[Film] Arizona Junior, de Joel et Ethan Coen (1987)

Hi, impénitent cambrioleur de supermarchés, passe beaucoup de temps dans la prison de Tempe en Arizona. Il y rencontre un jour Ed, charmante femme policier, dont il tombe éperdument amoureux. Terminé les braquages, il se marie et part pour l’usine qui ressemble somme toute à la prison. Hi et Ed voudraient un enfant mais Ed est stérile. Or, un jour des quintuplés font la une de la presse locale. Hi et Ed décident d’en voler un. Sur cinq, cela ne se verra pas trop…


Avis de Cherycok :
Les films de Joel et Ethan Coen ont tous une saveur très particulière qui fait qu’on les reconnait immédiatement, dès les premières minutes, dès les premières secondes. Il y a toujours quelque chose de complètement barré dans leurs films, même les plus sérieux, que ce soit les personnages, l’univers, la musique, ou tout ça à la fois, et certains ont immédiatement obtenus leur statut de film culte chez bon nombre de spectateurs. Fargo, The Big Lebowsky, No Country for Old Men, Barton Fink, on pourrait qualifier leur carrière de haut de gamme dans le gros brouhaha du petit milieu hollywoodien. Même leurs films les plus « faibles » (Ladykillers, Avé César !, Intolérable Cruauté) restent toujours agréables à regarder. Arizona Junior, leur deuxième film, fait partie de ces films « mineurs » qui jonchent leur maintenant longue mais pas si prolifique filmographie. Mais « mineurs » ne signifie pas pour autant mauvais, bien au contraire !

Arizona Junior, c’est l’histoire d’un braqueur amateur récidiviste, Hi, qui s’amourache d’une jolie policière, Ed, qui le prend en photo avant chaque incarcération pour les besoin du dossier. Les deux tourtereaux finissent par se mettre ensemble, et c’est le bonheur le plus absolu. Hi s’éloigne de son passé afin de mener une vie paisible, et Ed se met à espérer d’un enfant. Mais la chance n’est pas avec eux, tous deux sont stériles. Vient l’idée de l’adoption, mais avec le passé de braqueur de Hi, il ne faut pas trop y compter. C’est alors que les informations annoncent que la femme de l’homme le plus riche de la ville vient d’accoucher des quintuplés. Très rapidement, une idée germe dans la petite tête de notre couple : Et si ils volaient un des cinq bébés… Car la vie est injuste, certains n’arrivent pas à en avoir alors que d’autres en ont cinq d’un coup ! Pendant ce temps, deux des anciens codétenus de Hi s’évadent de prison avec la ferme intention de venir squatter chez ce dernier… C’est avec ce postulat de départ déjà bien barré que les frères Coen vont nous pondre un film rempli de scènes bien folles, portées par des personnages hauts en couleurs, interprétés par des acteurs en freestyle. Mais en freestyle dans le bon sens du terme, entendez par là qu’ils semblent s’amuser comme des petits fous, et que leur bonne humeur est tout bonnement communicative. Nicolas Cage (Volte Face, Les Ailes de l’Enfer, Kick Ass), arborant une coiffure improbable, nous pond des têtes pas possibles, avec son personnage incapable de gérer ses potes et rapidement dépassé par les évènements. Holly Hunter (Une vie Moins Ordinaire, La Leçon de Piano, Crash) est elle aussi excellente, tantôt hystérique, tantôt tout en retenue, menant à la baguette son adolescent de mari. John Goodman, un habitué des prod Coen, forme avec William Forsythe à la fois classique et improbable, classique dans le sens où on a un duo façon buddy movie (mais ici en seconds rôles), et improbable car, à l’instar des autres personnages du film, ils ont eux aussi en quelque sorte oublié de grandir et réagissent souvent comme des gamins.

En fait, c’est tout le film qui tourne autour de la naissance, de l’enfance et de l’adolescence. Parce que oui, Arizona Junior n’est pas un simple film sur les aventures rocambolesques d’un bébé qui va passer de mains en mains en étant au centre de toutes les attentions (une récompense sera donnée à celui qui le ramènera). Outre le bébé, tous les personnages sont en quelques sortes des enfants. Nicolas Cage donc, comme dit précédemment, qui tient plus de l’ado prépubère qui ne peut pas s’empêcher de faire des bêtises. Holly Hunter, sa chérie, mais qui au final tient plus le rôle de la maman en le remettant de manière générale à sa place et en lui dictant le bon comportement qu’il devrait avoir (selon elle). John Goodman et William Forsythe, eux aussi deux adultes qui ne semblent réellement pas avoir vraiment évolué depuis leur tendre enfance. La scène où ces derniers sortent de terre après avoir creusé un tunnel pour s’évader de prison semble d’ailleurs faire référence à un accouchement dans la manière dont c’est mis en scène. Mais le personnage de Randall ‘Tex’ Cobb’ (Ace Ventura, Golden Child) pourrait lui aussi s’apparenter à un cauchemar bien enfantin, ce biker semblant venir des enfers, sale, méchant, avec sa moto laissant une trainée de feu sur la route, et qui fait dans la recherche d’enfants. En poussant le truc encore plus loin, on pourrait même penser que, en tant que deuxième film des frères Coen, Arizona Junior est en quelques sortes le stade « bébé » de la filmographie des frangins.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le duo Nicolas Cage / Holly Hunter
♥ Les personnages secondaires
♥ Très fun
⊗ Certains moments un peu too much
Mise en scène énergique, acteurs à fond dans leur rôle, bonne humeur communicative, sens du burlesque, Arizona Junior n’est certainement pas le meilleur film des frères Coen, mais il n’en reste pas moins un excellent divertissement qui passe tout seul. A voir.



Titre : Arizona Junior / Raising Arizona
Année : 1987
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Bébé jacking
Réalisateur : Joel Coen, Ethan Coen
Scénario : Joel Coen, Ethan Coen

Acteurs : Nicolas Cage, Holly Hunter, Trey Wilson, John Goodman, William Forsythe, Sam McMurray, Frances McDormand, Randall ‘Tex’ Cobb, M. Emmet Walsh, Warren Keith

 Arizona Junior (1987) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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