[Film] Message from the King, de Fabrice Du Welz (2016)

En provenance de Cape Town, Afrique du Sud, Jacob King débarque à Los Angeles à la recherche de sa sœur disparue. Avec un billet retour pour l’Afrique du Sud sept jours plus tard, et 600 dollars en poche. Au bout de 24 heures, il découvre que sa sœur est morte dans des circonstances étranges…


Avis de Cherycok :
Après les films horrifiques Calvaire (2004), Vinyan (2008), Colt 45 (2014) et Alléluia (2014), le réalisateur belge Fabrice Du Welz nous revient en 2016 avec son premier film tourné en langue anglaise, Message from the King, une histoire de vengeance pure et dure sur fond de trafic de drogue. On sait que les passages à Hollywood de réalisateurs étrangers sont parfois douloureux, José Padilha et son Robocop (2014) pour ne citer que lui, est-ce que Fabrice Du Welz va arriver à tirer son épingle du jeu ? La réponse est « Oui », mais avec tout de même quelques réserves. Car Message from the King a beau être efficace, à la fois froid et réaliste, son histoire simple manque cruellement d’originalité. Et autant le réalisateur sait mettre en valeur des scènes posées, autant c’est plus compliqué pour les scènes d’action. Explications…

L’histoire est donc des plus simples et banales. Jacob King, interprété par un excellent Chadwik Boseman (Black Panther) arrive à Los Angeles pour retrouver sa sœur dont il n’a plus aucune nouvelle depuis un ou deux mois. Son temps étant compté de par son faible budget et un billet retour dans sept jours, il n’a pas d’autre choix que d’enquêter le plus rapidement possible en profondeur. Rapidement, il apprend que sa sœur est décédée, retrouvant son cadavre à la morgue locale, la mâchoire complètement enfoncée et un pied en moins. Il s’agit pour lui maintenant de comprendre ce qui lui est arrivé exactement, pourquoi et dans quelles circonstances. Il tentera de faire justice lui-même, se montrant sans pitié, brutal.
Chadwick Boseman est clairement l’atout principal de Message from the King. Impressionnant de bout en bout malgré un côté impassible dû à ce rôle de vengeur froid, il semble habité par son personnage à la fois effrayant, attachant et mystérieux. Effrayant car Jacob King est prêt à aller jusqu’au bout pour connaitre la vérité, et qu’il fera preuve d’une violence inouïe (à grands coups de chaine de vélo) lorsque le dialogue ne suffit plus. Attachant car Jacob King fera preuve de beaucoup de compassion envers certains personnages n’ayant pas eu la vie qu’ils espéraient en arrivant à Los Angeles, mais également envers lui-même, souffrant de la mort atroce de sa sœur et ce qu’elle était devenue, et se rattachant pour le coup à un souvenir. Mystérieux car le passé de Jacob King ne nous est jamais réellement expliqué, ou alors petite information par petite information (jusqu’au plan final). Dommage que les nombreux seconds rôles n’aient pas été aussi travaillés et apparaissent tantôt brouillons, tantôt sans âme.

Du Welz réussit également son pari au niveau de l’ambiance générale de son film. Là où les films noirs se déroulent majoritairement la nuit, le réalisateur tente le pari de donner un aspect crade à Los Angeles en faisant un film quasi uniquement de jour, en pleine lumière. Pari réussi grâce à une photographie superbe et une musique du plus bel effet qui accompagnera les errances de notre héros, dans une recherche de désacralisation de ce fameux rêve américain que tous ces jeunes, parfois étrangers, recherchent en arrivant dans les grandes villes. Sa sœur Bianca en est l’exemple même, mais c’est aussi le cas du personnage de Kelly, interprété par la jolie Teresa Palmer (Tu ne Tueras Point, Berlin Syndrome), vivant dans un modeste T2 et obligée de participer à des tournages pornographiques lowcost dans un hôtel miteux afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa petite fille de sept ans. Dommage que tout cela reste au final très classique et sans réelle surprise car le film arrive à ne pas se vautrer dans les clichés habituels de ce genre de bobine (l’histoire d’amour par exemple). Mais une fois de plus, cela reste efficace.
C’est déjà moins le cas au niveau des scènes d’action. On sent ici Fabrice Du Welz bien plus mal à l’aise. Le montage se fait hasardeux et le résultat est confus, brouillon, voire même parfois illisible. Du coup, alors qu’elles se veulent impressionnantes de par la barbarie dont le héros est capable de faire preuve, elles perdent une bonne partie de leur impact, même si leur aspect dramatique demeure au final intact. En résulte un film un peu bipolaire, où des scènes calmes magnifiées par une excellente mise en scène contrastent avec des scènes d’action cinématographiquement ratées.

LES PLUS LES MOINS
♥ Chadwick Boseman
♥ L’ambiance générale
♥ Noir et brutal
⊗ Pas très original
⊗ Les scènes d’action en deçà
Malgré une histoire au final très classique et des scènes d’action un peu en dessous de ce qu’on aurait pu espérer, Message from the King reste un « revenge movie » assez efficace, porté par un excellent Chadwick Boseman. Un film qui ne marquera pas les esprits mais qui sur le moment fait le job.



Titre : Message from the King
Année : 2016
Durée : 1h42
Origine : U.S.A / UK / France / Belgique
Genre : Thriller
Réalisateur : Fabrice Du Welz
Scénario : Olivier Butcher, Stephen Cornwell

Acteurs : Chadwick Boseman, Luke Evans, Teresa Palmer, Tom Felton, Anna Diop, Jake Weary, Alfred Molina, Sibongile Mlambo, Nathalie Martinez, Kirsty Hill

 Message from the King (2016) on IMDb















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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