[Film] Hellraiser Inferno, de Scott Derrickson (2000)

Joseph Thorn est un flic qui trompe sa femme avec des prostituées, ignore ses parents malades, prend de la coke, enfin tout ça quoi. Un jour, sur le lieu d’un crime, il découvre une boite métallique que nous connaissons tous.


Avis de Rick :
Après avoir enterré la saga suite à une série de décisions pas glorieuses, comme vouloir à tout prix faire de Pinhead un bad guy bien présent qui parle souvent pour ne rien dire, ou encore mettre de l’humour (Hellraiser 3), ou se laisser aller à la mode d’envoyer les personnages dans l’espace (Hellraiser Bloodline), on pensait tous la saga morte et enterrée, pour de vrai, pour le meilleur et pour le pire. Meilleure car la saga était tombée bas, et la laisser se reposer, ça ne peut pas faire de mal. Pour le pire car dans le fond, le fan, après deux films ratés et bancals, il espérait un retour en grande forme, ou voir le studio derrière la saga (Miramax) se ressaisir et apprendre de ses erreurs. Sauf que, on le sait maintenant, Miramax et donc Dimension Films ne lancent la production de nouveaux opus que pour garder les droits de la saga. Procédé dégueulasse qui sera apparu au grand jour avec Hellraiser Revelations en 2011, puis Hellraiser Judgment cette année, que j’attend toujours. Et vu les 5 années d’écart entre Hellraiser Bloodline, 4ème opus, et Hellraiser Inferno, cinquième opus, on ne peut à présent que penser que la production n’a été lancée que pour garder ces mêmes droits. Car si la technique des récents opus étaient un tournage à l’arrache avec un budget plus que risible, Hellraiser Inferno, comme les trois opus suivants, a été conçu pas de la meilleure manière également, à savoir que Dimension Films, pour Inferno, mais également Hellseeker, Deader et Hellworld, n’a fait que piocher parmi des scénarios existants en leur possession (paf, ça économise le budget, pas de scénariste à payer pour de vrai), puis une simple petite réécriture permettra d’insérer le personnage de Pinhead et le concept de la boite dans le récit. On secoue le tout, et paf, ça fait des choca…. Euh un nouveau Hellraiser.

Pour Inferno en 2000, si la production derrière le métrage est douteuse, on peut aisément dire que ce n’est pas encore le pire opus. Car comme pour Hellseeker, la production est oui douteuse, mais il subsiste encore néanmoins une certaine envie de bien faire. Oui le budget est de seulement 2 millions, oui le produit est filmé pour une exploitation directement en vidéo, le réalisateur faisait très peur à l’époque, mais il y a une envie de bien faire. Le réalisateur donc, ce sera Scott Derrickson, qui signait son premier long métrage après avoir écrit l’ignoble Urban Legend 2. Sauf que niveau mise en scène, si ces métrages sont discutables, et bien il essaye de soigner ses trucs. Après ce Hellraiser, il signera par exemple L’Exorcisme d’Emily Rose, un autre film que l’on oubliera avec Keanu Reeves, avant de connaître un certain succès avec Sinister, et de se retrouver à la tête de Doctor Strange l’année dernière. Comme quoi, tout est possible en 16 ans. Doug Bradley reprend heureusement son rôle, et on trouve à ses côtés un casting inégal mais plutôt sérieux avec Craig Sheffer (connaisseur de l’univers de Barker puisqu’ayant le rôle principal de Nightbreed – Cabal), ou encore James Remar. Oui, il y a pire comme casting DTV. Et d’ailleurs, ce Inferno commence bien, avec son générique plutôt classique, une belle musique (bien que loin d’égaler la partition de Christopher Young). En fait, on peut même dire que ce Inferno a beaucoup de qualités, souvent contrebalancées par énormément de défauts. Des qualités cinématographiques (malgré un côté parfois fauché) et des erreurs Hellraiser.

