[Dossier] 2000 – 2009 : Une décennie de cinéma hongkongais

Changement de décennie oblige, HKmania va revenir durant tout le mois de janvier sur les œuvres emblématiques (plus ou moins recommandables) qui ont inondé l’Asie ces 10 dernières années. Nous nous focaliserons sur les principaux pays producteurs d’œuvres cinématographiques : Hong Kong, l’Inde, la Thaïlande, la Corée du Sud et le Japon.

Quoi de plus logique que de commencer par le cinéma de Hong Kong qui est à l’origine du site HKmania. En effet, ce sont les grands films d’action issus de l’ex-colonie britannique qui ont permis, il y a maintenant 10 ans, l’émergence du site transformé depuis peu en blog.

Après les années 70 distinguées par la suprématie des grands studios (la Shaw Brothers et la Golden Harvest), les années 80 symbolisées par les grands films d’action et ses cascadeurs emblématiques (de Jackie Chan à Sammo Hung) et les années 90 avec l’affirmation de grands réalisateurs (Wong Kar-Wai, Tsui Hark, John Woo), les années 2000 seront marquées par l’incertitude. Entre temps, un énorme événement a semé le doute parmi les grands réalisateurs : la rétrocession de Hong Kong à la Chine continentale en 1997. Entre les appréhensions liées aux libertés artistiques et la menace grandissante du piratage à l’échelle industrielle, les plus grands réalisateurs ont alors décidé de plier bagages vers l’eldorado hollywoodien. John Woo, Tsui Hark, Jackie Chan, Kirk Wong ou encore Ringo Lam quittent Hong Kong pour tenter l’aventure américaine. Riches d’expériences plus ou moins désastreuses (Volte Face ou In Hell résument les rares réussites), il faudra attendre la deuxième partie des années 2000 pour les voir, petit à petit, retrouver l’ex-colonie. Entre temps, la donne a changé. La Chine continentale est désormais devenue le plus important investisseur concernant les films tournés à Hong Kong … pour le meilleur et pour le pire. Quelques rares superproductions tirent leur épingle du jeu, mais globalement le cinéma de Hong Kong a perdu de sa spécificité culturelle et de ses propres codes cinématographiques. Aujourd’hui, le cinéma de Hong Kong n’est que l’ombre de lui-même. Il est devenu une composante du cinéma chinois commercial lisse et aseptisé. Heureusement, certains réalisateurs réaniment temporairement la flamme. Herman Yau ose toujours botter le cul à l’establishment (Gong Tau), Benny Chan renoue avec un cinéma d’action téméraire et spectaculaire (Divergence, Invisible Target) et Soi Cheang reste le dernier réalisateur énervé et « on fire » (Love Battlefield, Dog Bite Dog). Et dans tout ce bordel, Johnnie To est sans doute le grand gagnant de cette nouvelle hiérarchie parmi les réalisateurs influents. Sa recette : un dosage millimétré entre cinéma commercial, cinéma de genre et cinéma d’auteur avec son immense empire qu’est la Milkyway (Running on Karma, PTU, Exiled et Election 1 & 2).

Malgré un état des lieux quelque peu déprimant, les années 2000 ont été marquées par de nombreuses bonnes surprises. En effet, quelques grands films ont émerveillé les pupilles des spectateurs amoureux des films produits dans la grande métropole asiatique. Tsui Hark fait le grand écart entre le meilleur (Time and Tide, Legend of Zu) et le pire (Black Mask 2, Missing). Le duo Donnie Yen / Wilson Yip renoue avec le polar urbain de la belle époque (SPL, Flashpoint). Stephen Chow règne sans partage sur la comédie cantonaise (Shaolin Soccer, Kung Fu Hustle, CJ17). Andrew Lau, après avoir introduit les effets spéciaux modernes à Hong Kong (The Stormriders en 1998) impose sa monumentale trilogie Infernal Affair qui a même offert un Oscar (mérité ?) à Martin Scorcese (sic). Reste les cas Jet Li et Jackie Chan qui vieillissent parfois bien (New Police Story, Fearless), parfois très mal (The Myth, The Forbidden Kingdom).

HKmania vous propose donc deux filmographies sélectives afin de se rappeler le meilleur mais aussi le pire de la période 2000 – 2009 à Hong Kong. Il est important de préciser que certains films pourraient très bien trouver leur place à la fois dans l’une ou l’autre des listes (Black Mask 2 à titre d’exemple). Elles réunissent tout de même des films qui ont marqué ces 10 dernières années et, au final, on peut quand même se dire que cette période n’a pas été avare en pépites.

Les films qui ont marqué la décennie :

Durian Durian – Fruit Chan (2000)
In the Mood for Love – Wong Kar-Wai (2000)
Time on Tide – Tsui Hark (2000)
Shaolin Soccer – Stephen Chow (2001)
Legend of Zu – Tsui Hark (2001)
Infernal Affair – Andrew Lau & Alan Mak (2002)
PTU – Johnnie To (2003)
Love Battlefield – Soi Cheang (2004)
SPL – Wilson Yip & Donnie Yen (2005)
Dog Bite Dog – Soi Cheang (2006)

Les films que l’on aurait aimé ne pas voir :

Fist Power – Aman Chang (2000)
Gen Y Cop – Benny Chan (2000)
Hong Kong Pie – Nip Chi Fung (2000)
The Avenging Fist – Andrew Lau & Corey Yuen (2001)
Black Mask 2 – Tsui Hark (2001)
The Wesley’s Mysterious File – Andrew Lau (2002)
The Twins Effect – Dante Lam (2003)
Initial D
– Andrew Lau & Alan Mak (2005)
The Eye 10
– Danny & Oxyde Pang (2005)
Forest of Death – Danny Pang (2007)


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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