[Film] D.A.R.Y.L., de Simon Wincer (1985)


Daryl est le genre de garçon que tout le monde aimerait être et que toute maman rêverait d’avoir. Brillant à l’école, surdoué en sport, en informatique, Daryl est un enfant parfait… peut-être trop. Mais quel est son secret ? Pourquoi ne se souvient-il pas de son passé ? Et pourquoi, surtout, est-il programmé pour détruire ?


Avis de Paganizer :
Ah, les années 80… En bon quadra que je suis c’est une décennie qui, en matière de cinéma, a une résonance particulière pour moi ! Une époque où le cinéma savait être spontané, simple et frais et où il n’avait pas forcément besoin d’artifices en pagaille, d’effets numériques entassés les uns sur les autres, de fonds verts dans tous les coins ou d’images de synthèse en quantité industrielle pour exister ! (Non pas que je n’aime pas les effets numériques et les images de synthèse, mais je déplore leur utilisation souvent abusive dans le cinéma actuel !) Dans les 80’s, le cinéma était pensé en termes de plaisir et de divertissement bien plus qu’en termes de recettes et de marketing ! C’est bien simple, à cette époque, le 7ème art n’était pas encore considéré comme un simple produit de consommation comme c’est (trop) souvent le cas aujourd’hui… Si on regarde bien, bon nombre de films de cette période ont plutôt bien vieilli et n’ont rien perdu de leur magie, ce qui fait qu’ils passent encore très bien, même aujourd’hui au 21e siècle. D’ailleurs, ces dernières années, on a vu débarquer plusieurs remakes de films estampillés années 80 (Robocop, Total Recall, Ghostbusters, Le Choc des Titans…), des remakes qui ne se montrent que trop rarement à la hauteur de leurs glorieux ainés !

Parmi les œuvres marquantes de cette décennie 80, on trouve entre-autres « D.A.R.Y.L » dont je vais parler ici. Si j’ai voulu, pour ma seconde critique, écrire sur ce film, c’est parce qu’il revêt une importance particulière dans mon parcours de cinéphile ! C’est en effet avec D.A.R.Y.L que j’ai fait mes premiers pas dans la science-fiction au cinéma. C’est un peu mon baptème du genre ! Du haut de mes douze ans, j’étais émerveillé par le spectacle qui s’offrait à mes yeux encore novices en matière de S.F.
Pensez donc, l’histoire d’un enfant androïde, à peine plus vieux que moi et capable de prouesses comme bidouiller un distributeur automatique de billets ou piloter un avion furtif « Lockheed SR-71 Blackbird » à mach 3… Que du bonheur ! Je voulais être comme lui et… Mais je m’égare… Revenons à la critique.
C’est en 1985 que l’australien Simon Wincer (Harlequin, Sauvez Willy, Le Fantôme du Bengale, …) réalise ce film de science-fiction pour la Paramount, presqu’entièrement porté par l’interprétation du jeune Barrett Oliver, enfant star s’il en fut, qui s’était fait remarquer l’année précédente dans le mémorable « Neverending Story » de Wolfgang Petersen (« L’Histoire sans Fin » en France). Il est d’ailleurs intéressant de noter que les films à tendance fantastique du début des années 80 avaient souvent pour héros des enfants (Les Goonies, Explorers, Flight of the Navigator, …), « E.T » ayant quelque part initié le phénomène en 1982, on comprend que la Paramount s’y engouffre également avec ce D.A.R.Y.L scénarisé par David Ambrose, Allan Scott et Jeffrey Ellis.
Comme je le disais un peu plus haut, Barrett Oliver incarne donc le rôle principal avec beaucoup de conviction et se révèle impeccable et très crédible en lointain cousin de Pinocchio devenu ici un robot qui se découvre des sentiments humains. Le film anticipe donc de plusieurs années le thème abordé par Steven Spielberg dans « A.I ».