En tant que métrage rattaché à la saga Hellraiser, ce n’est pas très bon. Pinhead était trop présent avant, et ironiquement, pas assez présent ici, faisant plus de la figuration en mode « allez file moi mon chèque » qu’ayant un rôle important. Néanmoins, son personnage ramené en arrière plan lui redonne une certaine crédibilité. Sauf que on sent bien que les scénaristes (ils sont 2) ne comprennent pas Hellraiser, et changent Pinhead en personnage moralisateur, là pour dire à notre héros que sa vie est faite de mal et qu’il faut être punis attention. Je suis donc très mitigé sur Pinhead dans ce métrage, et sur la mythologie de ce film en général. Même si au final, l’idée derrière le métrage, à savoir la boite faisant vivre au personnage son propre enfer, n’est pas mauvaise, et est même raccord avec la saga, mais la manière de faire un peu moins. Passage par la case DTV oblige, on se rend compte que ce Hellraiser est également beaucoup plus soft que les précédents, se voulant plus psychologique. On passe de films d’horreur sérieux, matures et surtout très gore à du cinéma fantastique un peu plus grand public, malgré la présence de chaines, de sang, et des cénobites (qui font coucou vite fait). D’ailleurs, parlons en des cénobites, tous nouveaux même si l’un d’entre eux rappelle un des fameux monstres des deux premiers. Et bien ma foi, je ne les trouve pas ratés, je les trouve même plutôt pas mal. Sérieux, pas ridicules comme dans le 3, mais comme le reste du métrage, un peu trop propres. Bref oui, en terme de Hellraiser, le film déçoit, même s’il ne fait pas tout mal. Juste… il ne comprend pas forcément la mythologie.

Et à côté par contre, c’est déjà mieux. Certes l’image est un peu trop clean, fait un peu trop produit vidéo, mais Scott Derrickson a des idées, et les exploite. Certaines scènes ont de la gueule, on a des plans inattendus parfois, des filtres de couleurs donnant un certain style. Alors attention, ce n’est pas parfait, c’est bien trop clean, certaines scènes sont à la limite du nanar (la scène du cowboy, non mais oh), mais l’effort est louable. Encore une fois, ça ne fait pas Hellraiser, mais il y a des idées. Alternant le bon et le beaucoup moins bon, Hellraiser Inferno est également mitigé au niveau de son interprétation. Doug Bradley en arrière plan fait ce qu’il sait faire, et reste crédible (même si comme beaucoup, Doug déteste ce film). James Remar est plutôt bon également bien que secondaire, mais Craig Sheffer dans le rôle principal est inexpressif au possible, peu importe la situation. On me dira que c’est le rôle qui veut ça, et dans un sens, c’est vrai… Mais en prenant le film pour ce qu’il est, ou même en le prenant comme un simple film policier mâtiné de fantastique, et bien ça ne fonctionne pas trop mal. De toute façon, c’est la direction que va prendre la saga pendant 4 opus, donc il va bien falloir s’y faire. Hellraiser Inferno est facile à détester, dur à aimer, imparfait, boiteux, bancal, mais il délivre quelques bonnes scènes, a une mise en scène plutôt correcte, et même une plutôt bonne musique. Mais il se plante souvent dans son rattachement à la saga. Un film moyen donc, mais pas catastrophique, loin de là. L’opus suivant, Hellseeker, va suivre la même voie d’ailleurs, avec une narration similaire, une intrigue un peu trop similaire également, un rattachement maladroit à la saga, mais garde un certain capital sympathie. La suite par contre…

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques bonnes idées de mise en scène
♥ Les nouveaux cénobites plutôt pas mal
♥ Un film sérieux
⊗ Un film qui ne comprend pas la mythologie
⊗ La morale assez douteuse
⊗ Craig Sheffer, inexpressif
note8
Hellraiser Inferno nous plonge dans une nouvelle partie de la saga, celle du « on prend un script au pif et on rajoute Pinhead et la boite ». Pinhead se retrouve (trop) en arrière plan, le film est trop propre sur lui, ne comprend pas trop la mythologie, mais reste étonnement potable grâce à une technique pas si mauvaise et quelques bonnes scènes.



Titre : Hellraiser Inferno

Année : 2000
Durée :
1h39
Origine :
U.S.A.
Genre :
Fantastique
Réalisation : 
Scott Derrickson
Scénario : 
Paul Harris Boardman et Scott Derrickson
Avec :
Craig Sheffer, Nicholas Turturro, James Remar, Doug Bradley, Nicholas Sadler, Noelle Evans et Lindsay Taylor

 Hellraiser: Inferno (2000) on IMDb


Galerie d’images :

0 0 votes
Article Rating

Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
S’abonner
Notifier de
guest

2 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments