[Film] Un Petit Boulot, de Pascal Chaumeil (2016)

Jacques habite une petite ville dont tous les habitants ont été mis sur la paille suite à un licenciement boursier. L’usine a fermé, sa copine est partie et les dettes s’accumulent. Alors quand le bookmaker mafieux du coin lui propose de tuer sa femme contre une somme d’argent non négligeable, Jacques accepte…


Avis de Cherycok :
Réalisateur de L’Arnacoeur (2010), Un Plan Parfait (2012) ou encore de bon nombre d’épisodes de la très sympathique série Fais pas ci, fais pas ça, Pascal Chaumeil livre avec Un Petit Boulot son dernier film avant son décès brutal le 27 août 2015 à l’âge de 54 ans. Et pour son ultime œuvre, il a fait appel à Michel Blanc afin d’adapter le roman homonyme (Since the Layoffs en VO) de Iain Levison sorti en 2003. Ce dernier a pour mission, en plus d’interpréter un des rôles du film, d’adapter le scénario (l’original se déroulant aux Etats Unis) et d’écrire les dialogues afin que le rendu final soit une sorte de mix entre le cinéma de Bertrand Blier et celui des Frères Coen, le tout avec une petite touche sociale façon Ken Loach. C’est-à-dire en gros, des personnages hauts en couleurs avec un goût prononcé pour l’absurde couplé à des répliques cultes faisant mouche, avec en toile de fond un milieu populaire difficile. Autant dire que la tâche était ardue tant le cinéma de ces cinéastes est reconnu dans le milieu. Après visionnage, force est de constater que le pari est loin d’être réussi. Néanmoins, Un Petit Boulot reste un divertissement des plus plaisants.

Pascal Chaumeil retrouvait ici Romain Duris avec qui il avait déjà collaboré pour L’Arnacoeur. Ce dernier incarne un homme bien sous tous rapports, pour qui tout va basculer lorsque l’usine dans laquelle il travaille va se voir fermée par des spéculateurs véreux. Sa femme se barre, il se voit obligé de vendre ses biens pour survivre, la dépression le guette. Lorsque soudain un bookmakeur un peu mafieux sur les bords, accessoirement ami de longue date, lui propose de tuer sa femme qui le trompe contre la modique somme de 20000€, effaçant par la même occasion des dettes de jeu accumulées par le passé lors de parties de poker clandestines. Le voilà pris dans une spirale où il sera tiraillé entre de l’argent « facile » mais impliquant à chaque fois le décès de quelqu’un, et son nouveau boulot dans une station-service, certes mal payé mais qui lui permet de rester dans la légalité.
L’histoire nous est racontée avec ironie, parfois avec du piquant, mais toujours avec une certaine légèreté qui caractérise une bonne partie de la filmographie de Pascal Chaumeil. On se laisse porter dans cette histoire d’un pauvre type qui essaie de s’en sortir mais qui garde les pieds sur terre même quand son rythme de vie dérape. Malgré le côté absurde de certaines situations (le meurtre sur la plage) et certains dialogues bien relevés (la discussion dans le garage enfumé), Un Petit Boulot garde de bout en bout un ton résolument réaliste, dépeignant avec une certaine noirceur l’inhumanité du monde de l’emploi (le personnage d’Alex Lutz).

Pour cela, Pascal Chaumeil va s’amuser à mélanger les genres. On passe du drame social à la comédie noire en passant par le film de mafieux et ses exécutions froides en gardant toujours une certaine ironie et un côté grinçant, donnant pour l’occasion un charme indéniable au film. Seulement, Un Petit Boulot ne va jamais assez loin et semble parfois bloqué dans un côté très convenu. Un peu comme si le réalisateur tenait à rester dans le « tout public ». Nous restons certes dans une comédie, mais le film aurait sans doute été plus marquant s’il avait poussé son côté immoral un peu plus loin. C’est d’ailleurs réellement la seule faiblesse du film car, à côté de ça, le reste est à saluer. Le duo formé par Romain Duris et Michel blanc fonctionne à merveille. Sans qu’on rigole jamais aux éclats, l’humour sait se faire fin et ces gens « ordinaires » s’improvisant tueurs à gage pour sortir de la misère, avec leurs maladresses, leurs erreurs, nous paraissent immédiatement attachants. L’intrigue est bien menée, le film suffisamment rythmé pour ne pas ennuyer, et la mise en scène porte la patte très agréable de Pascal Chaumeil. Seule la BO un peu trop discrète se montre en deçà, ne laissant aucun souvenir à peine le générique de fin terminé.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les personnages réussis
♥ L’humour noir léger
⊗ Trop gentillet
Un Petit Boulot est une comédie noire des plus sympathiques. Même si le film est loin d’égaler le cinéma dont il s’inspire (Coen, Blier, Loach), il n’en demeure pas moins un divertissement qui passe tout seul, grâce à un casting impeccable et un côté loufoque très agréable.



Titre : Un Petit Boulot
Année : 2016
Durée : 1h39
Origine : France
Genre : : Une petite comédie
Réalisateur : Pascal Chaumeil
Scénario : Michel Blanc, d’après l’œuvre d’Iain Levinson

Acteurs : Romain Duris, Michel Blanc, Alice Belaïdi, Gustave Kervern, Alex Lutz, Charlie Dupont, Philippe Grand’Henry, Thomas Mustin

 Un petit boulot (2016) on IMDb











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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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