[Film] Doctor Strange, de Scott Derrickson (2016)

Doctor Strange suit l’histoire du Docteur Stephen Strange, talentueux neurochirurgien qui, après un tragique accident de voiture, doit mettre son égo de côté et apprendre les secrets d’un monde caché de mysticisme et de dimensions alternatives. Basé à New York, dans le quartier de Greenwich Village, Doctor Strange doit jouer les intermédiaires entre le monde réel et ce qui se trouve au-delà, en utilisant un vaste éventail d’aptitudes métaphysiques et d’artefacts pour protéger le Marvel Cinematic Universe.


Avis de Iris :
Si l’on peut dire que j’attendais un film cette année, c’est bien de ce Doctor Strange qu’il faut parler. Annoncé depuis de longs et interminables mois, les infos qui nous parvenaient avaient de quoi tantôt nous faire bondir, tantôt nous faire peur. Le casting annoncé ne pouvait que nous promettre du lourd avec entre autres Benedict Cumberbatch (la série Sherlock, 12 years a slave, Imitation game), l’éblouissante Tilda Swinton (We need to talk about Kevin, Only lovers left alive, Le monde de Narnia) et Mads Mikkelsen (la série Hannibal, La chasse, Casino Royale). En contrepartie, ascenseur émotionnel oblige, l’annonce du réalisateur laissait place à un petit haussement de sourcils sceptique car de Scott Derrickson, difficile d’oublier le cinquième volet de la saga Hellraiser ou encore le Jour où la Terre s’arrêta… Le sachant de plus au scénar d’Urban Legend 2, une petite perle de sueur pouvait apparaitre. D’autant que côté du scénario, pas de quoi nous rassurer : The Dark Hour et Prometheus pour Jon Spaihts, Un coup de Tonnerre et Conan pour les deux autres… Mais rien ne pouvait venir me déstabiliser et me voilà embarquant mon réfractaire de chéri pour aller assister à la projection de cet ultime opus du MCU millésime 2016. Et c’était ? Eh bien il faut reconnaitre que si le film n’échappe pas aux travers du Marvel Cinematic Universe, il est un des meilleurs qu’il nous ait livré.

L’introduction d’un nouveau super héros dans l’univers Marvel déjà bien pourvu ne pouvait faire l’impasse sur une origin story. Doctor Strange nous présente donc son héros et son univers. Avec une fidélité rare au comics (rho oui, il s’agit encore de ça ;-)). Stephen Strange est un brillant neurochirurgien mais jouant tout de même avec la déontologie puisque ne choisissant ses patients que par ce que leurs cas apporteront à sa notoriété (et portemonnaie), il est cynique, égoïste, m’as-tu-vu… Bref tout pour plaire. Mais il est un homme fini après qu’à la suite d’un accident de voiture, ses mains handicapées ne lui permettent plus d’opérer. Il cherchera par tous les moyens à recouvrer l’usage de ses mains, et lorsque ne trouvant aucune solution auprès de la médecine et de la chirurgie traditionnelles, il se tournera vers des solutions plus… Mystiques. Donc nous suivons notre docteur au fin fond de l’Himalaya, et assisterons à sa formation aux arts magiques. Docteur Strange c’est en réalité le trait d’union entre Super Héros et mysticisme. Un trait d’union à la fois visuellement époustouflant et différent en termes d’ambiance de ce que Marvel nous offre à l’accoutumée.
Le mysticisme nous offre de grandes possibilités au niveau du visuel et les effets spéciaux sont sincèrement réussis autant qu’ils sont beaux. Les distorsions du temps et de l’espace nous balancent dans tous les sens et la réussite est totale. C’est visuellement très beau, de la dimension miroir aux trous sans fin avec l’inversion des axes, des perspectives, on défie les lois de la physique et de la gravité, bref tout est permis et sert à merveille le psychédélisme de notre héros. La mise en scène est excellente et la photographie, dirigée par Ben Davis (Les gardiens de la Galaxie, Avengers : l’ère d’Ultron et Kick-Ass) est franchement de toute beauté.

Origin story oblige, on pose l’univers et les lois qui le régissent de même que les forces en puissance. Là le casting fait très bien son travail et Benedict Cumberbatch nous prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent. Il est parfait en connard cynique et imbu de lui-même. Il est charismatique en magicien sauveur de la galaxie. Crédible donc si l’on puit dire. Le reste du casting est peut-être un peu moins bon finalement et je dois reconnaitre avec une pointe de regret une cruelle sous-utilisation du talent de Mads Mikkelsen qui nous livre un méchant quelque peu en deçà de son potentiel. Mais cela n’enlève rien à ses dons d’acteurs, simplement les méchants ne sont peut-être pas à l’honneur dans les productions Disney. Comme toute origin story le film va également souffrir d’un rythme parfois inégal, de quelques longueurs mais largement compensées par le côté visuel et l’incursion dans les dimensions magiques. Et l’on ne peut s’empêcher de voir dans tout ce grand spectacle les ancrages Nolaniens d’un Inception. La bande originale est aussi excellente : Michael Giacchino qui est déjà à l’œuvre pour Disney dans Zootopie, cars 2 mais également dans Star trek et que l’on retrouvera dans Rogue One nous offre une composition fidèle au thème en passant de Pink Floyd au jazz avec un final tout en clavecins, magie et égocentrisme obligent ! L’humour est lui aussi au rendez-vous mais moins clinquant que celui d’un Tony Stark et moins vulgos que celui de Dead Pool. Ici c’est la classe, cynique et aristocratique. Un petit côté humour anglais fort bien venu.

Les combats nous offrent des visuels et des chorégraphies intéressantes. Mais comme souvent chez Marvel, l’intensité peut parfois laisser place à l’illisibilité. Doctor Strange ne fait pas exception à la règle. Si la mise en scène reste correcte, il faut peut-être regretter un petit manque de personnalité dans le travail de Scott Derrickson qui ne laisse aucune empreinte. Peut-être est-ce la raison de ce choix par la production. Quoi qu’il en soit on se laisse porter et on attend avec impatience la suite qui, une fois l’univers et le personnage posés pourra nous offrir des luttes plus titanesques.
Certains regretteront en effet que le final ne fasse pas la part belle à un combat d’anthologie. Moi je n’y ai rien trouvé de gênant, pour une fois, on gagne aussi sur le fond, ce à quoi Marvel ne nous a guère habitués.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le visuel
♥ La BO
♥ La magie
♥ Benedict Cumberbatch
⊗ Un rythme inégal
⊗ Certains acteurs sous-exploités
⊗ Des méchants trop softs
Doctor Strange est un film qui tient ses promesses sur la forme incontestablement, sur la présentation d’un héro fidèle à la source, est un film qui nous met une claque visuelle sans toutefois se détacher des travers du MCU. A noter que nous attendons le troisième volet des Avengers où nous retrouverons enfin le docteur auquel les super héros font appel régulièrement pour contrer les ennemis usant de magie.



Titre : Doctor Strange
Année : 2016
Durée : 1h55
Origine : U.S.A
Genre : Psychédélique
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénario : Jon Spaihts, Thomas Dean Donnelly, Joshua Oppenheimer

Avec : Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor, Tilda Swinton, Rachel McAdams, Mads Mikkelsen, Scott Adkins, Amy Landecker, Benedict Wong

 Doctor Strange (2016) on IMDb














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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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