Pour le rôle de D.A.R.Y.L (« Data. Analyzing. Robot. Youth. Lifeform » ou en français « Developpement. Adolescent. Robotoïd. Yttrium. Lazerisé »), le sympathique Barrett Oliver, avec son visage poupon, incarne donc un androïde d’apparence adolescente. Abandonné par son concepteur, il va découvrir une vie qu’il ne connait pas, et n’ayant apparemment aucun souvenir de ses origines ou de son passé, va se retrouver confronté à un secret qui le concerne directement, une affaire impliquant l’armée et même le Gouvernement.
Immédiatement, on repense au classique de 1983 « War Games » de John Badham, dans lequel l’armée prend également l’apparence d’une menace publique terrifiante, douteuse et corrompue. Pourtant, plutôt que de s’orienter vers la science-fiction tous azimuts, Simon Wincer choisit ici de baser son récit sur un juste équilibre entre comédie bon-enfant et thriller à suspens. Cela nous amène malheureusement quelques scènes un peu trop « sucrées », voire larmoyantes. Mais rassurez-vous, ces scènes sont contrebalancées par de l’action plutôt bien torchée et un certain suspens assez savamment entretenu (cascades en voiture, poursuites et même vol en avion furtif). Simon Wincer donne vie au personnage de Daryl un peu comme à un Pinocchio version « High-Tech » et fait en sorte que son film soit suffisamment rythmé et moderne dans son propos mais sans perdre de vue son côté plutôt grand public. En effet, le film ne s’aventure jamais dans des situations compliquées, des intrigues multiples ou dans la violence.

Alors oui, on pourra reprocher au métrage de n’approfondir aucun élément de réflexion théorique et de rester léger dans son traitement psychologique, ou encore trouver certains éléments moralisateurs un peu désuets… Mais cela n’empêche en rien la magie d’opérer pleinement et de nous embarquer totalement ! Pour peu que l’on adhère au genre, le film se suit sans déplaisir. On suit Daryl qui découvre la vie en vrai, montre des aptitudes incroyables aux jeux-vidéo, maitrise les techniques de Base-ball, se montre serviable et sait même créditer de plusieurs milliers de dollars un compte bancaire débiteur, en quelques manipulations ! Ça aide d’être un androïde !
La réalisation est simple mais efficace et vivante, le rythme général convient parfaitement à ce genre de métrage, et en dehors de quelques facilités et incohérences, Simon Wincer rend une copie plus qu’honnête. L’aventure est séduisante ! Les acteurs se montrent impliqués et appliqués, et l’on s’attache sans problème à eux et au personnage de Daryl que l’interprétation de Barrett Oliver rend éminemment sympathique et touchant. Le casting dans son ensemble se montre à la hauteur et fait correctement son boulot.
Le film est également saupoudré d’un humour assez frais et plutôt bien dosé, un peu à la manière des productions Amblin. A ce niveau, on trouve donc une ambiance proche de celle de E.T ou encore de films comme les Goonies. La bande originale est assez typique de l’époque et colle bien au métrage. Le thème principal est, à ce titre, un classique du genre et a tendance à rester dans la tête.

LES PLUS LES MOINS
♥ Indémodable (Nostalgique pour les + de 30 ans)
♥ Scènes d’action sympathiques
♥ L’interprétation de Barrett Oliver
♥ Pas d’effets spéciaux inutilement complexes
⊗ Ultra-classique
⊗ Quelques facilités et incohérences
⊗ Certaines scènes un peu sucrées et larmoyantes
Pour peu que l’on entre dans le film sans s’attendre à une histoire complexe et particulièrement élaborée, D.A.R.Y.L, bien qu’inégal, se déguste comme une œuvre ultra-classique, mélange d’humour, de drame et de thriller militaire sans artifices (mais diablement efficace), qui plaira aux jeunes spectateurs, mais aussi aux moins jeunes les plus ouverts. Un classique, voire un film culte pour les plus de 30 ans qui esquisseront sûrement un petit sourire nostalgique, surtout lors de la fameuse scène où Daryl explose le high-score d’un célébrissime jeu de Formule 1… sur ATARI !



Titre : D.A.R.Y.L.
Année : 1985
Durée : 1h40
Origine : U.S.A / Angleterre
Genre : Science-fiction / Aventure / Drame
Réalisateur : Simon Wincer
Scénario : David Ambrose, Allan Scott, Jeffrey Ellis

Acteurs : Barrett Oliver, Mary-Beth Hurt, Michael McKean, Ron Frazier, Kathryn Walker, Josef Sommer, Colleen Camp, Steve Ryan, David Wohl

 D.A.R.Y.L. (1985) on IMDb










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Auteur : Paganizer

Cinéphage boulimique, fan de cinéma authentique avec une appétence particulière pour les pellicules différentes voire singulières. A tendance à fuir le cinéma fast-food grand public trop formaté. Également doté d'un penchant naturel pour les mauvais films sympathiques et les nanars décomplexés et fendards.
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