[Film] Sucker Punch, de Zack Snyder (2011)

Fermez les yeux. Libérez-vous l’esprit. Rien ne vous prépare à ce qui va suivre. Bienvenue dans l’imaginaire débordant d’une jeune fille dont les rêves sont la seule échappatoire à sa vie cauchemardesque… S’affranchissant des contraintes de temps et d’espace, elle est libre d’aller là où l’entraîne son imagination, jusqu’à brouiller la frontière entre réalité et fantasme… Enfermée contre son gré, Babydoll a toujours envie de se battre pour reconquérir sa liberté. Combative, elle pousse quatre autres jeunes filles à s’unir pour échapper à leurs redoutables ravisseurs, Blue et Madame Gorski – avant que le mystérieux High Roller ne vienne s’emparer d’elle. Les filles partent en guerre contre des créatures fantastiques, des samouraïs et des serpents, grâce à un arsenal virtuel et à l’aide d’un Sage. Mais ce n’est qu’à ce prix qu’elles pourront – peut-être – recouvrer la liberté…


Avis de Iris :
Après l’armée des morts, Watchmen et 300, Zack Snyder nous livre en 2011 son premier film non inspiré par une œuvre existante et il a donc fallu cinq ans pour que la curiosité (bon ok et une forte indécision sur le programme TV) me pousse à explorer ce que le réalisateur avait à proposer. Présenté comme une œuvre onirique, de toooooooute beauté et frappé de notes élevées sur plusieurs sites, ce film portait tant de promesses. Les a-t-il tenues ? Clairement ? Non !

Alors Snyder ne nous a jamais menti sur la marchandise quel que soit le film et déjà, on sait que nous ne serons pas embêtés par le réalisme ou la cohérence de l’histoire. Mais, au bout de vingt minutes de film à peine, les regards se croisent, les sourcils se lèvent et une conclusion s’impose : « ‘tain, je comprends rien ». Alors Baby Doll (ouais, faut pas chercher hein) a vu sa mère mourir et à l’ouverture du testament, son beau-père malsain et intéressé va décider semble-t-il de tuer Baby Doll et sa petite sœur. Bien décidée à se défendre et à défendre sa sœur, Baby Doll va choper un flingue on ne sait trop où pour tuer son beau-père mais, peu coutumière des armes à feu apparemment, elle va tirer comme une burne et tuer sa petite sœur. Comme on dit, quand ça veut pas, ça veut pas. Et là, bien sûr, pas de police, pas d’enquête, pas de décision de justice, non non, son beau-père tout seul va décider de la faire interner dans l’asile psychiatrique le plus chelou qui soit, où on lobotomise sans soucis au bon vouloir de celui qui paye la pension. C’est donc à ce sort que Baby Doll est promise. Mouais. Ok, Ok, on me dit que faut pas chercher le réalisme, ah ben oui, tu m’étonnes ! Donc, et là, idée de génie, du jamais vu, du nouveau, du qui surfe pas sur la vague lancée à l’époque par Inception, on va voyager dans les rêves de Baby Doll, pendant deux trèèèèèèèès longues heures, seul refuge lui permettant de s’évader de sa réalité glauque. Du neuf quoi ! Bon et donc là trois univers vont cohabiter et passer de l’un à l’autre : l’asile, son rêve où son beau-père est devenu un curé, l’infirmier une espèce de mac laissant la psychiatre muée en chorégraphe entraîner les filles à des shows leur permettant d’exciter un gros et vieux pervers visqueux. Vous suivez ? Parfait. Et dans ce rêve, un rêve dans le rêve, où lorsqu’elle danse, Baby Doll déclenche des voyages encore plus fous où les filles travaillent en équipe et vont combattre, talons hauts et toutes de bas résilles et guêpières vêtues, tantôt des soldats allemands (zombies ?), des robots, un dragon, du troll, des orques, un train. Là, c’est assez WTF ou pas ? Bon à ce stade-là, convaincu ou pas, ça aurait encore pu le faire.

Oui mais non… Tout d’abord force est de constater que Snyder avait là l’occasion de démontrer qu’il pouvait, en ne basant pas son film sur une œuvre et en particulier sur une BD, se détacher du style qui était un peu nouveau qui pouvait bien passer dans 300, très bien passer dans L’Armée des Morts, passouiller dans Watchmen (s’il n’avait pas bousillé la BD toutefois) et livrer quelque chose d’un tant soit peu original. Or Snyder fait du Snyder. Et le style s’épuise lorsqu’il ne surprend plus. On va bouffer du SFX jusqu’à l’overdose (on s’y attendait bien sûr) mais du SFX assez mauvais, où le fond vert est sublimé et semble faire coucou toutes les deux scènes. Je pense que même les tables et les chaises sont en images de synthèse et franchement trop c’est trop, ça en est réellement indigeste. Ajoutez à cela une quantité incroyable de ralentis, justifiés ? Bah pourquoi ? Jusqu’aux clignements d’œil, pas un geste qui ne soit filmé à vitesse réelle. Ne parlons même pas des combats. Chorégraphiés à outrance mais tellement cut, tellement ralentis, tellement WTF que finalement l’esthétique laisse rapidement la place à l’ennui mortel que seul le saignement de mes yeux vient un peu bousculer. Les éléments de surprise tombent quasiment tous à plat et on peut prévoir à la virgule près ce qui va arriver. On aurait pu parier, au moins ça nous aurait occupés !

