[Film] Guardians, de Sarik Andreasyan (2017)

L’Union Soviétique vient de tomber. La Russie sombre dans une guerre contre un ennemi surpuissant et aux pouvoirs mystérieux. Une organisation nommée « Patriot » mène des expériences sur des volontaires pour créer une équipe de super-héros capable de défaire le mal qui sévit dans le pays.


Avis de Cherycok :
Depuis quelques années, les Russes essaient de défier les Américains sur leur terrain de prédilection : le blockbuster. Interceptor, Viy 3D, Amiral, Citadelle, Coma, Attraction ou prochainement un Viking ayant battu dans son pays tous les records en salle, ils commencent à se faire nombreux et, malgré une qualité pas toujours au rendez-vous, bénéficient même pour certains d’une sortie discrète chez nous. Le dernier en date s’appelle Guardians et avait fait sensation sur la toile avec un extrait d’une scène d’action dans le désert où un personnage défouraillait ses assaillants en se téléportant de l’un à l’autre. Et on sent bien qu’avec ce film, nos amis russes ont directement voulu concurrencer Marvel et son Avengers en leur balançant à la gueule un sournois « Regardez les ricains, nous aussi on a une grosse paire de balls dans le slibard, nous aussi on sait faire du film de super héros bien badaaaass ! ». Oui, je suis certain que c’est pour ça que ce film a été conçu, parfaitement. Ce à quoi on pourrait parfaitement imaginer comme réponse de ces chers américains : « Vous avez encore du boulot les gars ! Retournez donc picoler de la vodka, ça vous évitera de dire des conneries plus grosses que les balls qu’on a dans le slibard ! ». Il faut dire ce qui est, Avengers n’était déjà pas très bon mais faisait au moins le job. Et n’y allons pas par quatre chemins, Guardians lui est particulièrement mauvais, se vautrant à de nombreuses reprises dans le nanar involontaire.

Mais commençons par le commencement. Qu’est-ce que c’est que ce scénario ? Mais c’est que c’est vachement original dîtes donc ! Ca ne serait pas un enfant de huit ans qui l’aurait écrit ? Non ? Ha… C’est à s’y méprendre pourtant. Ou alors, vous avez écrit ça sur un coin de table lors d’une soirée cuite, entre deux shots, en soulignant trois fois l’idée du « Hey Sergueï, à ‘ment donné, on va lui coller une énorme sulfateuse à l’homme ours, comme ça ça va être bien badaaaaaass !!! » « P’tain mais Nikolaï, tu sais que c’est carrément badaaaass ça !!! ». Oui, « Badaaass » semble avoir été mis en premier dans le cahier des charges.
Et puisque nous évoquons l’homme ours, dont l’animation et l’incrustation laissent à désirer une scène sur deux, faisons un tour rapidement des autres forces en présence. Nous avons donc le sage, capable de manipuler par la pensée tout ce qui est constitué de pierres, afin de se fabriquer des armes, des armes,… Badaaass ! Viens ensuite l’exotique de la bande, le fameux « ninja » qui se téléporte et découpe tout ce qui bouge dans de magnifiques effets ralentis bien pompeux… Badaaass ! Complète ce quatuor, l’atout charme, la demoiselle qui peut résister au froid, au chaud, devenir invisible, tout en exhibant ses formes parfaites… Bombaaassss… euh Badaaassss ! Et qui dit super héros dit super méchant ! Vous m’accorderez que chez Marvel, il y a des méchants bien ridicules (Loki par exemple, justement dans Avengers), et bien dans Guardians, on a décidé que d’entrée de jeu, on mettrait la barre très haut en termes de foirade totale. Ridicule donc, avec un charisme d’huitre, un look de série B de SF des années 80, avec un acteur qui a du mal à bouger la tête dans sa prothèse de cou en latex. Avouez que ça donne envie…

Pour couronner le tout, les personnages sont aussi creux qu’un participant des Chtis à Ouagadougou. En même temps, difficile de développer quoi que ce soit en 1h30 là où Marvel a mis plusieurs films avec son univers étendu. En résulte des moments ratés et, avouons-le, extrêmement chiants, où nos héros racontent un peu leur passé souvent douloureux, où on sent qu’on essaie de leur donner un peu de consistance. Tentative ratée avec des dialogues virant au nanar et permettant au film de se payer un bon gros ventre mou de 15/20 minutes, un comble pour un film d’action d’à peine 1h30 !
Et l’action dans tout ça hein ? Et les effets spéciaux ? Non parce que tu nous vends un truc style Avengers et pour le moment tu nous as parlé psychologie de personnages ! J’y viens j’y viens… Alors Guardians se veut impressionnant. Par moments il l’est. Et par moments il ne l’est pas.
Certaines scènes ont visuellement de la gueule, comme par exemple le fameux combat dans le désert de la scène qui avait fuité sur le net. Mais beaucoup d’autres ne sont pas toujours au niveau, la première apparition de l’homme ours par exemple qui a tendance à faire rire alors que ce n’était pas le but. On nous balance du ralenti stylisé à outrance sur des scènes fixes qui ne servent à rien si ce n’est à nous dire « Z’avez vu comment on se la pète ? » ; on essaie de mettre des plans classes mais faits avec des sabots tellement gros que ça devient tout de suite poseur (dans le mauvais sens du terme). Mais le pire de tout, surtout pour un film d’action, c’est la façon dont les scènes qui bougent sont mises en scène. Mais sans déconner les gars, qu’est-ce que c’est que ce montage de merde !?! Ce n’est pas parce que les ricains aiment bien le montage ultra cut qu’il faut aussi y adhérer. Le montage trop cut, c’est mal, rentrez-vous ça dans le crâne ! Et en plus ça pique les yeux ! C’est à la limite du crime contre le Cinéma, on va finir par frôler l’incident cinématographique ! Pire encore, on dirait par moment qu’il manque quelques secondes à des scènes. Vive les raccords hasardeux grâce à un montage à la mord-moi le nœud…

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques scènes réussies ⊗ Les personnages
⊗ Le scénario bidon
⊗ Le montage
⊗ Certains SFX
Guardians arrivera à faire sourire les amateurs de nanars, mais il penche objectivement bien plus du côté du bon gros navet. A voir entre potes avec des bières pour se marrer, mais il est clair que les Russes ne vont pas marquer les esprits en termes de blockbuster avec ce film…



Titre : Guardians / The Guardians / Zashchitniki
Année : 2017
Durée : 1h30
Origine : Russie
Genre : Vodkavengers
Réalisateur : Sarik Andreasyan
Scénario : Andrey Gavrilov

Acteurs : Anton Pampushnyy, Sanjar Madi, Sebastien Sisak, Alina Lanina, Stanislav Shirin, Valeriya Shkirando, Vyacheslav Razbegaev, Nikolay Shestak

 Zashchitniki (2017) on IMDb

















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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