[Dossier] 2000 – 2009 : Une décennie de cinéma en Inde

S’il y a bien un terme qui nuit à la représentativité des cinémas indiens au-delà des frontières du pays, c’est bien le qualificatif de bollywood. En effet, cette contraction amusante, hautement péjorative à l’origine, a été introduite par un journaliste local pour désigner les films produits à Bombay. La vulgarisation de ce qualificatif a malheureusement eu un effet réducteur et il tend aujourd’hui à être assimilé uniquement au genre très populaire qu’est le cinéma massala (mélange de comédie et de romance). Vous l’aurez compris, le terme bollywood occulte totalement la diversité des productions cinématographiques du pays alors que ce pays-continent assure un savoir faire incroyable quelque soit le registre dans lequel ses cinéastes évoluent. En Inde, il est comme partout ailleurs possible de voir des films d’actions, des films d’auteurs, des films de genre, des documentaires, de l’animation, etc … Le massala caricature et stigmatise donc tout un pan du cinéma local et bien nombreux sont ceux qui ignorent qu’en Inde, on produit autre chose que de la romance sirupeuse et pudibonde à base de comédie inexportable et de séquences musicales exotiques. L’Inde est un pays très hétérogène au niveau de sa population, de ses religions, de ses langues, de ses coutumes, de son folklore … et de ses cinémas. Il affiche donc de très grosses singularités régionales. Pour illustrer cette incroyable diversité, il n’y a qu’à voir à quoi ressemble un film en hindi produit dans le Nord du pays (les industries de Bombay) par rapport à un film tamoul produit dans le Sud (Madras pour simplifier)… Les codes cinématographiques sont très différents et chaque région propose et impose ses immenses stars locales avec, parfois, une perméabilité étonnante d’une région à l’autre.

Durant la décennie 2000 – 2010, ces différences régionales se sont étoffées. Le cinéma du Nord tend à se rapprocher des standards occidentaux via une réalisation plus lissée adoptant (pour ses films commerciaux) un montage plus clipesque, une action matrixienne et un star système ultra people. Le cinéma du Sud, quant à lui, va continuer à ignorer le marché international en conservant ses propres codes, à persévérer dans ses thématiques et continuer à entretenir la moustache et la bedaine de ses acteurs. Même si Amitabh Bachchan ou encore Superstar Rajnikant sont toujours aussi omniprésents, la relève est cette fois-ci assurée par une nouvelle garde d’acteurs ultra-bankables et parfois bodybuildés. Les Shahrukh Khan, Aamir Khan, Hrithik Roshan et autres Aishwarya Rai ont, durant cette décennie, vampirisé les castings des hits qui ont cartonné le box-office. Cependant, la popularité des acteurs indiens, vue de l’étranger, est largement déformée par l’omniprésence des médias qui popularisent préférentiellement le cinéma du Nord en langue hindie. Curieusement, les films tamouls et télugus (les régions les plus dynamiques cinématographiquement parlant) ne s’exportent pas et sortent, le plus souvent, dans l’anonymat le plus total en dehors des frontières du pays.

HKmania vous propose donc, pour illustrer cette décennie riche en pépites, un panorama regroupant à la fois des films commerciaux, des films de genre, des films d’auteur sans pour autant limiter sa sélection aux films tournés en langue hindie. Sans doute que ces courtes listes ne regroupent pas les meilleurs films, rappelons que le pays en produit près d’un millier chaque année et qu’il serait prétentieux d’en faire un classement, mais elles ont le mérite de revenir sur les films qui ont été importants pour les spectateurs du pays ainsi que les N.R.I. (Non-resident Indian) dispersés sur tous les continents du globe. Une première liste reviendra sur les massalas les plus populaires et la deuxième liste sur le cinéma de genre produit dans le pays, aussi bien au Nord qu’au Sud. La suite est une affaire de goût et surtout … de couleurs !

Massalas et cinéma commercial :
Kabhi Khushi Kabhie Gham
– Karan Johar (2001)
Lagaan
Ashutosh Gowariker (2001)
Devdas
– Sanjay Leela Bhansali (2002)
Main Hoon Na
Farah Khan (2004)
Swades
– Ashutosh Gowariker (2004)
Bunty Aur Babli
Shaad Ali Sahgal (2004)
Black
– Sanjay Leela Bhansali (2004)
Chak De !
India – Shimit Amin (2007)
Taare Zameen Par
Aamir Khan (2007)
Om
Shanti Om – Farah Khan (2007)

Cinéma de genre :
Company
Ram Gopal Varma (2002)
Bhoot
Ram Gopal Varma (2003)
Calcutta
Mail – sudhir Mishra (2003)
Ab Tak Chhappan
– Shimit Amin (2004)
My Wife’s Murder
– Jijy Philip (2005)
1971
Amrit Sagar (2005)
Johnny Gaddaar
– Sriram Raghavan (2007)
Ghajini
– A.R.Muragadoss (2008)
Sarkar Raj
Ram Gopal Varma (2008)
Thiruvannamalai
Perarasu (2008)

Rétrospectives précédentes :

Hong kong

Thaïlande

Japon


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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