[Film] Chevalier, de Brian Helgeland (2001)


En Europe, au XIVe siècle, William Thatcher est un modeste écuyer qui a un don inné pour l’équitation et les combats de joute, un talent qu’il décide d’exploiter après la mort de son maître Sir Hector. Mais ne concourt pas qui veut dans les tournois, il faut être un noble. Il prend alors une fausse identité, celle de Sir Ulrich von Lichtenstein et part sur les routes de France et de Grande-Bretagne avec ses compagnons Roland et Wat. En chemin, William rencontre Geoffrey Chaucer, un écrivain errant qui lui fabrique de fausses lettres de noblesse. Ces documents falsifiés lui permettent de participer aux tournois disputés par les plus grands chevaliers.
En peu de temps, il se fait remarquer par son agilité et multiplie les victoires. Il attire également l’attention de la belle Jocelyn et, malheureusement, du redoutable comte Adhemar. Ce dernier est jaloux de son succès et compte bien y mettre un terme.


Avis de Iris :
Nous sommes en automne 2001 et le public attend le très annoncé Seigneur des anneaux dont le premier volet sortira le 19 décembre de cette année-là. Dans l’impatience des grandes sagas d’heroïc fantasy, un petit film surfant sur la vague médiéviste va pointer le bout de son nez avec à l’affiche de parfaits inconnus pour l’époque mais dont aujourd’hui personne n’ignore la carrière. Aux commandes un certain Brian Helgeland réalisateur de Payback en 1999 mais scénariste entre autre de l’excellent L.A. Confidential (1997). Depuis 2001 tout ce petit monde a bien grandi et si Chevalier A Knight’s Tale ne fait pas toujours l’unanimité, il s’est taillé pour quelques-uns une petite réputation de film culte.

Soyons très clairs d’entrée de jeu, si la véracité historique vous est chère et si les anachronismes vous défrisent, Chevalier n’est clairement pas un film fait pour vous. Car de véracité il n’y en a guère et d’anachronismes des millions. C’est le parti pris. Ici pas de place pour les érudits du XIVème siècle dépourvus d’humour. Et ce n’est pas cet aspect historique du film qui a fait son succès et sa réussite. Pas plus que ce fut le cas pour le Sacré Graal des Monthy Python ou le Sacré Robin des bois de Mel Brooks. On est clairement ici dans un feel good movie surfant entre la comédie, la romance et un chouia d’action. Le scénario est simple : William / Heath Ledger (qui avant de surpasser le Dark knight fut donc le bright knight… ok je sors) simple écuyer décide d’endosser l’armure de son défunt maître pour participer à la joute à laquelle ils se rendaient et empocher la récompense qui leur permettra de se nourrir quelques jours. Il va être épaulé par Wat / Alan Tudyk (Tucker & Dale fightent le mal, 42) obsessionnel de la ripaille et de Roland / Mark Addy (The Full Monty, Robin des Bois 2010, Game of Thrones). En chemin ils vont rencontrer Geoffrey / Paul Bettany (Une homme d’exception, Avengers, Captain America) un poète fauché et accroc au jeu. Après un entrainement rapide, il remportera le combat à l’épée et cette victoire va les entrainer dans la spirale des tournois de joute armés de fausses lettres de noblesse et de l’armure qu’une femme forgeron, Kate / Laura Fraser accepte de lui créer pour défier ses confères masculins. Cette petite bande va porter William tout comme elle porte le film. Car c’est avant tout à son casting que Chevalier doit une grande partie de son succès, à des dialogues savoureux et des punchlines drôlissimes. Les tirades de Geoffrey sont excellentes et bien écrites. Celles de Wat ne sont pas en reste. Les affres de la vie aux côtés d’un joueur qui ne peut s’empêcher de parier mettront également un peu de sel dans tout ça.
Mais évidemment William and co ne feront pas qu’enchainer les victoires à la joute pour le seul plaisir des tournois, une femme se cache derrière tout ceci et Jocelyn/ Shannyn Sossamon (Petits suicides entre amis, The End of love) sera celle dont William va tomber éperdument amoureux et qu’il cherchera par tous les moyens à impressionner ou à satisfaire selon les codes, pour le coup assez respectés, de l’amour courtois du Moyen-Âge. Bien entendu il faut également un méchant, ce méchant c’est le Comte Adhemar / Rufus Sewell (Dark city, Hamlet, Les Pilliers de la Terre) à la fois un rival à la joute et un rival en amour, en bref l’homme à battre et à abattre. Et la rivalité entre les deux hommes sera omniprésente tout au long du film.

Brian Helgeland va donc se servir de ce point de départ pour s’emparer de tous les clichés du Moyen-Âge (la pauvreté, la fierté, la guerre, la noblesse, …) et les triturer à la sauce moderne. Il va placer des anachronismes assumés et des situations cocasses un peu partout sans être pour autant lourdingues. Tant les looks des personnages que leur phrasé sont profondément contemporains. Le tout souligné par une écriture soignée et une bande son rock’n roll absolument décalée et élément comique à elle seule, balançant du Queen, David Bowie, Eric Clapton ou encore AC/DC. Et ce décalage n’est pas sans rappeler le travail de Mel Brooks dans Sacré Robin des bois sans en avoir la lourdeur. Il faut souligner que le jeu du regretté Heath Ledger est excellent et qu’il s’en approprie tous les registres. La photographie est soignée et les scènes de combat et de joute sont assez réalistes. C’est ici que Brian Helgeland laisse sa place, lors des scènes de joute, à Allan Graf (cascadeur et Directeur de la seconde équipe) qui filmera ces scènes réalisées par une trentaine de cascadeurs dans des conditions réelles de joute (oui bon sauf les lances, aucun cascadeur n’a été malmené pendant le tournage). Pas de place donc ici pour de supposés CGI et c’est un très bon choix. Car de la scène de joute on va en avoir, plusieurs, beaucoup, vraiment beaucoup, trop ?
C’est peut-être un des bémols du film : avec 2h12 dans sa version courte et 2h24 dans sa version longue, Chevalier traîne parfois en longueur et aurait sans doute pu être écourté. Mais c’est surtout la redondance des joutes qui va alourdir cette impression et donner cet aspect un peu répétitif au métrage et c’est un poil dommage. Mais au final, lorsqu’un fils de couvreur rêve de changer son étoile, après tout pourquoi pas juste se contenter de vivre un peu ce rêve-là ? Et le film nous y emmène très bien. En rendant ses personnages attachants dès le début, on les accompagne volontiers, y compris lors des flashbacks qui donnent une note plus sensible au film. Les ficelles sont connues et on s’attend à ce qui va se passer à chaque instant. Mais c’est fait avec une telle fraicheur et une telle implication des acteurs que c’est tout à fait prenant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ Les dialogues
♥ Les joutes
⊗ Un peu long
Sans être un chef d’œuvre absolu, Chevalier / A Knight’s tale est un film drôle, beau, décalé, un film émouvant parfois, bref un film qui fait du bien. C’est un peu la victoire de l’anachronisme rock n’roll sur les clichés des films d’époque. Une parodie entre Sacré Graal et Robin des Bois. Pop !



Titre : Chevalier / A Knight’s Tale
Année : 2001
Durée : 2h12
Origine : U.S.A
Genre : Rock to knight
Réalisateur : Brian Helgeland
Scénario : Brian Helgeland

Acteurs : Heath Ledger, Mark Addy, Rufus Sewell, Paul Bettany, Alan Tudyk, Laura Fraser, Bérénice Bejo, Shannyn Sossamon, James Purefoy

 Chevalier (2001) on IMDb














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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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