront inaperçus chez les spectateurs n’ayant peu ou pas joué aux jeux Warcraft.

Du haut de ses 160M$US de budget, Warcraft – Le Commencement place son histoire sur les évènements décrits par le premier jeu de la licence sorti en 1994 et intitulé Warcraft : Orcs and Humans, et se déroulant 31 ans avant le jeu actuel World of Warcraft sorti en 2004 et toujours massivement exploité encore aujourd’hui (sa sixième extension sort le 30 août 2016). Sa production aura été des plus gargantuesques puisque des décors géants ont du être construits. 90 plateaux ont ainsi été créés par Gavin Bocquet, chef décorateur sur la deuxième trilogie Star Wars, pour être agrandis ensuite numériquement. Il en est de même pour les costumes puisque ce sont pas moins de 650 ensembles qui ont été fabriqués pour l’occasion. Blizzard et Duncan Jones voulaient que le résultat soit crédible et surtout fidèle. Pari réussi puisque les fans de la licence n’auront aucun mal à reconnaitre en un coup d’œil les divers lieux et régions où se déroulent les différentes scènes. Ca en est même parfois troublant car même certains petits détails tels qu’une montagne, une clairière, ou même un pont sont complètement identifiables. Il en est de même pour l’esthétique générale de l’ensemble. World of Warcraft (puisque c’est tout de même sur ce jeu-là que s’appuie le visuel du film) est un jeu au look très cartoon, et c’est ici extrêmement bien retranscrit, avec des couleurs chatoyantes, des bâtiments identiques au détail près, des armures qui sont semblables à celles du jeu, et des personnages qui donneront le sourire aux fans dès que leur nom sera prononcé tant ils tiennent un rôle important dans la saga de jeux qui nous intéresse ici.

Il est certain que le non-fan qui vient voir dans les salles obscures ce film risque d’être au début un peu perdu. On nous balance plein de noms de personnages, Medivh, Gul’Dan, Khadgar, Garona, Lothar, de régions, La Forêt d’Elwynn, Le défile de Deuillevent, Les Carmines, L’Outreterre, Azeroth,… et bien d’autres termes qui pourront paraître barbares. Mais on le sent tout de suite, Warcraft – Le Commencement est un film fait par un fan, et avant tout destiné aux fans. Les clins d’œil sont très nombreux, du sort de sheep au murloc faisant son bruit typique en passant à la pierre de rencontre cachée derrière un arbre. Mais voilà que le premier problème fait son apparition. Oui, on est dans une adaptation, oui l’histoire de Warcraft (même celle du tout début) est bien trop vaste pour est contenue en 2 heure de film, oui ils avaient annoncé dès le départ qu’ils seraient obligés de faire quelques modifications afin que ce soit scénaristiquement plausible en long métrage, et oui, je vais être obligé de balancer une balise. Et donc forcément les joueurs hardcores se sont « offusqués » par ce que Duncan Jones et Blizzard leur a proposé. Dalaran, la ville des mages du Kirin Tor, est déjà en train de voler alors que cela arrive bien plus tard ; Lothar ne tue normalement pas Main Noire ; Grom n’est pas corrompu dans le film alors qu’ilest censé être le premier à l’être ; Go’el est censé naitre bien plus tard et surtout d’une autre manière ; Garona n’est pas censée être mi-humaine / mi orc car normalement sa mère est une draeineï qui a été violée par un orc; cette même Garona n’est pas censée avoir une liaison avec Lothar mais avec Medivh ; Lothar n’est pas censé avoir un fils ; Garona est censé être sous l’emprise de Gul’Dan lorsqu’elle tue le Roi ; ou encore Lothar qui crie « Pour l’Alliance » alors que chronologiquement, cette alliance n’existe pas encore. Et on pourrait continuer longtemps comme ça…
Une fois de plus, pour ceux qui ne connaissent pas l’univers, ceci ne pose absolument aucun problème. D’ailleurs, pour une bonne partie des amoureux du jeu non plus. Mais bon, il fallait tout de même le signaler car, même si au final le fil conducteur des jeux demeure assez simple, l’univers en lui-même regorge de richesses très chères aux puristes. Mais qu’on soit certain d’une chose, il était illusoire de croire que le jeu aurait pu être adapté tel quel.