Niveau second degré et « critique » de la société ou allégorie de la « barricade quasi infranchissable entre l’imaginaire et la réalité, et jusqu’où nous sommes prêts à aller et quels sacrifices nous sommes enclins à faire pour nous tirer d’une situation difficile » pour citer le réalisateur, le film déçoit également. Là où Matrix (le 1 hein, faut pas déconner) poussait un peu le sujet, Sucker Punch semble avoir été écrit par un ado rebelle, boutonneux et en colère, ça frôle les différents sujets sans les explorer, ça tombe dans la facilité en permanence, c’est ridule parfois (hou les méchants soldats nazis qui ne saignent pas mais perdent du gaz parce que pendant la seconde guerre mondiale ils ont gazé des millions de personnes c’est profond ou pas ? ou pas… oui mais là c’est la première guerre parce qu’y a des tranchées. Ah bon ? C’est pas la même guerre, tè au temps pour moi….). Mais les exemples de ce genre-là sont trop nombreux pour les citer tous. C’est de la métaphore de bas étage, comme si le scénario avait été écrit un soir de biture dans le bistrot du coin. Oui mais avec un mot d’ordre : tâcher moyen de pouvoir coller à l’écran de la bombasse en petite tenue style pute classe, de l’action, de jouer sur tous les genres pour plaire au plus large public possible (Heroic Fantasy, SF, film de guerre, jeu vidéo, drame, teen movie, films de samouraïs, un peu de manga, du sexy… on a rien oublié là je crois ^^). Et à vouloir jouer partout ben on joue nulle part. Voilà, c’est ça, la vacuité de l’œuvre. Pendant deux heures, pour arriver à la conclusion à laquelle tout le monde s’attend, parce que non M. Snyder, cette histoire n’a rien de nouveau ni d’original ! Nos cinq furies aux seins remontés jusqu’au menton par des corsets serrés au treuil à troncs vont jouer de la gâchette, du katana, du lance flamme, conduire des robots ou piloter des hélicoptères, chaussées de bottes en cuir leur sculptant les jambes façon statues grecques (ça faut reconnaître, y a de la poupée) menées par une espèce de Bosley imaginaire et on se demande où est Charlie ? Mais on n’entre jamais dans la psychologie des personnages, on ne s’attache à aucune de ces barbies maquillées à la truelle aussi crédibles que Trump en président des States. Et de passer de plans lisses d’ordinateurs où on s’apitoie sur la difficulté des acteurs de jouer sur l’unique fond vert de leur décor à une shakycam qui vient illustrer quelques coups de speed et rendre épileptiques les plus sensibles d’entre nous.

À noter en revanche une BO excellente et qui sera l’unique atout de ce film. Composée des remix et des reprises explosives de titres comme I want it all, l’excellent Army of me ou Where’s my mind, de Bjork ou SkunkAnansie, la musique sera le seul élément soulignant l’ambiance fantasmée du film. Du lourd au niveau son, donc, qui réalise à lui seul ce que les pourtant sublimes Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone… ne parviennent pas à faire.

LES PLUS LES MOINS
♥ La BO
♥ L’arrivée du générique de fin
⊗ Le scénario
⊗ Les SFX
⊗ Les images dégueulasses
⊗ Le mélange des genres
⊗ On nous prend pour des cons
Entre psychologie de comptoir, pastiche de trop de genres à la fois, empêtré dans ses effets spéciaux et ses ralentis au point où on se demande si Snyder aurait pu devenir cinéaste il y a trente ans, Sucker punch nous aura fait espérer un grand spectacle pour au final nous cracher à la gueule un film sans saveur, aussi chimérique que son sujet.



Titre : Sucker Punch
Année : 2011
Durée : 1h50
Origine : U.S.A
Genre : La métaphysique de bar
Réalisateur : Zack Snyder
Scénario : Zack Snyder, Steve Shibuya

Acteurs : Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa Hudgens, Jamie Chung, Carla Gugino, Scott Glenn, Richard Cetrone, Jon Hamm, Oscar Isaac, Malcolm Scott, Ron Selmour

 Sucker Punch (2011) on IMDb


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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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