[Film] Darkroom, de Britt Napier (2013)

Michelle est en cure de désintoxication après avoir accidentellement tué trois de ses amis dans un terrible accident de voiture alors qu’elle conduisait sous influence. Après sa cure, elle prend un emploi recommandé par son conseiller mais se retrouve piégée dans un manoir avec une fratrie de psychotiques adeptes de la torture physique pour purger Michelle de ses péchés…


Avis de Cherycok :
Même s’il existe depuis bien des décennies, le torture porn est un genre qui a été popularisé chez le grand public au début des années 2000 par les sagas des Saw et Hostel. Ont suivi bon nombre de bobines essayant de surfer sur le genre avec plus ou moins de succès et d’originalité, sortant très souvent en DTV, et/ou restant inédits chez nous comme c’est le cas de ce Darkroom, premier film du réalisateur Britt Napier qui s’essaie donc au genre. Malheureusement sans réel succès… L’un des seuls intérêts de ce genre de films, ce sont leurs scènes chocs qu’on subit parfois, qui vous marquent par leur sadisme, leur coté gore, qui vous font souffrir pour les victimes, en détournant le regard,… Mais Darkroom est trop gentillet, tout en faisant preuve d’un manque d’originalité flagrant en alignant tous les clichés du genre…

La première partie du film va essayer de perdre le spectateur, avec un système de avant / après à base de flashbacks (cliché !), en dévoilant les informations de l’histoire dans le désordre, afin de le forcer à reconstituer lui-même l’histoire du film, telles des pièces d’un puzzle qu’il faudrait assembler. L’idée de départ peut sembler intéressante, mais lorsqu’elle n’est pas traitée correctement, ça devient vite un bourbier dans lequel le réalisateur s’enlise et duquel il va avoir un peu de mal à se dépatouiller. Il y parviendra avec l’arrivée de la deuxième partie du film, le jeu du chat et de la souris entre les agresseurs et leur victime. Britt Napier essaie de s’attarder sur ses personnages, sur la psychologie de la famille des bourreaux, l’impact de leur passé sur ce qu’ils sont devenus maintenant (cliché !), mais la sauce ne prend pas car ils sont au final assez plats, insipides, pas forcément bien interprétés par des acteurs pas réellement charismatiques, qui semblent forcer les traits de leurs personnages comme s’ils n’étaient pas à l’aise dans leur rôle. Pour le coup, on se fiche un peu de leur sort et il ne nait à aucun moment un semblant d’empathie, pas même envers le frère un peu attardé (cliché !) qui semble être le moins psychotique d’entre eux. Seule l’actrice principale sauve un peu les meubles sur ce point-là, Kaylee DeFer. Même si son jeu laisse parfois à désirer, il se dégage d’elle un petit quelque chose. Hors des canons de beauté actuels, pas de grosse poitrine, la voix cassée, pas la taille mannequin, elle dégage pourtant un truc qui la rend immédiatement superbe et qui fait qu’elle incarne le seul personnage du film pour lequel on ressentira un minimum d’intérêt.

L’ambiance d’un manoir poisseux, elle, n’est pas trop mal retranscrite, avec un incessant jeu d’ombres et de lumières, une musique omniprésente et qui accompagne bien le film. Les images sont volontairement ternes, sombres, afin de renforcer l’aspect craspec des décors, essentiellement des murs sales, délavés, rouillés, avec parfois de vieilles traces de sang. Mais tout ce travail est complètement tué par le côté vraiment trop gentillet du film. Pas de suspense, ça ne fait jamais peur, pas vraiment de gore hormis un ou deux cadavres mutilés en arrière plan, tout y est extrêmement soft à tel point qu’on se demande quel public était visé par le film… On a trois psychopathes qui adorent jouer avec des perceuses (cliché !), des cutters (cliché !), et autres outils divers et variés sans doute achetés au Bricorama du coin avant le tournage, et ils ne sont même pas capables de s’en servir correctement. On veut du crane percé, des carotides sectionnées, des ongles arrachés nous ! Pas un plan de dos où on ne voit rien !
Et je ne vous parle pas des innombrables facilités dont fait preuve le film… Alors soit les agresseurs sont des pitres et ne savent pas faire des nœuds pour attacher leurs victimes, soit notre héroïne est tellement douée pour se détacher qu’elle pourrait passer dans un numéro du Plus Grand Cabaret du Monde de Patrick Sebastien. Et comme d’habitude, les personnages ont toujours des réactions improbables (cliché !)… Je sais pas moi, mais vous êtes dans un grand manoir où un mec que vous ne connaissez ni d’Adam ni d’Eve vous demande de vous déshabiller pour faire des photos de mode, puis d’un coup tout le monde disparait… vous vous baladez à la recherche de quelqu’un et tombez sur une pièce dégueulasse, lugubre, où une télé passe une vidéo très étrange, avec une enveloppe où votre nom est écrit dessus, le tout avec des bruits très inquiétants et parfois du sang sur les murs, vous y rentrez vous ? Non, vous êtes normaux, vous vous barrez en courant. Bah non, elle, même pas peur, elle rentre… Et bim, capturée ! Bah oui grosse couille, si t’étais pas si conne !

LES PLUS LES MOINS
♥ L’ambiance ⊗ Un casting transparent
⊗ Originalité proche du néant
⊗ Bien trop soft
Torture-porn beaucoup trop soft, sorte de Saw ou Hostel pour bisounours, Darkroom est sauvé de la catastrophe cinématographique par une réalisation qui tient à peu près la route. Du haut de ses 1h19 générique de fin compris (et il dure 9 minutes !), il se laisse regarder sans trop de mal, mais risque de sortir de votre tête très rapidement.



Titre : Darkroom
Année : 2013
Durée : 1h19
Origine : U.S.A
Genre : Encéphalogramme de la grenouille
Réalisateur : Britt Napier
Scénario : Michaelbrent Collings

Acteurs : Kaylee DeFer, Elisabeth Röhm, HeléneYorke, BritneOldford, Christian Campbell, Nathalie Knepp, Tobias Segal, Bess Rous, Geneva Carr

 Darkroom (2013) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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