Qu’en est-il du film en lui-même cinématographiquement parlant ? On peut dire qu’on en prend plein les mirettes ! Warcraft – Le Commencement est beau, très beau même… à condition de ne pas trop s’attarder sur les détails mais nous y reviendrons un peu plus bas. Les paysages, les villes, les forêts, les montagnes, tout est très bien retranscrit, malgré quelques libertés prises afin de rendre l’ensemble plus photogénique (c’est quoi le look de la tour de Kharazan !?!). Les fans seront ravis de voir leur univers aussi bien transposé à l’écran. Les orcs sont tout bonnement impressionnants. ILM a fourni un travail hallucinant, et ils semblent parfois plus vrais que nature. Les scènes d’action dans lesquelles ils sont embarqués ont un coté jouissif. On sent cette puissance écrasante sous leurs coups et les voir balancer des chevaux d’une seule main ou fracasser des crânes à coups de grosse masse procure un certain plaisir limite enfantin (dans le bon sens du terme). Ils sont violents, ils sont bourrins, tout ce qu’on attendait d’eux,tout en gardant un côté étrangement « humain » pour certains d’entre eux malgré des différences culturelles bien retranscrites à l’écran.
Mais, parce que là aussi il y a un « mais », et sans doute le plus gros « mais » du film. Quand on s’attarde un peu sur ce qu’il y a à l’écran, quand on fouille un peu plus que ce que proposent les scènes dans leur ensemble, le visuel pêche sur bien des points. Certaines armures humaines sont parfois trop rutilantes et clinquantes (le look du roi, arghhhh) et certaines épées ou boucliers font très armes en silicone de jeu de rôle grandeur nature. Il en est de même pour les décors qui font parfois un peu carton-pâte. Et même en ce qui concerne les effets spéciaux, tout n’est pas parfait. Certaines scènes passent bien, on garde cette impression d’être dans un film. Dans d’autres, on quitte justement cet aspect filmique et on a le sentiment de se retrouver devant une cinématique de jeu vidéo. Pire encore lorsqu’on s’attarde un peu sur ce qui se trouve en arrière plan, les animations ne sont pas toujours formidables, un peu comme s’il manquait des étapes dans le découpage des mouvements des protagonistes. Cela ne posera sans doute aucun problème à la majorité des spectateurs mais pour certains, cela sonnera faux.

Autre bémol, le casting est assez inégal. Crédible aussi bien dans les scènes calmes que lors des scènes d’action, Travis Fimmel (la série Viking) est celui qui s’en sort le mieux, mais reste du cast est en dents de scie. Ben Schnetzer (Pride) qui incarne le jeune Khadgar reste juste tout le long, mais Paula Patton (Mission Impossible 4, 2 Guns) et Ben Foster (30 Jours de Nuit, The Program) ne sont pas toujours au point, souvent pas aidés par certains dialogues un peu simplistes. Mais la palme de mauvais choix revient au britannique Dominic Cooper (Dracula Untold, Need for Speed), à aucun moment crédible en Roi des Humains censé rassembler les troupes. Ce rôle devait d’ailleurs au départ être tenu par Colin Farrell (Phone Game, Bons Baisers de Bruges).
A coté de ça, on ne s’ennuie heureusement pas. Le rythme est bon malgré les 2h07 du film, même si les 45 minutes de coupes qu’a subit le film se ressentent parfois (espérons qu’elles soient présentent sur le bluray / dvd à sa sortie). Pour le cinéma, il fallait de toute façon éviter de longues mises en place qui auraient fait retomber le rythme. L’introduction nous met d’ailleurs directement dans le bain et nous plonge immédiatement dans l’ambiance. Malgré un scénario simple, Duncan Jones arrive tout de même à surprendre, en tuant par exemple des protagonistes pour lesquels il avait mis en place une mécanique d’attachement. Il donne envied’en savoir plus, de voir comment tout cela finit, et rien que pour ça, le pari est déjà gagné. Le final ne laisse de toute façon aucun doute, avec en guise dernière image le retour du titre, dont le sous titre « Le Commencement » à lui seul veut dire ce qu’il veut dire.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une bonne adaptation de jeu
♥ L’univers très riche
♥ Dans l’ensemble, visuellement réussi
♥ Les orcs, impressionnants
♥ La bande son
⊗ Des libertés qui ne plairont pas aux puristes
⊗ Le casting, pas toujours au top
⊗ Pas mal d’imperfections
Warcraft – Le Commencement a bien des défauts, mais il n’en demeure pas moins un très bon divertissement. Certes, les fans de la licence partent avec plus de clés en main que les profanes pour apprécier le film à sa juste valeur, mais quoi qu’il en soit, il est nettement au-dessus du lot de tous ces blockbusters sans âme qui abreuvent nos salles de cinéma. Vivement la suite !



Titre : Warcraft – Le Commencement
Année : 2016
Durée : 2h07
Origine : U.S.A
Genre : Adaptation réussie
Réalisateur : Duncan Jones
Scénario : Charles Leavitt, Duncan Jones

Acteurs : Travis Fimmel, Toby Kebbel, Ben Schnetzer, Paula Patton, Ben Foster, Dominic Cooper, Robert Kazinsky, Clancy Brown, Daniel Wu, Ruth Negga, Anna Galvin

 Warcraft: Le commencement (2016) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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